Isabelle VALFORT

Turbulent silence

sculptures et peintures

du 30 mars au 24 avril 2016 du mercredi au dimanche de 15h à 19h

vernissage le jeudi 31 mars à 18h

présence de l'artiste les samedis 2, 9 et 23 avril et les dimanches 3, 10 et 24 avril

Atelier d'écriture en écho avec l'exposition le jeudi 21 avril de 18h30 à 20h

atelier animé par Elisabeth Chabuel (participation aux frais de 10 euros; inscription par courriel)

© Isabelle Valfort

© Isabelle Valfort

"Isabelle Valfort installe à Alter Art une série de peintures et sculptures, exposition qu’elle a intitulée « Turbulent silence », en référence au livre d’André Brink, situé en Afrique du Sud, lors de l’apartheid. L’artiste a d’ailleurs travaillé sur certaines pages de ce roman où où noirs et métis sont dans l'attente d’un droit à être. Mais cette source d’inspiration est largement dépassée, voire déplacée par l’artiste.

Apparaissent toute une série de personnages aux formes brutes, à la fois semblables et très différenciés, clairement sexués; « Premiers pas, d’une foule en devenir » écrit l’artiste. Terre, résine, ciment, paille s’entremêlent, créant une matière première comme inachevée : des êtres énigmatiques, passagers clandestins, emblèmes d’une gestation ? Isabelle Valfort appellent ces sculptures des « Primitives ». Les bras sont collés au corps, les yeux et la bouche arrondis – saisis dans un temps suspendu, comme dans le silence du cri de leur incarnation.

Sont présentées pour la première fois des peintures, de grands lais de papier, ou de plus petits formats ; des formes, dont les tons bruns et sépia jouent avec le blanc, mêlent bitume de Judée, terre de Cassel, pigments ; se dessinent des portes ou des fenêtres, peut-être ; il en naît une poétique d’ombre et de lumière, vers on ne sait quelle ouverture, quel inconnu, quel voyage immobile.

Des pigments enfin sont inclus dans des cercles de cire, posés sur une toile bitumée : apparaissent des paysages floutés, propres à la rêverie; on les imagine fixés juste avant leur mise au point, juste avant que le trait ne se fige, juste avant que l’image ne soit nette.

Bachelard disait dans La poétique de l’espace : « Alors que de rêveries il faudrait analyser sous cette simple mention : La Porte ! La porte, c'est tout un cosmos de l'Entr'ouvert. »

Et on comprend mieux ce qui touche ici, au-delà de la beauté des œuvres, face à ces personnages et ces peintures : une sensation de ce qui peut être, dans l’étonnement ou la surprise, ce moment entr’ouvert entre deux temps, ce présent issu d’un passé - en attente de quel avenir ?

Dans l’image que nous regardons, comme le dit Georges Didi-Hubermann, présent, passé, avenir ne cessent de se reconfigurer. Énigme de la vie, énigme et force vive de l’art.

Ce moment d’énigme, éphémère, où l’être, dans la confusion du silence, ne sait où il en est, cet arrêt devant le temps, au seuil du passage, et de toute création - voilà, me semble-t-il, ce que figure de façon saisissante et profondément humaine, l’œuvre d’Isabelle Valfort."

Janine Desmazières - Mars 2016

A propos de l'exposition :

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