Gaspard Pitiot – Portrait de l’artiste en Jivaro

"... Les têtes des personnages de Gaspard Pitiot peuvent être enveloppées de bandelettes, scarifiées et mal cicatrisées, mutilées, déformées par les rides ou par la douleur, écorchées, comprimées par des liens absurdes, bloquées par une minerve invisible, bouffies, énucléées, en voie de décomposition, envahies de vers ou de tentacules… Leurs yeux, déjà décavés, sont menacés par des lames de verre. Leurs dents ont la fragilité du cristal et leurs larmes la solidité du plomb.

Thérapie ? Peut-être, mais pas dans le sens où on l’entend habituellement. Elle serait plutôt à considérer comme une étape nécessaire de l’évolution de l’être vers la plénitude de son essence, ce passage obligé que Michel Foucault évoque : « De l’homme à l’homme vrai, le chemin passe par l’homme fou. » Mais que l’on ne se méprenne pas : l’homme fou n’est pas celui auquel on pense. Ce n’est pas le dessinateur, mais chacun des membres de notre triste humanité prise dans le vertige de sa quête désespérée – et désespérante – de repères et d’idéaux.

…À moins que le rituel de Gaspard Pitiot ne soit qu’une résurgence, à rebours, de celui des Indiens réducteurs de têtes, visant à s’approprier la force de l’âme de la victime et à obtenir une protection contre la vengeance du camp adverse… Reste à savoir qui est l’ennemi et quel est le camp adverse… J’ai ma petite idée, mais c’est à chacun de nous d’apporter sa réponse sur la base de sa propre expérience douloureuse de la Vie… "

extrait de " Gaspard Pitiot – Portrait de l’artiste en Jivaro" - Louis Doucet, août 2014

voir ici (en descendant dans la page) l'article complet dans la lettre d'information de Cynorrhodon - décembre 2014.

© Gaspard Pitiot

© Gaspard Pitiot