Frédéric ZENOU

Les retrouvailles

peintures

du 3 au 28 juin 2015 du mercredi au dimanche de 15 à 19h

vernissage le jeudi 4 juin à 18h

présence de l'artiste tous les samedis et dimanches

© Frédéric Zenou

© Frédéric Zenou

« Je préfère peindre des yeux humains plutôt que des cathédrales, si majestueuses et si imposantes soient-elles - l’âme d’un être humain- même les yeux d’un pitoyable gueux ou d’une fille du trottoir sont plus intéressants selon moi. »

Anvers 19 décembre 1885

Vincent Van Gogh Lettres à son frère Théo

"Frédéric Zenou peint des portraits. Il cherche des images d’archives, des visages pour la plupart inconnus, hommes et femmes de la première moitié du XXème siècle, images de l’histoire européenne, celle des invisibles. Il les peint à l’huile; la matière, épaisse dans les premières œuvres, tend à s’affiner, se lisser. Les tableaux sont de grand format, pour la plupart, presque à taille humaine, comme si l’artiste voulait mettre ces figures à notre hauteur, les saisir à bras le corps ; il nous donne ainsi à voir leur intériorité.

Visages ou bustes se détachent en gros plan sur un fond sombre, dans des tons de brun, gris, vert, jaune - et le visage s’impose en clair sur l’obscur du vide autour, absorbe la lumière; le modèle rayonne.

Ce qui frappe d’abord, c’est le regard, incroyablement présent, qui ne nous lâche pas, et nous interroge et nous touche, d’une beauté évidente. Et puis les traces du temps sur la surface de la peau, saisissante de véracité.

Toute une palette d’émotions, c’est ce que nous offre le peintre en représentant ceux que l’histoire a effacés. A sa manière il poursuit un travail de mémoire, qui n’a rien de passéiste car chaque portrait affirme une énergie, une sensualité de la peau, de la bouche, un être au monde vibrant dans l’instant.

Quand Frédéric Zenou représente des animaux, il donne encore une place à ceux qu’on ne prend pas la peine de regarder, et s’attache à chercher les masses, les creux et bosses des corps : chiens de chasse, sanglier, étrange veau à deux têtes issu d’un hasard génétique… Espèce animale et espèce humaine se répondent, le sauvage est dans la chair de l’homme, l’animal témoigne de l’humain sans son déguisement social et ses artifices psychologiques.

Marguerite Duras disait : « L’histoire, je la tire des autres, moi je ne suis qu’une chambre d’écho. » L’œuvre de Frédéric Zenou s’inscrit dans cette veine, bien loin d’être seulement mimétique ou vraisemblable. Partir de photographies d’archives est un choix qui implique de se passer de la présence corporelle du modèle, posant dans l’atelier si familier.

Au plus près de la photographie, le peintre utilise la couleur pour révéler l’image, lui donner corps dans l’espace de la toile - faire, de ce qui a été, ce qui est là encore maintenant.

Inscrire une aussi généreuse vitalité dans ses représentations est un beau présent pour le spectateur."

Janine Desmazières - avril 2015