Audrey BUZZOLINI

"ricordi"

textiles, photographies

photographe invité Alexis MACHET

exposition du 4 au 28 octobre 2018 du mercredi au dimanche de 15h à 19h

vernissage le jeudi 4 octobre à 18h

présence de l'artiste tous les samedis et dimanches sauf les 20 et 21 octobre

© Audrey Buzzolini

Mon ombre et moi © Audrey Buzzolini

Le gant © Audrey Buzzolini

"L'exposition « ricordi » (souvenirs) est née il y a quelques mois d'un projet de Audrey Buzzolini qui consisterait en une passerelle, un lien, entre le quartier Saint Laurent de Grenoble, lieu d'ancrage historique de la communauté italienne, les origines de sa propre famille, la proximité de la rivière, évocatrice de voyages, de flux d'humanité, créatrices de rives qui séparent, de ponts qui réunissent. Dans ces « ricordi », Naples ne pouvait-elle pas être aussi immanquablement présente?

« ricordi », façonné de mémoires anciennes, est une pérégrination au cœur d'un intime universel.

Quatre verbes définissent sa démarche artistique, accueillir, remercier, transformer, partager.

L'universalité du vivre, ce sont quatre saisons, l'enfance, l'adolescence, la maturité, la vieillesse avec ses rites, ses vêtements, ses photographies, destinés en fin de saison après usage au rebut, à l'oubli, à l'extinction. Audrey recueille, rassemble, ravive et dans ce dernier verbe surgit la couleur du vécu. Ce temps de l'accueil, de la récolte, est le premier temps, celui des mémoires ravivées.

Ces textures, ces photographies, ouvrent le cœur au vécu de ceux qui précédent, et le corps aux empreintes mémorielles de proches et d'inconnus. L'amour est là, tapi au creux de l'accueil du temps second, celui du remerciement.

Avec ces souvenirs du passé, éparpillés puis recomposés, Audrey retisse des liens, traduit le mouvement des déplacements de la vie. Il s'agit de remonter le temps, de comprendre comment cela s'organise, de conjuguer présent et transmission, et par l'agencement renouveler des périples d'effectuer un retour aux racines, d'être l'héritier d'une longue lignée non pour en nourrir les névroses, mais la symbolique, et d'accepter d'être un simple passage de témoin dans une éternelle perpétuation des histoires.

Audrey en façonne la restitution par des dessins, des mots cousus, des couleurs associées, des tissus détournés et réappropriés, métamorphose du troisième temps, la transformation.

Le quatrième temps est d'évidence, celui du partage, celui de l'invitation au voyage intérieur, une invitation à s'approprier l'élan vital qui anime les créations et qui nous insufflent la conscience de nos origines."

Jean-Luc Didier (septembre 2018)

"Tout a pris forme dans un récent voyage à Naples et n’a plus cessé de vagabonder dans mon esprit, pourquoi ce pays est-il dans mon coeur comme si il s’agissait du mien…

Il s’agit là de discuter avec mon identité, fouiller la liste complexe des ingrédients qui la compose et au passage tirer sur le fil des ancêtres, pour se re-connaître.

Relire, réinventer, rêver, puis restituer pour soi, pour tous les récits de l’avant dans ce présent qui discute toujours aussi intensément identités et appartenances.

Retourner en arrière emplie de curiosité, avec passion découvrir et fantasmer les visages et les histoires. De la poésie naît une autre réalité.

Mes souches, mes racines, courent jusqu’en Italie, voyagent en Amérique du sud, s’établissent en France. Pour les détails, je brode dans tous les sens…

Les visages connus ou inconnus me parlent d’histoires connues et inconnues, de l’intemporel aussi, de ce qui a disparu ou peut-être pas.

Puis il y a, sous-jacent la religion, la foi, les valeurs, l’éducation….ça n’est pas si simple les ancêtres, la famille.

Ce vaste dialogue mène à se reconquérir, riche de tout mon arbre j’offre cette lecture sensible de mes origines et du présent qui se répondent."

Audrey Buzzolini

"Hétéroclite? Soit, on peut à la limite consentir au terme. A la condition expresse de ne pas considérer ce rassemblement d'œuvres comme un bric à brac, une unité de bric et de broc. Si l'adjectif fait signe vers sa racine grecque (altérité), on se doit de prendre ici en compte une certaine orientation ou logique. Peut-être celle de l'inconscient.

Nul n'est censé ignorer que ce bloc hétérogène, constitué de filaments de mémoire ancienne ou récente, régit notre vie, diurne ou nocturne, au point de rendre notre sommeil infernal. Je ne connais pas, souvent sujet à ce type de trouble, d'issue gracieuse, sauf à revisiter cette pénibilité. Il convient de repasser sur ce qui nous hante, à savoir passer à nouveau les troupes en revue.

Même si l'on ne découvre point un « original » qui serait la « cause » essentielle, du moins peut-on d'une certaine manière l'apprivoiser. C'est, me semble-t-il, ce que laisse à entendre et à voir les œuvres d'Audrey Buzzolini ici exposées.

Tout dans ces broderies, agrémentées de photographies anciennes - qui nous portent à penser que nous ne sommes plus les contemporains de notre naissance - nous laisse envisager que des fils, des filiations, sont toujours au principe de notre éphémère existence.

Peut-être notre unique médiation pour mettre à distance l'angoisse d'une disparition réside-t-elle dans l'effort de repasser, revisiter pourquoi pas ressasser, ces traces à nous léguées pour conquérir enfin une part plaisante d'éternité."

Laurent Henrichs (octobre 2018)

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