La rose des sables
Baroques en diable les plis dunes striées
de ride en ride le drap
écru se froisse là gisant
les corps lovés de rire en rire
la bouche se fissure
commissure fendue les lèvres ouvrant
sur un abîme léger d’écho en écho
le sable dévale
stagne
en crêtes infimes
et cela se répète
sans fin aucune
la puissance
s’annule
puis les corps
à se palper
s’enlacer
s’expulsent
d’eux-
mêmes le souffle recouvre
ses droits un spasme
succédant
à l’autre
une ridule
raye
le désert meuble
sur l’infini des grains
du papier
encre ou carbone
imitent
irritent
le jeu entier des possibles
résonance pénible de la
redondance
épuisant
l’iris
ils vibrent indociles
surlignés
d’une bribe de mascara
les cœurs palpitent
crèvent
le rideau
des cils
du beige au noir
le graphite décline ses teintes
arômes de nuit et de tabac
et cela renie la moindre volute
la toile le drap
restent rêches sécheresse
toujours
sécheresse
nul puits
où tremper
ces atomes de silice l’oued
demeure
aride
nul nuage striant le bleu
démesuré
nulle annonce d’ondée
crépitante
forant la dune
de maigres failles seule
l’arène
seul
le souffle seul
le piquant morne du quartz
ou du gypse
seuls les corps aimants
mus par leur maigre
magnétique seule
se reflète la houle
creux après creux
mimique d’amour
bavant l’écume d’un jour déployé
à grand peine
c’est
presque la fin presque
là
gît
l’unique
en brisures reliefs de massacres
de tailles vives
en cette matière
nulle
poussière
en ce tissu
écheveau
étique
pugilat de mots
qui s’achève
terminus
texte
Juin 2014, Laurent Henrichs.
Cécile Beaupère, Série « Les Beaux Draps », © photo Stéphane Bertrand
Jean-Louis Roux, Série « Ciel de lit et lit de fleuve », 2012,
photographie, 100 x 70 cm ; © photo Jean-Louis Roux
Cécile Beaupère, Série « Les Beaux Draps », © photo Stéphane Bertrand