Bernard FONTANEL

36 vues du Mont Aiguille

photographies

du 8 janvier au 3 février 2013 du mardi au dimanche de 15h à 19 h

Vernissage le jeudi 10 janvier à 18h

© Bernard Fontanel

Bernard Fontanel expose ses photographies du Mont Aiguille. Il rend ainsi un double hommage : hommage au territoire de son enfance (le Trièves et à sa montagne mythique) et hommage au peintre et graveur japonais Hokusai Katsushika et ses Trente-Six Vues du mont Fuji.

© Bernard Fontanel

© Bernard Fontanel

d’ici

"Le Mont Aiguille, “mons inaccessibilis”, jardin suspendu inatteignable, paradis perdu, éperon où l’arche de Noé serait venu s’échouer, pierre sacrée marquant le centre de la terre – ce lieu des légendes se dresse à l’écart de la muraille du Vercors et offre de multiples profils à qui sait se déplacer pour le regarder. C’est ce que fait Bernard Fontanel dont le regard capte la géométrie de l’espace avec une précision et une finesse remarquable.

A l’écoute, refusant de “mitrailler”, il patiente, postant son appareil argentique, un 6X6 , aussi longtemps que nécessaire pour fixer un paysage ou un personnage qui s’imposera.

Bernard Fontanel a déjà témoigné de ce terroir dans 3 expositions différentes. L’une, intitulée “dernière mouture”, était consacrée au dernier meunier du moulin des bords du Fanjaret ; “instants de ruche” était une approche du métier d’apiculteur ; et les “photographies donnant sur la voie” étaient prises sur la ligne de chemin de fer Grenoble–Veynes.

A chaque fois, le photographe rend compte de l’expérience d’un monde rural, de son aura.

“ Qu’est-ce au juste que l’aura ? Une trame singulière d’espace et de temps : l’unique apparition d’un lointain, si proche soit-il. Un jour d’été, en plein midi, suivre du regard la ligne d’une chaîne de montagnes à l’horizon ou d’une branche qui jette son ombre sur le spectateur, jusqu’à ce que l’instant ou l’heure ait part à leur manifestation – c’est respirer l’aura de ces montagnes, de cette branche.”écrivait Walter Benjamin en 1931 ( Petite histoire de la photographie, Œuvre II, Folio Essais p 311).

Par la manière dont il cadre diagonales et obliques, le photographe fait en sorte que l’image nous regarde. Le spectateur sent bien que cette image est faite pour qu’il y ait sa place, pour que son regard construise ou reconstruise sa propre vue du Mont Aiguille, au delà des clichés et des cartes postales, regard décalé, hors du temps de la consommation, regard nostalgique parfois mais jamais passéiste."

et d’ailleurs

"Quand on lui parle de ses photographies et de la palette de tons qui vont du blanc net au noir d’encre, en passant par la gamme des gris, Bernard Fontanel fait référence à une technique japonaise de peinture, le sumi-e.

Les mois qu’il a passés au Japon lui ont donné la capacité de voir ce qu’un regard occidental a bien du mal à observer : une frange de nuage frôlant le Mont Aiguille, qui semble soudain en apesanteur, fragile beauté du monde et de ses métamorphoses, poésie de l’espace et de l’instant.

Trente-six vues à ne pas manquer, avant que Bernard Fontanel ne se dirige vers des horizons australiens démesurément ouverts, ceux d’une ferme amie, aux milliers de moutons."

Janine Lautier Desmazières - décembre 2012