AGNE

Entre terre et ciel

photographies

Vernissage le jeudi 27 avril à 18h

Exposition du 26 avril au 21 mai du mercredi au dimanche de 15h à 19h

présence de l'artiste tous les samedis et dimanche

Atelier d'écriture en écho avec l'exposition le mardi 16 mai à 18h

atelier animé par Elisabeth Chabuel (participation aux frais de 10 euros; inscription par courriel)

© Agne

© Agne

Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?

- J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… les merveilleux nuages !

Baudelaire

Entre terre et ciel : une invitation au voyage

Agne, photographe, dit qu’il fait des images ; imago en latin c’est aussi le songe, et c’est vers une rêverie entre terre et ciel qu’il nous entraîne : série de nuages en noir et blanc, série de brumes où des couleurs sourdes viennent apporter leurs touches. Toutes les photographies ont été prises sur son territoire, dans un rayon de quelques kilomètres autour du col de l’Arzelier ; elles ont été tirées, contre-collées, encadrées dans son studio du col.

Pierre Bonnard disait qu’il était devenu paysagiste, non parce qu’il peignait des paysages mais parce qu’il avait l’âme d’un paysagiste ; s’étant « débarrassé du pittoresque, de l’esthétique et autres conventions », il s’entrainait à voir : de même le marcheur-paysagiste Agne arpente la montagne, il s’arrête, il regarde, il engrange un ressenti ; puis il choisit et le projet naît.

Face à ces mouvements légers de brumes ou nuages, le photographe explore évidemment toujours et encore l’empreinte du temps et de l’éphémère sur notre monde. Routes, montagnes, forêts se révèlent, la brume séparant les plans dans la lumière chaude de la naissance du jour ; l’éclairage rasant vient teinter de pointes colorées tel espace, brouillant l’espace voisin ; et notre regard s’arrête dans la contemplation d’un instant unique. Parfois un rapace ou un avion raie le ciel, un pylône ou un toit émerge de la combe - signes du vivant.

Dans la dynamique de l’accrochage, les formats variés des images structurent l’espace, saisissant celui qui regarde dans un environnement et son mystère.

Un livre tiré à 25 exemplaires numérotés et contenant un tirage original viendra compléter l’exposition.

Le développement en séries expose la métamorphose d’un coin de terre ou de ciel, en rythme la magie de façon quasi musicale.

C’est une méditation, calme, lente et silencieuse sur la dialectique de l’air et de la terre, ce que Bachelard appelait l’imagination ou la sublimation matérielle, toute d’expansion et d’intimité, en devenir de légèreté. Xie Lin Yung, marcheur du cinquième siècle, écrivait :

« La forêt, les ravins s’habillent de couleur sombre, Les nuages du couchant rejoints par la brume du sud. (…)

Pensées déliées. Le poids léger des choses au dehors.

Esprit dénué. Rien de mal n’est. »1

Dans la contemplation du paysage, toutes les époques se rencontrent.

Agne nous propose une expérience du sensible, ouaté de temps et d’espace, une poésie épurée, entre présence et absence, une vibration, une émergence, à saisir au plus près.

Janine Desmazières (avril 2017)

1. « Ecrit sur le lac, en revenant de la maison de montagne de la falaise de pierre », Xie Ling Yun, traduction Tcheng Ting Ming et Claude Roy