Légendes
Salle Olivier Messiaen - 1 rue du Vieux Temple - 38000 Grenoble
du 5 au 28 octobre 2011 les mercredi, jeudi et vendredi de 13h30 à 17h30 - Présence de l'artiste tous les mercredis
Légendes expliquées aux enfants...
"Si je veux expliquer ce que je peins, je dois trouver les mots que je parlais quand je n’existais pas encore dans ce monde, quand j’étais libre. Aujourd’hui je ne le suis plus, et ces mots n’existent plus. Mais les pieds libres et légers de ces vers -car c’était de la poésie bien sûr- ont laissé des empreintes sur le sable où ils jouaient autrefois. Sous ma peau dorment un rivage, un ciel, des nuages...
Quand je suis à l’atelier
tout d’abord
je dessine une fenêtre
sur ma peau
c’est facile
une simple fenêtre que je n’ai qu’à ouvrir
avant de l’enjamber
et de disparaître
un jeu d’enfant
là
il faut faire attention à bien se perdre
mais ce n’est pas difficile non plus
sur de vieux panneaux de bois
plantés tout de travers
des légendes indiquent
les directions à ne pas prendre
le soleil se met à briller
la pluie s’en mêle
un grand silence de musique
ma tête s’envole
une promenade dans le sable
sans trop déranger les traces
c’est un exercice d’équilibriste
je ris et j’ai un peu peur à la fois
les traces sont très faibles
la mer les arrondit et les dissout une à une
je les écoute très fort
c’est comme si elles me demandaient d’être sauvées
et moi qui n’ai qu’un seau pour les ramasser
je suis désemparé au moment de choisir lesquelles emporter avec moi
ça c’est déjà plus difficile
mes mains tremblent
un geste malheureux
et doucement s’effacent les signes
il faut dire aussi que cet océan qui roule et se fracasse là
tout près de moi
ça me déséquilibre
j’ai peur de me noyer
tiens la lune et les étoiles m’appellent
Charlie c’est le soir
c’est fou
dans ce pays
les heures sont des secondes
il faut rentrer
nettoyer mes outils
quitter l’atelier
c’est le plus difficile
et dormir aussi.
De ces voyages, de ces transports il ne reste souvent pas grand chose. Je déchire beaucoup de mes peintures, qui me font trop penser à des gros mots. Mais il m’arrive aussi, parfois longtemps après l’avoir peinte, de découvrir sur ma toile le fragile écho de ces empreintes, de ces traces de mots anciens et beaux, et libres. Je ne sais pas ce qu’ils veulent dire, je ne sais pas s’ils pleurent ou bien s’ils chantent . Mais je me réjouis de les partager avec vous, et pour cela je vais faire confiance à votre oreille, vos yeux et votre cœur."
septembre 2005 - Charles Georgel
"Légende" 65x92 © Charles Georgel
photo Étienne Eymard-Duvernay
"Légende" 195x114 © Charles Georgel
photo Étienne Eymard-Duvernay
"Légende" 114x146 © Charles Georgel
photo Étienne Eymard-Duvernay