John et Yves BERGER

Alter-Art et l'Espace Vallès de Saint-Martin d'Hères présentent simultanément deux expositions de dessins de John Berger et de peintures de son fils Yves Berger. Ces expositions sont réalisées en partenariat avec la Maison de la poésie Rhône-Alpes, dans le cadre du Printemps du Livre de Grenoble, à l'occasion de la sortie du numéro hors-série de la revue Bacchanales "La louche et autres poèmes" (recueils de poèmes de John Berger illustrés par Yves Berger).

Né à Londres en 1926, John Berger vit dans un petit hameau en Haute-Savoie depuis les années 70. Il a reçu le Booker Prize en 1972 pour G. et le Prix Rhône-Alpes du Livre pour D’Ici Là en 2007. Écrivain « engagé », au sens où ses livres sont en prise directe avec le réel et donnent la réplique à leur époque, il estime que l’art et la poésie doivent faire entendre la voix des plus vulnérables et réparer ce que l’Histoire met à mal. Sa trilogie sur la disparition du monde paysan (La Cocadrille, Joue-moi quelque chose, Flamme et Lilas) est traduite dans le monde entier. Ancien peintre, il a écrit de nombreux ouvrages sur l’art. Il est l’auteur d’une quarantaine de livres dont Un métier idéal, histoire d’un médecin de campagne (1967), Voir le voir (1972), Le septième homme (1976), livre sur les travailleurs émigrés en Europe, Au regard du regard (1980), Fidèle au rendez-vous (1991), King (1999), La forme d’une poche (2003), D’ici là (2006), De A à X (2009). Il est aussi scénariste et collabore régulièrement à de grands journaux internationaux (Le Monde diplomatique, The Guardian, El País…).

"Je suis incapable de te dire ce que l’art accomplit et comment il le fait, mais je sais que souvent, l’art a jugé les juges, plaidé la vengeance aux innocents et montré à la postérité les souffrances passées, et que, lorsqu’il l’a fait, il a échappé à l’oubli. Je sais aussi (...) que cet art circule parfois dans le peuple comme une rumeur et une légende...

C’est vrai, la peinture et les beaux-arts occupent un terrain élitiste... Mais un terrain qui s’élargit tout de même. Les expositions sont de plus en plus visitées ces dernières années. Au point que l’on se plaint de ne plus pouvoir accéder aux tableaux... C’est quand même extraordinaire : maintenant, ils regardent ! Je crois que le fait de jeter un pont entre l’esprit humain et la “nature” au sens large est un besoin très profond de l’homme. Et la peinture répond à ce besoin, parce qu’elle implique de regarder vraiment, de questionner avec les yeux ce que l’on a devant soi."

John Berger (extraits d’une interview dans Périphéries, octobre 1999)

Né en 1976 en Haute-Savoie, Yves Berger vit et travaille dans le hameau où il a grandi. Diplômé de l’école des Beaux-Arts de Genève, il a reçu le prix Stravinsky de la peinture en 2001. Il a exposé au CRP Nord Pas-de-Calais de Douchey-les -Mines, à la Maison Folie de Wazemmes à Lille et dans plusieurs galeries en Suisse, en Allemagne ou en Irlande. Certains de ses desseins et textes ont paru dans les revues Critical quaterly et Art on paper (New York), Brick (Toronto), Conjonctures (Montréal), Revue d’études palestiniennes (Paris), Janus (Bruxelles). Il a également publié deux recueils de poèmes : Destinez-moi la Palestine (Dar al-feel Publications, Jérusalem, 2008) et Mes deux béquilles (Editions Art&Fiction, Lausanne, 2009) et co-dirigé avec John Berger l’édition du livre collectif Le blaireau et le roi (Editions Héros-Limite, Genève, 2010).

"Selon Deleuze le plus terrifiant pour un peintre relève moins de la toile vierge que des images du passé. Il doit combattre et briser les clichés pour que puisse éclore quelque chose de nouveau, allant au delà du cliché. Sous certains aspects, ce présences revêtent aussi cette forme. Elles sont autant un support qu'un adversaire à vaincre. On voit l'atelier comme un lieu où l'artiste lutte avec lui-même. Mais c'est d'abord avec le monde qu'il est en lutte...

En règle générale c'est très dur de savoir quand une toile est terminée. Pour moi elle l'est quand elle commence à me regarder, quand je commence à ressentir la présence d'un visage qui m'observe. On peut éprouver cela devant le visage d'une personne, mais aussi devant une fleur, une montagne ou une toile de Rotkho."

Yves Berger (extraits d'un dialogue entre Emmanuel Favre, John et Yves Berger)

• A propos du roman "De A à X" par Janine Desmazières