Bruno LERAY

Impressions Atelier

peintures et gravures

Exposition du 1er au 26 avril 2015 du mercredi au dimanche de 15h à 19h

Vernissage le jeudi 2 avril à 18h

présence de l'artiste tous les samedis et dimanches

IA6 La fraise 50x70cm © Bruno Leray

Tarlatane 1 © Bruno Leray

Eau-forte sur papier ancien collé 10x15cm © Bruno Leray

« Vermeer est un peintre fin qui peint flou. Curieux. »

Daniel Arasse Histoires de peintures

"Bruno Leray peint ; il a la force de chercher la matière de la peinture et de s’inscrire dans une histoire de l’art dont il est nourri depuis longtemps; il peint des portraits, un genre ancien, outil de témoignage ou d’introspection autour de la figure humaine. Il appelle ses tableaux des IA, pour Impression Atelier, en hommage à Monet, en se référant également au processus de son travail dans son atelier aux grands vitrages dépolis.

Bruno Leray peint des portraits (tête, parfois épaules, buste) tels qu’ils pourraient apparaître derrière la camera obscura d’une vitre dépolie ou sous les tarlatanes qu’il utilise pour essuyer l’encre de ses gravures. Visages voilés, flous, aux tonalités sourdes, parfois vives, sur fond mouvant.

Aucun décor, pas d’échappatoire, la sensation d’entrer dans l’aquarium de l’atelier. L’artiste travaille - glacis, medium, couleurs, variations de la lumière - et fait vibrer la carnation de la chair, la suggestion d’un regard qui se détourne ou nous fait face.

Figura, en latin, c’est aussi une manière d’être - être au monde dans ce bref interstice qui nous est offert, ce peu de chair et de temps qui nous dit quoi de l’ici, de l’ailleurs et de l’au-delà, de notre rapport à nous-mêmes et aux autres, notre espérance ou notre inquiétude ; c’est ce qui nous regarde dans ces tableaux : figures de l’humanité, figures sous le voile, sur la toile - lares de notre foyer ou étrangers à notre monde, figures présentes ou défuntes, devant le temps.

En évoquant un tableau où le visage de l’homme est dissimulé derrière une pomme, Magritte disait que « toute chose ne saurait exister sans son mystère ». L’énigme des tableaux de Bruno Leray nous trouble. C’est au delà du beau ; on ressent ce que Barthes appelait le punctum en parlant d’une photographie : « ce hasard qui, en elle, me point (mais aussi me meurtrit, me poigne). » Alors nous recevons l’image « en plein visage ». Pas seulement parce que c’est un portrait. Si un jour Bruno Leray peint des objets ou la végétation d’un jardin japonais, il est à parier que ses images nous interrogeront de la même manière sur leur (notre) vie intérieure et nous donneront autant de joie profonde.

Des gravures seront aussi exposées. On ne sait si le trait dessine un être minéral ou végétal ou suggère un visage, sur filigrane de papier ancien, mots à l’encre pâle. Du gris au noir au rouge rubis, les variations des tirages effacent ou font apparaître l’élégance de l’image.

Seront présentés enfin les ouvrages d’Organic Editions, collection Petite Bulle d’Univers, créés par un collectif dont Bruno Leray fait partie. Chaque numéro confie un thème à un(e) artiste qui propose ensuite ce qu’il a créé à un(e) écrivain(e), avant que le graphiste Philippe Aureille, souvent assisté de Bruno Leray, ne mette en page le numéro. Des livres remarquables par leur forme graphique, par la force des textes et des images, par l’intégration étonnante de l’œuvre graphique au texte."

Janine Desmazières (février 2015)