Ines BARQUERO
œuvres récentes
exposition du 10 janvier au 3 février 2019 du mercredi au dimanche de 15h à 19h
vernissage le jeudi 10 janvier à 18h
présence de l’artiste tous les vendredis, samedis et dimanches
atelier d'écriture en écho avec l'exposition le mardi 15 janvier à 18h
atelier animé par Elisabeth Chabuel (participation aux frais de 10 euros; inscription par courriel)
Ines Barquero est une artiste d’origine croato chilienne. Elle a passé son enfance entre la Colombie, le Mexique et Cuba ; ballottée par l’exil de son père, le poète Efrain Barquero.
Elle étudie d’abord l’Archéologie et l’histoire des arts à Aix en Provence et à Paris, puis se consacre depuis une vingtaine d’années exclusivement aux arts plastiques. Elle vit et travaille à Grenoble.
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Blanc plâtre
terre bois
encre
sortent informes de la matière
ne cessent de se dessaisir entre mes mains
j’étreins
à même le sol
une forme apparaît
disparaît
mue
je recommence de rien
je tourne autour
quelque chose prend forme
des liens tissent
la matière se déballe
doucement
violemment
pendent
sur les murs
se recroquevillent
se figent
se délitent
fragments
le blanc vide
le bois émerge
le Kapok gonfle
dégaine
une forme hésite
se reforme
quelque chose s’écrit, s’effrite, s’évite
quelque chose prend forme
je prends un bout
je cherche en vain
une poussière
un chemin
en rentrant dans l’atelier
une ombre sur le papier
jaillissent les flottants
entre l’encre
des ventres s’évident
la peau s’ouvre
lacérée
des fils au plafond
abysses d’entrailles
insoupçonnées s’organisent
du chaos
silhouettes de la nuit
entre terre
vide blanc de la matière
Ines Barquero
© Ines Barquero
© Ines Barquero
© Ines Barquero
© Ines Barquero
© Ines Barquero
L'intention des œuvres récentes de Ines Barquero est de mettre au jour les formes primordiales.
A l'aide de bois flottés, de plâtre, de bas nylon, de kapok, l'artiste façonne des concrétions de corps. Une représentation codifiée n'est pas son propos, en revanche l'urgence de l'émergence l'est.
Elle cherche une articulation entre imprégnation et immersion qui puisse constituer un artefact du corps. Elle réalise des mues multiples de ses pieds, de ses mains qui, diversement assemblées, accumulées, en expriment l'affect. La mise en relation des formes anthropomorphes qu'elle crée avec les différents matériaux traduit le langage du naissant. Si leur conjugaison multiple, en alignement, en emboitement, transforme leur lecture, le dénominateur commun reste qu'elles sont dans le questionnement, celui de l'hésitation à naître. Ces coques dont la métamorphose demeure en suspens interrogent le devenir de la matière sans ossature, ni ingrate, ni difforme, juste en éclosion. Pour ces formes anthropomorphes sans visage, des cinq sens organiques n'existe que le tactile pour l'accueil au monde.
L'émotion portée par ces corps improbables ne nait ni du joli, ni du bienséant, elle nait de leur affirmation à vouloir être. Ils sont la quintessence du désir de vie et de la peur qu'il engendre, ils renferment la pulsion du cri premier, son ironie.
Jean-Luc Didier
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autour des formations
matière terre humaine
géographie des corps à peine
diaphane et résonance
se formant de-ci de-là
prélèvement du sol immémorial
et de la reconnaissance à venir
naissance du divers explosé
comme une éclaboussure
amas de blancheur posée
multitude en attente au repos
traces aériennes en suspension
excavation de béances jumelles
dislocation des formes ciselées
rondeurs rondeurs rondeurs
humanité explosée éparpillée
incorporée encorporée décorporée
montée du fonds de la vie
Jean-Paul Thibaud
Liens
"à corps perdu" (article de Benjamin Bardinet dans le Petit Bulletin)
"C'est l'âme qui nous remue" (article de Jean-Louis Roux dans les Affiches)