Juliette Lempereur

En tissage, le terme ‘flotté’ désigne un fil non pris dans le tissu sur une certaine longueur. Libéré de la structure, le fil dessine son propre mouvement, il flotte dans l’espace.

Par le biais de réseaux de flottés à travers lesquels passent l’air et la lumière, je cherche à donner une sensation atmosphérique.

Le choix des matières a son importance : le lin, pour son irrégularité et son aspect filandreux, le papier, pour sa fragilité, le cuivre, pour sa brillance changeante.

Récemment, j’ai découvert que, dans les années 60, quelques peintres d’un mouvement peu connu, le «nuagisme», tentèrent de donner dans leurs cieux imaginaires une sensation d’espace et de transparence. Cependant ce n’était qu’un mirage, puisque la surface de leurs toiles restait parfaitement plane et opaque. Le tissage me permettant de construire moi-même le support, j’espère saisir, ne serait-ce qu’un peu, l’étendue aérée et colorée. 

Juliette Lempereur

Liens

• site de l’artiste

• "Juliette Lempereur ou le tissage expérimental" (article de Benjamin Bardinet dans le Petit Bulletin)

• "Et de l'art, et de l'air" (article de Jean-Louis Roux dans les Affiches de Grenoble)

Juliette Lempereur a choisi le fil, non pour sa matérialité domestique, non pour confectionner des tissus ou composer des motifs décoratifs, mais pour dessiner dans l'espace. Cela implique d'intégrer l'air à la matière, d'en faire un élément constitutif de l'œuvre au même titre que le fil de lin, de laine ou de cuivre.

L'artiste façonne une texture mouvante suggérant fluidité, transparence, légèreté. Les œuvres aux titres évocateurs de « air, bruine et brise » ou «cirrus », reflètent cette quête de l'insaisissable. Cette trame étonnante d'aérien et de fibres, elle l'exprime aussi par des entrelacs de fils dessinés sur papier en résonance avec des entrelacements de fils de cuivre en suspension.

Inévitablement les cieux, les nuages, de par leur nature en constante métamorphose ne pouvaient que la captiver, elle en restitue la sensation par l'aquarelle, le fil et des photographies tissées, s'emparant avec audace de toute une poétique atmosphérique.

Jean-Luc Didier