Poursuite

Café des Arts - 36 rue Saint Laurent - 38000 Grenoble

du 5 au 29 octobre 2011 du mercredi au samedi de 15h à 18h30 et le dimanche 9 octobre de 10h à 18h

Vernissage le jeudi 6 octobre à 18h

Rencontre musicale le dimanche 9 octobre à 16h : Adenoïde's experiments

A la poursuite des figures

"Depuis maintenant deux ans, j’éprouve le besoin de renouer avec le dessin, que j’avais abandonné il y a une vingtaine d’années. Et avec cette pratique, je redécouvre la figuration, dont je m’étais émancipé en 2000 en peignant mes premières rayures.

Ces retrouvailles ne signifient pas pour autant la désertion du versant abstrait de mes travaux : je les poursuis par ailleurs. Simplement, elles établissent un territoire voisin dont certains éléments prolongent un cheminement amorcé avec l’abstraction : noir et couleur, géométrie, trait, pour les composantes formelles, rayonnement, turbulence, mouvement, pour l’expression, archaïsme universel et figures du cosmos pour les thématiques.

Ce qui me rend plus particulièrement nécessaire la conquête de ce territoire de la figuration, c’est l’attraction de plus en plus forte qu’exerce sur moi la figure humaine. Figure esthétique d’abord, vouée à accomplir le trait en le renouvelant et en le portant jusqu’au dessin. Figure cosmogonique d’autre part, propre à cristalliser depuis la naissance de l’homme les thématiques de représentation du monde, du cosmos, de son évolution et de son sens.

Quand je parle de conquête, le mot n’est pas choisi au hasard. Il évoque ici pour moi celle du cheval, envisagé comme un moyen pour aller plus loin tout en faisant corps avec lui. Moyen de s’élever, de grandir et d’agrandir le monde. Ce qui est sous-entendu de lutte et de difficultés, dans un tel dessein, est perceptible dans mes peintures aujourd’hui. J’espère seulement qu’elles traduisent aussi la volonté et le courage qui sont au cœur de ces luttes.

Ces toiles s’inscrivent dans un processus d’apprentissage qui est au centre des préoccupations de l’autodidacte que je suis. Les rayures avaient eu, entre autres, cette fonction radicale d’appropriation du sens de mon activité de peintre par la pratique simplifiée de lignes et de traits colorés. Une volonté de réduire le bruit de mon désir de peindre pour entendre et faire entendre la musique d’un geste simple, tout en mettant à ma portée les exigences d’une maîtrise minimale. Aujourd’hui le trait s’enhardit à devenir dessin, s’ouvre à la représentation, et questionne, blanc sur noir, ou plutôt gris sur noir. La couleur quant à elle se simplifie à son tour pour se renouveler, en profondeur, sous le lac noir des apparences.

En ce qui concerne mes influences, elles se trouvent à la croisée d’univers distincts, parmi lesquels je citerai en priorité l’art médiéval, la peinture américaine du XXe siècle, et la bande dessinée, européenne essentiellement mais pas seulement. A travers eux, je ne revendique pas une filiation, je perçois plutôt un faisceau trouble de signes convergents, dont la flèche poursuit sans doute l’objet de mon désir de peindre."

Charles Georgel - septembre 2008

"Poursuite" 54x65 © Charles Georgel

"Poursuite" 130x97 © Charles Georgel