Les gnomes...

"C’est étrange cette galerie de gnomes, qu’il faut traverser pour parvenir au fond de la salle d’exposition. Ça désoriente.

Il leur manque quatre orifices de la face, et deux sens, l’odorat et l’ouïe. Peut-être se satisfont-ils de cette absence, qu’il est juste question d’absorber le monde par la vue et d’ouvrir le bec pour signifier un « oh ! » d’étonnement. En tout cas ils paraissent nous dévisager (défigurer ?), nous trouant du regard, peut-être pour nous remettre à notre place de passant voyeurs ! A moins qu’ils ne soient franchement indifférents.

Une fois traversée cette « haie d’honneur », on accède à une série de peintures de divers formats. Abstrait, concret ? Elles procèdent toutes d’un savant mélange de teintes issues de matières différentes, dans un camaïeu de noir, de gris, d’ocre. Elles évoquent nécessairement un paysage, structuré de manière aléatoire. Leur forme n’obéit pas aux lois de la nature. L’accident surgit toujours, résultant parfois d’un geste déterminé de l’artiste. Ainsi, ces touches de blanc, à la limite de la violence, qui heurtent la perfection, en évoquant un séisme, tempête, voire tsunami. Ceci mobilise à l’évidence un regard curieux.

Je ne sais si les gnomes s’en rendent compte."

Laurent Henrichs - Avril 2016