os.ti.na.to 

Laurent Lafolie

os.ti.na.to

Laurent Lafolie

Du 4 octobre au 1er décembre 2012

Les 3 projets proposés par Laurent Lafolie dans le cadre de sa résidence à La Capsule associent le visage aux notions de mémoire, de temps et de disparition. Ces projets ont en commun d’utiliser la transparence et/ou l’invisibilité des objets photographiques présentés dont le spectateur, par son déplacement, modifiera la lecture.

• os.ti.na.to

Impressions sur verre

L’invisibilité est première, elle précède la naissance et soutient l’inconnu. De même, une image ne se livre que lentement, ne consent à délivrer ses informations qu’à la condition que son spectateur y perde tout d’abord la vue [1]. Sans l’au-delà qui l’accompagne l’image est un leurre, comme le serait une réponse définitive aux questions qu’elle soulève.

En tant que telle, l’image d’un être ou d’une chose n’en dit pas la vérité, moins encore si elle est attendue. L’image est une tentative qui expose à sa manière l’insuccès intrinsèque du dire, ce qu’elle réussit est un essai.

Le premier projet, os.ti.na.to, qui donne également le titre de l’installation, est constitué d’impressions sur verre. Les spectateurs seront pris dans le jeu de la transparence du support et de l’image et, selon les points de vue, dans celui de lectures multiples (cumul d’images, report, inversion…).

• Missingu

Tirages palladium sur washi (papier japonais)

La mémoire des images dont nous nous sommes détachés demeure comme des empreintes de pas invisibles faits au profit de l’instant. L’image relie la trace invisible laissée par l’événement et sa perte au rapport entretenu avec la mémoire. Ainsi, des images disparaissent ou resurgissent de notre mémoire sans que nous ayons toujours conscience de leur effacement ou prise sur leur apparition.

Missingu, réunit sous la forme d’une structure suspendue plus de 120 visages tirés au palladium sur papier washi, chacun des tirages pesant moins d’1 gramme.

Installation de visages cendrés, ombres d’eux-mêmes qui, par le jeu de la superposition, composent une foule évanescente qui vous hypnotise. Difficile de s’y soustraire, tant ses regards littéralement vous aimantent, la fragilité du support étant inversement proportionnelle à l’intensité des regards, telle une avidité sereine qui vous envahit. Visages et regards tournés vers l’objectif dont le spectateur prend la place, comme pour se soumettre à cette assemblée muette, qui vous fixe sans fin.

Laurent Lafolie, sans le savoir, devient l’homme-orchestre, celui qui insuffle, donne le tempo, met en mouvement une réflexion sur l’identité et la mémoire, symphonie de regards, de ceux que rien ne peut nous enlever... à l’heure des clones et autres test ADN, Laurent Lafolie capte l’authentique.

(Olivier Castaing, School Gallery Paris)

• Per/son

Impressions Piezography sur papier calque noir

Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien [2]. Caïn, à fuir ou à vouloir se protéger du regard, perdra le sien dans l’obscurité de la tombe. Ce qu’il aura accepté, c’est à la fois une tentation et un ordre, ceux de la justification de ses actes, symbolisés dans le poème d’Hugo par le regard de Dieu. Plutôt que de faire cas de sa fuite, d’en prendre acte, il continuera de faire le jeu de l’instance intérieure qui rend caduque toute tentative d’échappée.

Per/son, composé de tirages par impression aux encres charbon sur papier calque noir, articulera le visible à l’invisible. Ce projet utilisera la lumière, la réflexion du support et l’emplacement du spectateur afin d’offrir une lecture triple aux images : invisible, négative et positive.

[1] J. Duvigneau, philosophe, cité par Mustapha Azeroual

[2] V. Hugo, La légende des siècles, La conscience (61-68)