Etats des lieux / Etienne Buraud

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Photographie de Etienne Buraud

Etienne Buraud, né en 1973, commence à photographier à l’âge de 10 ans, à Vincennes, qu’il sillonne alors à vélo avec un polaroid. Il apprend la technique argentique avec son père, l’artiste peintre Roland Buraud, dans le laboratoire photographique familial.

Entre 2007 et 2010, il effectue cinq déplacements en Chine et au Japon, et commençe à glaner le matériau visuel qui réémergera dans ses créations futures. Depuis, il photographie essentiellement du Canada à l’Argentine, de la Slovénie à l’Islande, de la Roumanie à la France, périodes pendant lesquelles son regard est le plus disponible et le plus libre.

Durant l’enfance et l’adolescence, il est particulièrement impressionné par les personnages miniatures de Bruegel et de Bosch, et les univers oniriques de Magritte et Folon. Adulte, la rencontre avec les foules d’Andreas Gursky lors de l’exposition au Centre Pompidou, en 2002, le marque profondément.

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Dans la tradition romantique, le paysage est le miroir des états d’âme de l’individu. Il s’y cherche et s’y reflète, s’y abandonne. Cette posture, contemplative et dynamique, caractérise le travail d’Etienne Buraud qui cherche à représenter, pour mieux la saisir, la diversité de ses paysages intérieurs. Il s’emploie ainsi à figer l’impermanence afin de capturer ce qui doit inéluctablement disparaître de son champ de vision ou de sa mémoire.

Sur ses images, des êtres seuls, ou à deux, réunis par petits groupes ou en foules indistinctes, à l’arrêt ou en mouvement, au sol ou en suspend, habitent des espaces dépeuplés, formant, avec l’environnement dans lequel ils évoluent, une communion silencieuse. Ils apparaissent comme posés là dans des lieux désertiques qui interpellent en nous proposant un monde onirique où se côtoient éléments naturels, individus et objets du quotidien. Où sont-ils ? Comment sont-ils arrivés là ? Où se rendent-ils ? Qui sont-ils ?

Au fil de rencontres, de pertes, de voyages, il interroge le spectateur sur la place de l’individu dans un espace qui n’est pas le sien. Son jeu des échelles et des proportions bouleverse les perceptions du spectateur, et sollicite un nouveau regard, qui hésite entre une appréhension du général et du particulier. Les mises en scène poétiques transportent et invitent au voyage, à la découverte de soi, à la recherche de sa propre ombre. Le photographe pose le spectateur sur un fil, en équilibre, entre deux : entre l’étrange et le familier, la réalité et le rêve, le mélancolique et le cocasse, l’intime et l’impersonnel.

 Alice Jothy et E. B.