Cosa mentale / abysses

david munoz

Cosa Mentale - Paysage fractale en construction - © David Munoz – Adagp Paris 

Cosa Mentale

Abysses

Musique / Camille Sauer 

Exposition présentée du 14 octobre au 8 janvier 2021


Cette résidence a été soutenu par Némo – Biennale internationale des arts numériques de la Région Île-de-France, produite par le CENTQUATRE-PARIS

La Capsule, Centre Culturel André Malraux, 10 avenue Francis de Pressensé, Le Bourget

Cosa Mentale – Soleil Noir – © David Munoz – Adagp Paris 


Penser réellement le maillage signifie se débarrasser de l’idée qu’il a un centre.

 Morton, Timothy. La Pensée écologique

 

   Le projet Cosa Mentale vise à rendre sensible l’intime relation qui se tisse entre l’environnement et les activités humaines. Situé au croisement des arts visuels, de l’écologie et des géosciences, il prend pour objet l’accélération de la fonte des glaciers depuis le milieu des années 1980. Ce phénomène met en exergue l’urgence écologique et les questions liées à la représentation du paysage. À la croisée de l’art et des sciences, Cosa mentale alerte sur ces « zones critiques » dont les métamorphoses matérielles restent encore largement méconnues.

David Munoz développe avec Cosa mentale une pratique hybride intégrant la photographie, l’image générée par ordinateur, la Data Science, la vidéo et des techniques spécifiquement dédiées à des perceptions de représentation. Il utilise la fractale pour la génération de paysages virtuels par ordinateur, la gomme bichromatée et le collodion humide, comme technique d’impression pour l’érosion et le vivant, la chambre et le tirage argentique pour la cartographie du paysage. L’ensemble est mis en son par Camille Sauer, artiste et compositrice.

Par l’esthétique, l’expérience sensorielle directe, les explorations spéculatives et le changement d’échelle, l’artiste met en lumière quelques facettes d’un immense maillage.

Il met à disposition du spectateur, une carte mentale pour l’inviter à parcourir les interconnexions entre le vivant et non-vivant, le micro et l’infiniment grand. Il nous propose de prendre place dans ce maillage complexe et d’élargir notre vision du monde et de sa représentation.

Cosa mentale est un projet de David Munoz développé à l’occasion de deux résidences entre 2019 et 2021, l’une à La Capsule, résidence photographique du Bourget (93), l’autre à La Diagonale – Université de Paris-Saclay (91). Cosa mentale sera présenté en deux volets d’une même exposition : l’un au Centre culturel André Malraux au Bourget, l’autre au Centquatre-Paris.

L’exposition « Cosa mentale » sera présentée au Centre culturel André Malraux du Bourget du 14 octobre au 4 décembre 2021.

Cosa Mentale – Glacier #05 – Tirage Argentique - © David Munoz – Adagp Paris 

Cosa Mentale – Partial Landscape #06 - Tirage Numérique - © David Munoz – Adagp Paris 

Ce projet est lauréat de l’appel à projet Expérimentation 2020 de La Diagonale - Université Paris-Saclay / Scène de recherche ENS Paris-Saclay et à bénéficier d’une double résidence entre la Scène de recherche - ENS Paris-Saclay et La Capsule, résidence photographique du Bourget. Il a également été réalisé en collaboration avec Agathe Frochot, normalienne en sciences humaines et sociales à l'ENS Paris-Saclay. Elle a notamment contribué à la coordination scientifique du projet.

 Le projet "Cosa mentale" a également bénéficié du soutien de La Diagonale - Université Paris-Saclay, la Scène de Recherche - ENS Paris-Saclay, le programme S2S (STARTS Towards Sustainability) dans le cadre de l’initiative européenne S+T+ARTS (Science, Technology & the Arts), la Biennale Némo / LE CENTQUATRE-PARIS.et le programme Investissements d'Avenir.

Comment êtes-vous devenu photographe ?

 

L’image est chez moi une obsession qui remonte à l’enfance. J’ai tout d’abord scruté pendant de longues heures le ciel pour observer les étoiles et la voie lactée. Durant mon adolescence, j’ai pu rejoindre un observatoire astronomique dans le sud de la France grâce auquel j’ai observé avec différents instruments astronomiques les objets du cosmos.

 

C’est avec la photographie, que j’ai pu figer ces objets et leurs donner une matérialité.

 

En approfondissant les techniques photographiques, cela m’a donné la possibilité d’étendre ma pratique de ce médium à une autre de mes passions, la nature et les paysages. C’est lors de mes randonnées dans les Pyrénées que j’ai commencé à photographier les montagnes.

 

Ayant opté pour un cursus scientifique plutôt qu’une école de photographie, j’ai mis de côté pendant quelques temps la pratique de la photographie. C’est grâce à des rencontres déterminantes que j’ai repris la pratique de la photographie en investissant le champ de l’art.

 

J’ai alors découvert l’usage de la chambre photographique grand format qui m’a permis de retranscrire ma représentation mentale du paysage et de m’inscrire dans un rapport au temps différent. Depuis, j’arpente la nature et les montagnes avec ce dispositif.

 

Comment s’est construit votre projet ?

 

Dans ma pratique artistique, je m’appuie sur d’autres médiums comme la vidéo, l’image générée par ordinateur, la data science, la sculpture ou encore des installations immersives pour intégrer le spectateur dans mes œuvres. L’élément déclencheur de ce projet a été la notion de maillage. Notions largement développée par Timothy Morton dans « La pensée écologique ». J’ai ainsi souhaité matérialiser ce concept abstrait en faisant le pont entre le vivant et le non vivant, et ce, à toutes les échelles.

 

J’ai bâti à partir de ce concept « Cosa Mentale » un réseau de coordonnées réparties à travers le monde, dans lequel chaque coordonnée correspond à un lieu réel. Je procède alors pour chacun de ces lieux, à des recherches à partir de faits historiques, de mythes, de légendes ou de phénomènes scientifiques. Je créé des histoires et des fictions.

 

Ce projet d’exposition invite ainsi le spectateur à naviguer à la frontière de mondes physiques capturés par l’appareil photographique et de mondes virtuels fabriqués par des ordinateurs grâce à la théorie fractale. Bâtie sur une modélisation du monde physique, la fractale répète les motifs issus de l’environnement biologique et minéral.

 

Avec le développement des nouvelles technologies permettant la création d’images par des ordinateurs et de réalités virtuelles avec des rendus très photoréalistes, l’expérience du réel est réduite à sa simple représentation.

 

L’expérience de l’œuvre vise donc à mettre à l’épreuve notre conscience du monde et de nous-même par l’exposition d’une volonté d’évasion hors de soi et d’une urgence environnementale sans précédent. Celle de vouloir combler un manque d’expérience du réel par l’expérience des images issues de réalités virtuelles. 


Cosa Mentale - Paysage fractale © David Munoz – Adagp Paris