Les regards des Indiens d'Amazonie

Henri Ballot

L’Amazonie des années 50 était presque inconnue, sa population était fixée à la côte, regardant vers l’intérieur des terres avec frayeur. Le Mato Grosso e Goiás étaient un mystère. Un mystère que l’imagination peuplait de fauves, d’indiens et de bandits. Aller jusqu’à l’Araguaia était une folle aventure ; de la Rivière de la mort, on ne racontait que des atrocités. Le territoire Xavantes était vierge de toute exploration, alors que la rivière Xingul, qui le traverse, était un mythe. Le Brésil cherchait de nouvelles racines, l’intégration nationale et l’entrée du pays dans les temps modernes. Cette approbation du territoire qui était jusqu’alors restreint au littoral, est le fruit d’une politique nationale. Elle se résumait à « avancer, ouvrir des pistes d’atterrissage et prendre possession de la terre ». Les expéditions des frères Villas Boas, perpétuant la doctrine du Maréchal Rondon, ont contribué de façon décisive à l’initiative du Président Jnio Quadros, consistant à créer, en 1961, le sanctuaire du Parc Indigène du Xingu. Henri Ballot (1921-1997), citoyen franco-brésilien, travaillant comme photographe au magazine "O Cruzeiro" de 1950 à 1969, à l’époque un magazine de grand tirage, et formateur de l’opinion publique, a pu accompagner l’expédition des Villas Boas. En s’engageant dans ce grand projet national, il a pu montrer ces indigènes aux brésiliens-mêmes, considérés à l’époque comme sauvages et en même temps représentant l’élément d’identité nationale du pays. Les photo-reportages de Henri Ballot ont un caractère pionnier, puisque l’image de l’indien brésilien a été diffusée auprès d’un large public avant même que l’anthropologue ou l’ethnologue ne commence à faire des études. Un ensemble de photographies est dédié aux Xinguanos, groupes de langues différentes partageant une culture largement commune : Waura, Yawalapiti, de langue arawak : Juruna et Kamayura, de langue tupi. Une autre série de photographies est consacrée aux Kayapos (sous-groupe Txukahamai), de langue gê, connus pour leur farouche opposition aux raids esclavagistes et à l’avance du front de colonisation à partir de 1850. Le regard d’Henri Ballot nous apporte un précieux témoignage sur l’histoire des rapports entre les colons et les Indiens du Brésil, sur leur vie quotidienne et leurs croyances, à travers certaines cérémonies traditionnelles telles que : le Javari (commémoration des héros), le Tawaruana ou le Kuarup (funérailles secondaires). L’ensemble des photo-reportages de Henri Ballot a été organisé par l’Association Henri Ballot et exposé en divers lieux, comme suit : Muséum d’Histoire Naturelle de la Rochelle en Juillet 2000 Musée de l’Homme à Paris en Novembre 2000 3ème Festival du Cinéma Brésilien à Paris en Février 2001 Ambassade du Brésil "Espace Culturel Jorge Amado" en Juin 2001 Espace Bonlieu à Annecy en Juillet 2001 Aéroports de Paris/Orly en Septembre 2001