ACTUELLEMENT

Siège du parti communiste français: vue rapprochée du dôme et du bâtiment de bureau

Crédit: Archives départementales de Seine-Saint-Denis / Auteurs: Oscar Niemeyer (architecture)

Michel Moch (photographie)

et

Appui tendu renversé aux barres parallèles / Premier quart du 20e siècle 

Crédits: Collection Musée National du Sport / Auteur(e): inconnu(e)


FLIP


Images de presse et photographies lenticulaires

Marianne Muller

Exposition ouverte du 14 mars au 3 mai 2024 


Vernissage le jeudi 14 mars 2024 à partir de 19h

Un simple changement d’orientation du regard fait se transformer une image de Femmes-girafes birmanes en tour de refroidissement d’une centrale nucléaire et la charge des tuniques rouges se mue en escadron de robots industriels menaçants dans une usine automobile. Ces télescopages d’images sont le résultat d’un procédé populaire, voire trivial, qui faisait se déshabiller des pin-ups sur les cartes postales un peu kitsch du siècle dernier. Marianne revisite le procédé de la photographie lenticulaire pour évoquer la question environnementale, la surconsommation et les mutations du monde contemporain. Elle sélectionne deux photos d’une collection d’images hétéroclites pour les mettre en relation et créer du sens.


C'est en résonance avec l'installation du village de presse des Jeux olympiques et paralympiques 2024 au Bourget que La Capsule a accueilli Marianne Muller en résidence pendant 2 ans pour vous proposer l’exposition FLIP : Images de presse et photographies lenticulaires

Бурятская борьба (lutte bouriate)

Material from the ethnographic expedition by the Siberian ethnographer and archaeologist Pavel Khoroshikh

Balagansk district of the Irkutsk region, Russia, 1927

Crédit: Library of Congress (Original image at Irkutsk Municipal History Museum) / Auteur: Pavel Khoroshikh

et

Alpine spire Ruth Gorge

Denali National Park, Alaska, United states, 2008

Library of Congress, Prints and Photographs Division / Auteure: Carol M. Highsmith

Quelles sont les origines du projet ?

Marianne Muller : J’ai passé mon enfance auprès d’une mère journaliste de presse écrite à l’époque où l’information était essentiellement diffusée sur format papier. J’ai beaucoup observé le travail de ma mère, mais aussi celui des photographes qui l’accompagnaient en reportage, la manière dont se prenaient les décisions éditoriales et le stress des bouclages. À cette époque les journaux, les revues et les catalogues auxquels j’avais facilement accès étaient des supports fascinants pour l’enfant que j’étais parce qu’ils permettaient d’accéder à une forme de connaissance du monde des adultes par le biais de leurs imageries. J’ai été fasciné très jeune par ces images rendues populaires par l’importante diffusion qu’autorisaient leurs supports.  

L’arrivée d’internet m’a accompagnée dans mon passage à l’âge adulte. La manière dont elle a révolutionné le mode de diffusion des images a aussi profondément marqué mon parcours artistique. Comme toute ma génération, j’ai été fascinée par l’accroissement exponentiel de mes champs de recherches, sidérée par la masse de matière iconographique à laquelle j’accédais et égarée par le flux incessant d’images auquel j’étais soumise au cours de mes errances sur internet. À partir de 2005, j’ai décidé d’ordonner mes navigations sur internet. J’ai ainsi commencé des collections d’images en cherchant à classer la masse iconographique qui s’étalait devant moi. Mettre en relation des images entre elles était une façon de redonner de la mesure et du sens aux flux d’images auxquels j’étais soumise incessamment, que ça soit dans l’espace public ou sur internet. Ce travail consiste à identifier des similitudes, mais aussi à concevoir des réseaux qui relient les images entre elles, à architecturer les écosystèmes - « échosystèmes » - par lesquels elles se révèlent les unes les autres. Je tente ainsi de saisir les images sur lesquelles je travaille à partir des milieux que je leur invente.

Ce système de classification a donné lieu à un premier projet qui a pris pour nom « Diptyques» dans lequel l'idée était de mettre en relation les images davantage sur la ressemblance formelle que sur le sens pour créer des associations inattendues.

Comment se construisent vos images ? 

Marianne Muller : Mes collections d'images sont organisées en constellations sur un mur en fonction des formes, des matières et des couleurs. Le mur est en perpétuelle évolution. Il s’élabore au gré des analogies visuelles, des émotions et des sensations que les images m’évoquent. 


De ces classements naissent des couples d’images. J’identifie des similitudes formelles, je traque les échos narratifs et symboliques entre les photos.

J’imagine leur interpénétration, leur interdépendance.


La technique d'impression lenticulaire me permet de faire naitre une nouvelle image à partir de la première. La forme commune aux deux images est la charnière entre deux notions qui s'articulent en créant des associations d'idées propres à chaque spectateur. 


Le travail commence par la retouche de deux images à partir desquelles je souhaite travailler, de façon à en accentuer une forme commune jusqu’à la faire parfaitement coïncider. C’est une étape déterminante de mon travail, car c’est ainsi que je lie une image à une autre par une matière, par des couleurs, par un point d’accroche visuel commun aux deux images. 

J’envisage mon travail sur Photoshop comme un vrai travail plastique. Cette étape de retouche distingue mes travaux de ceux d’artistes plus conceptuels. Mes fichiers sont composés de très nombreux calques contenant des morceaux d’images, des filtres, sans cesse dupliqués et réaplatis. Parfois, je vais prélever des fragments dans d’autres images pour les intégrer. Se superposant parfaitement l’une à l’autre par un effet qui pourrait être celui de la persistance rétinienne, les images finissent par générer une sorte de “surimage,“ d’image hybride qui ne s’identifie à aucune des images rapprochées, mais se construit entre les deux.

Pour faire cette série en holographie lenticulaire, je me suis formée auprès d’Henri Clément, chez qui j’ai suivi un stage en octobre 2019. Parallèlement, j’ai fait la rencontre d’Arnaud Lévénès qui m’a proposé d’intégrer le programme de résidence à La Capsule où j’ai pu expérimenter et réaliser mes premiers tirages lenticulaires en 2020. Le début de ma résidence à La Capsule a fait évoluer mon travail et m’a conduit à modifier les critères par lesquels je compose mes banques d’images. J’utilise désormais des images en haute définition, j’ai appris à mieux connaître les licences et les droits d’utilisation ou de modification des images. 

Lamentin / Mai 2021

Crédit: Pexels / Auteur: Chris F

et

Boys standing below stone pine

Cannes, France, about 1870-1880

Crédit: Getty Museum / Auteur(e): inconnu(e)