LABEOTROPHEUS

Les Labeotropheus

Labeotropheus trewavasae Thumbi west Mâle

Avec l'aimable autorisation de Ad Konings et Cichlid Press (www.cichlidpress.com)

Le genre Labeotropheus regroupe deux espèces: Labeotropheus fuelleborni et Labeotropheus trewavasae

par SpydersCichlids

Habitat

Endémique du lac Malawi, Labeotropheus fuelleborni (Ahl, 1927) a colonisé tout l'habitat rocheux supérieur balayé par les vagues. On le rencontre dans les eaux de surface et jusqu'à -7 mètres de profondeur. Il n'est pas retrouvé à Jalo Reef, à Taiwan Reef et à Linganjala Reef.

Labeotropheus trewavasae (Fryer, 1956) se retrouve dans de nombreux endroits du lac Malawi, à l'exception de Mbenji Island et de Chinyamwezi Island. Contrairement au L. fuelleborni, il fréquente les zones profondes de -5 à - 40 mètres. Il se rencontre près des rochers riches en sédiments.

Alimentation

Les Labeotropheus se nourrissent des algues fermement fixées aux rochers. Ils possèdent trois éléments anatomiques leur permettant de tirer un maximum de profit de leur biotope. Tout d'abord un nez charnu, souvent calleux, permettant de faire levier pour arracher les algues filamenteuses solidement fixées sur des rochers. Ensuite une large bouche située en position infère, leur permettant de brouter en restant au plus près des rochers, leur corps faisant un angle d'environ 30° avec le substrat. Ceci les différencie des autres Mbunas qui sont obligés de se positionnner à la verticale pour brouter les algues de la couverture rocheuse. Un autre avantage de la position quasi horizontale pour se nourir, est de pouvoir fuir plus rapidement en cas de danger, sans avoir à se repositionner. Le troisième élément est constitué par les dents des mâchoires externes. Celles-ci, tricuspides, leur permettent de brouter un maximum d'algues de façon très efficace. A tel point qu'après le passage des Labeotropheus on observe sur les roches des zones claires, marques visibles de grattage des algues.

Un nez charnu, lui permettant de faire levier sur le substrat pour arracher les algues

En dehors de ces caractéristiques propres à tous les Labeotropheus, L.fuelleborni possède un corps compressé latéralement que n'a pas L.trewavasae. Ce dernier est plus rond. Dans les remous des vagues L.fuelleborni déploie sa nageoire dorsale. Aidé de son corps compressé il arrive à se maintenir droit. Ce petit avantage supplémentaire lui offre de meilleures prises alimentaires que L.trewavasae. Le corps de ce dernier, plus petit, lui permet de se glisser dans les fentes des roches. Il racle les algues des parois verticales ou des plafonds des grottes. A ces endroits, les algues sont plus nourrissantes qu'à la surface des roches où les sédiments ont peu de valeur nutritive.

La bouche en position infère lui permet de racler les roches

Taille

Les plus grands mâles Labeotropheus fuelleborni ont été retrouvés à Chirva Island, au sud de Chilumba avec une taille de 18 cm. Les plus petits mesurent 10 cm et sont issus de Selewa. Entre ces deux extrêmes, toutes les tailles sont possibles et sont fonction de la localisation géographique.

Les femelles sont toujours plus petites que les mâles de 25% environ.

Les Labeotropheus trewavasae sont plus petits que les L.fuelleborni. Les plus grands mâles atteignent 15 cm et les femelles 13 cm.

Coloration

Les femelles Labeotropheus fuelleborni de toutes les populations géographiques sont identiques: généralement gris-brun avec une dizaine de barres. On trouve également des formes O et OB, pouvant aller jusqu'à 50% de la population des femelles de certaines régions. Les mâles sont généralement bleus, d'intensité variable selon les populations. Certaines variétés géographiques ont une couleur orange ou rouge sur les flancs et les nageoires. Les formes OB existent également, mais beaucoup plus rarement, comme à Mbenji. Lorsqu' existent des formes OB chez les deux sexes, les mâles ont généralement des reflets bleus. Zoo-logics, Elacuarista, Aqua-global, Unimati

Les mâles Labeotropheus trewavasae sont généralement bleus, mais on retrouve aussi des couleurs orange, jaune, brune, rouille, et des formes OB . Mâles et femelles sont souvent de couleurs différentes. Certains mâles de Thumbi West Island sont particulièrement beaux avec une dorsale rouge ("Red Top") et un corps bleu. Chez les mâles dominants, les barres disparaissent au profit d'une robe colorée. Les femelles peuvent être grises, oranges ou OB. Vatoelvis.tripod, Malawis, Unimati

Mâle Labeotropheus trewavasae sp. "red nose Ungi" et sa femelle OB

VIDEO du mâle

VIDEO de la femelle OB

Reproduction

Les Labeotropheus possèdent de petites ocelles comparativement à leur taille. D'autre part, leurs oeufs sont parmi les plus gros retrouvés chez les Mbunas. Ce paradoxe nous interroge sur les ocelles. La fonction de ces ocelles est donc au fil du temps, restée la même, à savoir un leurre pour les femelles qui les considèrent comme des oeufs. Mais la taille des ocelles n'a plus d'importance. Seuls la couleur et la forme semblent intéresser les femelles. Habituellement les Mbunas fertilisent les oeufs une fois que la femelle les a repris en bouche. Chez les Labeotropheus, la femelles dépose d'abord quelques oeufs au sol, puis attend que le mâle les fertilise, tout en décrivant un grand cercle. Au passage suivant elle récupère ses oeufs et le manège recommence pour la ponte suivante.

L'incubation est maternelle et dure trois semaines comme pour la plupart des Mbunas. On compte en moyenne une trentaine d'oeufs, jusqu'à une quarantaine pour les Labeotropheus fuelleborni. A leur naissance, les alevins sont protégés par leur mère pendant au moins une semaine. Celle-ci les récupère dans sa bouche au moindre signe de danger.

Parmi les alevins issus d'une même ponte, on peut retrouver des individus de couleurs très différentes, variables selon la zone géographique de pêche.

par malawifans

Comportement et Maintenance

L'agressivité de ces Mbunas est exclusivement intra spécifique. Lorsqu'une femelle est prête à pondre, les mâles sont particulièrement pressants à son encontre et repoussent tous les autres poissons alentour.

Il faut prévoir un bac de 200 litres minimum avec des roches pour permettre aux femelles de s'y réfugier. Il est difficile de reproduire le flux des vagues qu'ils trouvent en milieu naturel contre les rochers. Ils apprécieraient sans doute un brassage de surface ou un rejet d'eau à la surface du bac.

En aquarium ils acceptent tous types de nourriture: paillettes, granulés ou mélange herbivore de salade, petits pois, épinards...

Si on veut maintenir plusieurs espèces de Labeotropheus fuelleborni dans un même bac il y a de fortes chances d'hybridations et la descendance sera impossible à authentifier. Pour les reproduire, un bac spécifique devient indispensable.

BIBLIOGRAPHIE

"Le guide Back to Nature des Cichlidés du MALAWI". 2° édition, Ad Konings

"Les cichlidés du Malawi dans leur milieu naturel" 3° édition. Ad Konings

"Cichildés africains, espèces d'Afrique orientale" Dr. Wolfgang Staeck, Horst Linke

Labeotropheus trewavasae par Didier Hassan, RFC n° 205, Janvier 2001

Labeotropheus fuelleborni par Walter DEPROOST, traduction de Philippe HOTTON, RFC n° 246, Février 2005