Des cœurs qui battent la chamade

Gérard Fromanger, Cardiogramme, 2014, série « Le cœur fait ce qu’il veut », huile sur toile, Atelier de l’artiste

Le premier regard capte les sinusoïdes multicolores, des sortes de tracés intranquilles et irréguliers qui habillent toute la toile blanche. La légende nous renseigne : il s’agit d’un cardiogramme. Mais peut-on mesurer les battements d’un cœur ? Techniquement oui… le son et la pulsation s’enregistrent. 

Mais la multiplicité des tracés, leur enchevêtrement, la différence des couleurs, la particularité de chaque dessin et son unicité ne nous diraient-ils pas autre chose qu’une mesure ?

Vers le bas à gauche de la toile, un petit groupe de silhouettes d’hommes et de femmes passent et les ondes de la même couleur que leurs corps semblent émaner de leurs émotions… Car la couleur portent le vert de la peur, le rouge de la colère ou le brûlant de la passion, le rire jaune de la déception, la grise mine, le deuil en noir, le rêve en bleu et la danse en orange. Il y a tout cela à embrasser sur cette toile : un magma de tonalités que la toile blanche et silencieuse nous crache en couleurs et nous fait presqu’entendre en polyphonie.

C’est comme si le peintre, Gérard Fromanger, en auscultant la rue, avait su capter, sur son décodeur artistique de nouveaux signaux, une infinité de signaux sans mesure (comme l’amour). Il nous fait voir l’invisible des cœurs et entendre une symphonie qui dépasse les êtres, remplit l’espace à temps et contre temps de tous ces cœurs qui battent ensemble la chamade. Ce tableau sonne comme une ode à la vie dans sa diversité et sa créativité.

Sr Nathalie, CSJ de Caen, 16 décembre 2020