Ce qui se dit de nuit









Sculpture contemporaine, François Morellet, Un angle deux vues pour trois arcs (2015), 460 x 920 cm, intégration architecturale sur la façade du musée des Beaux-arts de Caen, trois tubes de néon bleu et un transformateur. Photo ©CSJ Caen 2020.

Ce qui se dit la nuit…


Lors d’une promenade de confinement, à la nuit tombée, en marchant du Centre Saint-Pierre, vers le château, jusqu’au musée des Beaux-arts, une lueur bleutée, comme celle émanant du château ou du clocher de Saint-Pierre, attire mon regard au loin ; et je me trouve face à un signe dans la nuit : trois arcs défient la perspective et jouent sur deux angles du musée. 

Je les reçois comme une hymne de lumière. Quelque chose, dans la tristesse et la solitude de la nuit chante et danse sous mes yeux. Je reste un temps à jouer aussi, me déplaçant, m’éloignant, changeant d’angle de vue… Il est étonnant de constater l’impact de ce langage d’artiste sur mon esprit, mes émotions.

C’est une promenade que pourtant je connais bien, que je fais souvent de jour, attentive au parc des sculptures, à ces œuvres modernes et contemporaines qui agrémentent le chemin. 

Mais cette nuit, un jaillissement s’est dit, un possible se révèle autrement, invisible de jour mais qui ne se dit que de nuit, dans un surgissement inattendu… « de noche » chantait saint Jean de la Croix. Cet habitué et habitant de la nuit obscure sait de quoi il parle, d’expérience, la présence à l’intime d’une flamme d’Amour, capable de transformer notre cœur et de le rendre rayonnant pour le monde.

Sr Nathalie, CSJ de Caen, 25 novembre 2020