Chapiteau historié sculpté

I. qu’est-ce qu’un chapiteau ?

En architecture, un chapiteau est la partie qui surmonte la pile et soutient l’arc, transmettant au pilier la charge qu’il supporte. Les chapiteaux offrent dans les églises un support à la méditation des croyants puisqu’ils sont souvent sculptés ou de motifs végétaux ou de représentations de l’Évangile ou de la Bible. Le chapiteau est dit historié quand ses sculptures racontent des histoires par le biais de petites saynètes. 


Chapiteau à crochets XIIIeme siècle

Deuxième pilier nord début XIVeme 

II Le chapiteau historié sculpté

A)    Structure générale du chapiteau

 Ce chapiteau est remarquable car il évoque irrésistiblement les chapiteaux romans mais date de la première moitié du XIVème siècle, comme l’attestent les sujets représentés et correspond donc à l’époque gothique. Il surmonte le 3ème pilier nord de la nef et est organisé selon un axe Est-Ouest. Les colonnettes adossées au pilier dans le sens est-ouest, illustrent l’histoire du salut dans le Nouveau Testament en utilisant des symboles issus du monde profane, c’est à dire non sacré, mais en leur donnant un sens chrétien. Les motifs situés sur le chapiteau de la pile évoquent des scènes, issues de contes et légendes populaires. L’ensemble révèle un programme iconographique très structuré et cohérent. 

 

B)        Description du chapiteau

  1)   les scènes profanes

 L’humiliation de Virgile.

 Cette scène représente le poète latin Virgile suspendu dans une corbeille en haut d’une tour.

La renommée de Virgile était telle que très vite sa vie fut enrichie de nombreuses légendes, parfois comiques. Cette saynète illustre un de ces épisodes véhiculés par la tradition orale. Virgile serait donc tombé amoureux d’une belle femme qui s’avérait être la fille de l’empereur. Elle lui aurait donné rendez vous le soir au pied de sa tour.

 

 Virgile s’y serait rendu et elle lui aurait descendu une corbeille pour le hisser jusqu’à elle. Virgile confiant serait monté dans la corbeille mais elle n’aurait monté le panier qu’à mi-chemin,  laissant Virgile suspendu,  prisonnier de sa corbeille. Au matin il se retrouva exposé à la vue de tous les habitants de Rome et eut ainsi à subir leurs moqueries. Un autre conte attribue exactement la même mésaventure à Hippocrate.

Les précurseurs du christianisme

 

Au Moyen Âge, avec Platon pour son monothéisme ainsi que d’autres philosophes grecs, Virgile jouissait d’une très grande admiration de la part des chrétiens. Il était considéré comme un précurseur du christianisme dans le monde païen. Sans être au niveau des prophètes de l’Ancien Testament qui eux avaient bénéficié de la révélation de Dieu, ils étaient considérés comme ayant reçu une révélation partielle, voilée, incomplète qui aurait préparé la réception de la révélation chrétienne par les païens. Le 4e poème des Bucoliques est considéré par les chrétiens comme une annonce de la venue du Messie.

« Il s’avance enfin, le dernier âge prédit par la Sibylle : je vois éclore un grand ordre de siècles renaissant. Déjà la vierge Astrée revient sur la terre, et avec elle le règne de Saturne ; déjà descend des cieux une nouvelle race de mortels. Souris chaste Lucine, à cet enfant naissant ; avec lui d’abord cessera l’âge de fer, et à la face du monde entier s’élèvera l’âge d’or : déjà règne ton Apollon, Et toi Pollion, ton consulat ouvrira cette ère glorieuse, et tu verras ces grands mois commencer leur cours. Par toi seront effacées, s’il en reste encore, les traces de nos crimes, et la terre sera pour jamais délivrée de sa trop longue épouvante. Cet enfant jouira de la vie des dieux ; il verra les héros mêlés aux dieux ; lui-même, il sera vu dans leur troupe immortelle, et il régira l’univers, pacifié par les vertus de son père…» (Bucoliques IV, Virgile)

Les précurseurs du christianisme Au Moyen Âge, avec Platon pour son monothéisme ainsi que d’autres philosophes grecs, Virgile jouissait d’une très grande admiration de la part des chrétiens. Il était considéré comme un précurseur du christianisme dans le monde païen. Sans être au niveau des prophètes de l’Ancien Testament qui eux avaient bénéficié de la révélation de Dieu, ils étaient considérés comme ayant reçu une révélation partielle, voilée, incomplète qui aurait préparé la réception de la révélation chrétienne par les païens. Le 4e poème des Bucoliques est considéré par les chrétiens comme une annonce de la venue du Messie. 

Gauvain  et le Lit de la Merveilles

Chrétien de Troyes (v1135-v1185), dans Perceval ou le Conte du Graal (v1182 /1190), raconte que  Gauvain, un des chevaliers de la Table ronde, désirait se reposer dans un lit mais que ce dernier même s’il était d’une extrême élégance, était mortel. Malgré des avertissements répétés, Gauvain s’allongea dans ce lit et faillit bien mourir. Mais il triompha de l’épreuve, libérant ainsi le palais de l’envoûtement dont il était victime et s’attira la reconnaissance des nombreuses jeunes femmes qui habitaient ce palais.

Au milieu, un lit où le bois n’apparaît pas ; rien qui ne soit d’or sauf les cordes qui sont d’argent. Sachez que je ne vous conte pas de fables. À chacun des entrelacs était suspendue une clochette. Le lit était recouvert d’une large courtepointe de samit. Chaque pied portait une escarboucle enchâssée (…) le lit reposait sur quatre figures grimaçantes de chiens, et les chiens eux mêmes étaient montés sur quatre roulettes, si légères et si mobiles que qui eut poussé le lit du bout du doigt seulement, il fût allé de l’autre coté de la salle (…) C’est le Lit de la Merveille, où nul ne dort ni ne repose ni ne s’assoit qui puisse se lever ensuite et vivre (…) Et messire Gauvain va s’asseoir sur le lit tout armé et l’écu au col. À l’instant monte des cordes une grande clameur et toutes les sonnettes tintent. Le palais tout entier retentit du bruit et toutes les fenêtres s’ouvrent : les merveilles apparaissent et les enchantements entrent en jeu. Par les fenêtres s’abat une pluie de flèches et de carreaux d’arbalète. Un grand nombre vient frapper l’écu de messire Gauvain, mais il ne sait qui les lance. Messire Gauvain eut volontiers donné mille marcs pour être ailleurs. Mais après un peu de temps, et messire Gauvain ôta les carreaux qui avaient frappé son écu et l’avaient blessé en maintes parties de son corps, si bien que le sang en jaillissait. » (Perceval ou le Conte du Graal, Chrétien de Troyes) 

L’humiliation d’Aristote

Le thème de l’humiliation d’Aristote (384 av. J-C – 322 av. J-C), le célèbre philosophe grec, constitue une allégorie de la faiblesse de la philosophie face aux passions humaines. Cette humiliation est traditionnellement représentée par un  motif montrant Aristote chevauché par une femme. Ce thème, très répandu au Moyen Âge, s’inspire du lai d’Aristote rédigé par Henri d’Andeli (deuxième quart du XIIIe siècle).  Comme pour Virgile, l’anecdote relève de la légende et s’appuie sur une très ancienne tradition orale. Ce fabliau raconte qu’Aristote, précepteur d’Alexandre le Grand, aurait sermonné son illustre disciple qui délaissait son royaume par amour pour Phillys, une jeune indienne (ou Campaspe selon les versions). Alexandre, cédant à son maître aurait renoncé à Phyllis. Celle-ci aurait alors décidé de se venger d’Aristote. Elle l’aurait séduit et lui aurait imposé de se laisser chevaucher comme une monture alors qu’Alexandre les observait caché.  

«… Que votre dos porte une selle : j’irai plus honorablement. » Le maitre lui répond avec joie qu’il acceptera volontiers, en homme qui est tout à elle. Amour lui a tourné la tête ; il demande qu’on lui apporte une selle de palefroi : la demoiselle de son mieux la lui ajuste sur l’échine. Il la fait monter sur son dos : le voici prêt à la porter. Le roi se divertit de voir celui qui, malgré sa sagesse, a perdu le sens par amour. La demoiselle, tout heureuse, prend plaisir à le chevaucher en chantant à voix claire et pleine : « Ainsi va qui Amour mène ; c’est maître Nigaud qui me porte ; ainsi va qui amour mène et qui ainsi les maintient. » Alexandre était sur la tour ; il a bien vu toute la scène. Lui donnerait-on un empire, il ne se tiendrait pas de rire… » (Lai d’Aristote, Henri d’Andeli.) 

Saint Thomas d’Aquin : théologien dominicain (1227-1274)

« En matière de foi et de mœurs, il faut croire saint Augustin plus que les philosophes, s’ils sont en désaccord ; mais si nous parlons de médecine, je m’en remet à Galien et à Hippocrate, et s’il s’agit de la nature des choses, c’est à Aristote que je m’adresse ou à quelqu’autre expert en la matière. Si nous résolvons les problèmes de la foi par la seule voie d’autorité, nous posséderons certes la vérité mais dans une tête vide. » (Saint Thomas d’Aquin Quodlibet IV).

Dans un premier temps, l’enseignement d’Aristote fut rejeté par l’Église mais, grâce à Saint Thomas, il devint un pilier essentiel de la théologie chrétienne.Disciple de Saint Albert Le Grand qui lui-même s’intéressait à la philosophie, d’Aristote, Saint Thomas réussit à concilier la philosophie d’Aristote avec la doctrine chrétienne. Aristote en tant que philosophe ayant vécu avant l’avènement du Christ fondait sa recherche de vérité sur l’empirisme et la raison ce qui ne semblait pas compatible avec le caractère surnaturel de la foi c'est-à-dire au-delà des capacités de l’intelligence. De plus, les commentaires qu’Averroès (1126-1198), philosophe musulman, avait écrits sur Aristote étaient contraires à la doctrine chrétienne. En effet,  Pour Averroès il existait une intelligence unique et séparée, identique pour tous les hommes et qui seule serait immortelle, il niait l’immortalité des âmes individuelles. Saint Thomas D’Aquin parvint à montrer que foi et raison n’étaient pas incompatibles et que le Dieu d’Aristote est le même que celui des prophètes. Contredisant les thèses d’Averroès, Thomas affirma l’unité de l’âme et du corps et l’immortalité personnelle de l’âme. 

Lancelot au pont de l’épée

Dans Lancelot, le chevalier à la charrette, récit qui fait partie des romans de la table ronde, Chrétien de Troyes raconte que Guenièvre, l’épouse du roi Arthur, fut enlevée par Méléagant. Lancelot qui était éperdument amoureux de la reine se lança à sa recherche pour la libérer. Avec plusieurs chevaliers dont Gauvain il arriva après bien des épreuves au pont de l’Epée. Gauvain opta pour un autre chemin : Le pont sous l’eau et Lancelot choisit le chemin le plus court : le pont de l’Epée. Lancelot finit par rejoindre Guenièvre et passa sa seule et unique nuit avec elle. À cause de cette unique nuit, Lancelot échoua dans la quête du Graal qui se refusa à lui.

… Comme le jour va déclinant, ils viennent au pont de l’Epée (…) Non, jamais on ne trouvera si mauvais pont, si male planche. D’une épée fourbie et blanche était fait le pont sur l’eau froide. L’Epée était forte et roide et avait deux lances de long. Sur chaque rive était un tronc où l’épée était clofichée (...) Ce qui déconfortait les deux compagnons, c’est qu’ils croyaient voir deux lions ou deux léopards à chaque tête  de ce pont, enchainés à une grosse pierre (…) Et lui (Lancelot) de passer le gouffre (...) Il se tenait bien sur l’épée qui était plus tranchante qu’une faux, les mains nues et les pieds déchaux, car il n’avait laissé aux pieds souliers, ni chausses, ni avanpiés (…) Des mains, des pieds et des genoux il fait tant qu’il parvient de l’autre côté. Alors il se souvient des deux lions qu’il croyait avoir vu quand il était sur l’autre rive. Il regarde tout autour de lui. N’y avait pas même un lézard qui pût donner à craindre (…) Il voit soudain devant lui une tour plus forte qu’il n’en vit jamais. Le roi Baudemagus s’était accoudé à une fenêtre… (Lancelot, le chevalier à la charrette, Chrétien de Troyes) 

2)                  Les allégories du Christ

                     La Licorne ou l’incarnation du Christ

La scène présentée par le chapiteau est une chasse à la licorne ; à droite, derrière un arbre, se trouve un archer prêt à tirer. À gauche on voit une licorne dans les bras d’une jeune fille, une vierge et derrière elle se trouve le 2nd arbre qui clôt la scène. La licorne est un animal fabuleux qui symbolise la pureté. Elle a vite était utilisée pour symboliser le Christ. Selon les légendes, la licorne est immortelle et seules des vierges peuvent la toucher mais dès lors qu’une vierge la touche elle devient mortelle. C’est pourquoi la Licorne renvoie tout particulièrement à l’Incarnation, c'est-à-dire au processus par lequel le Fils de Dieu s’est incarné, s’est fait chair, a pris corps en la personne de Jésus Christ. Le Fils de Dieu était immortel et en s’incarnant dans le sein de la Vierge Marie, il s’est fait homme et est devenu mortel. L’archer symbolise la mort qui guette le Christ, la femme, la Vierge et la licorne le  Christ. C’est une invitation à méditer sur le  mystère de l’Incarnation : « (Le Christ) C’est l’unicorne spirituel qui en la vierge prit hostel » (Guillaume, clerc de Normandie, Le Bestiaire divin, v1210)

Le Pélican où la figure eucharistique du Christ

Ici nous avons une représentation classique du pélican, dans son nid avec ses petits qui se nourrissent à son poitrail qu’il a lui même ouvert. Au Moyen Âge, sur le plan iconographique, le pélican était représenté avec une tête d’aigle. Sur le chapiteau, même si elle est détériorée, la tête du pélican devait effectivement être de la taille de celle d’un aigle. Au Moyen Âge le pélican symbolisait le Christ se sacrifiant pour sauver l’humanité. Car selon une légende, le pélican quand il n’y avait plus de nourriture, s’ouvrait la poitrine pour nourrir ses petits de sa chair et de son sang. Une variante de cette légende dit que le pélican leur rendait la vie, en les arrosant de son sang. De plus, en hébreu, si on décompose le mot Abraham, on obtient : Ab (père) et Rarham (pélican), Abraham représente ainsi le père Pélican ou le père miséricordieux. Le pélican est une allégorie du Christ qui a donné sa vie pour sauver l’humanité et renvoie à la Cène, son dernier repas au cours duquel il institua l’Eucharistie que les chrétiens célèbrent chaque dimanche. 

Le lion : Le Christ vainquant la mort et le péché

Le Lion dans le christianisme est un symbole polysémique. Connoté positivement, il symbolise Saint Marc l’évangéliste, ou se rapporte à Saint Jérôme guérissant un lion ou bien encore à Daniel épargné par les lions. Le lion peut aussi symboliser le Christ lui-même grâce au livre de l’Apocalypse : « Mais l’un des anciens me dit : ne pleure point ; voilà qu’il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le descendant : il ouvrira le livre aux sept sceaux. » (Ap 5, 5). Le lion de la tribu de Juda c’est le Christ, il est alors signe de la force, de la justice, de la sagesse et du courage et souligne la royauté du Christ. Il symbolise aussi les rois et les évêques. 

Connoté négativement, il symbolise le diable, le mal, le péché. Cette symbolique négative vient d’une phrase de Saint Pierre comparant le diable à un lion, dans sa première épitre (lettre) : « Soyez sobres, soyez vigilants : Votre adversaire, le démon, comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie. » (1P 5, 8)

D’autres significations ont été proposées pour cette scène ; Yvain le chevalier au lion qui était servi par un lion. Les photos en gros plans indiquent clairement que l’homme lutte contre le lion. Samson luttant contre le lion (Jg 14,6), dans cette hypothèse, la lutte de Samson préfigurerait, celle du Christ contre la Mort. Comme tous les autres symboles du chapiteau sont profanes, il est plus probable que le lion soit aussi un symbole profane. Si on observe attentivement le visage de l’homme, ses traits semblent correspondre à ceux qu’on attribuait au Christ. C’est pourquoi il me semble préférable de présenter l’hypothèse du Christ combattant un lion comme symbole son combat contre le mal, la mort, et le péché. Jean le Baptiste présentait Jésus comme étant « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29) et c’est par le pardon que Jésus vainc le péché.

Le phénix : la résurrection du Christ

 Le Phénix est la dernière allégorie du Christ et évoque la résurrection du Christ. Cet oiseau fabuleux qui, dans la mythologie grecque, renait de ses cendres, christianisé, devient un symbole de la résurrection et nous propose donc de réfléchir sur l’événement fondateur du christianisme : la résurrection du Christ que les Chrétiens célèbrent chaque année à Pâques. 

La résurrection concerne tous les hommes et désigne le fait de passer de la vie terrestre, mortelle, à la vie immortelle auprès de Dieu, dans un corps glorifié, immortel, et différent du corps terrestre. Dans les évangiles, Jésus « ressuscite » plusieurs morts comme Lazare (Jn 11,1-45) mais il ne s’agit pas de la même résurrection, en fait il les rend à la vie terrestre, dans leur corps mortel. Par ce signe, Jésus annonce sa propre résurrection, et celle de tous les hommes. En effet, avant de rendre la vie à Lazare, il affirme : « Moi, je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et croit en moi ne mourra jamais. » (Jn 11, 25).  La résurrection diffère aussi de la réincarnation qui implique plusieurs vies et donc plusieurs réincarnations, la résurrection est unique et définitive.

III Interprétation 

1)      La composition ornementale

 Le second concile de Nicée en 787 affirme que le programme iconographique des églises relève de l’Église elle-même : « La composition des images religieuses n’est pas laissée à l’inspiration des artistes ; elle relève des principes posés par l’Église catholique et la tradition religieuse. L’art seul appartient aux peintres et la composition aux pères. »  C’était donc le clergé qui choisissait le sujet et la composition des ornements de l’église, l’artiste, les exécutait. Certes il pouvait parfois laisser libre cours à sa fantaisie mais seulement dans des parties peu visibles de l’édifice. Ici nous avons vu que les chapiteaux faisaient partie des zones utiles à la méditation et à l’édification des fidèles. Ce chapiteau même s’il développe des scènes d’adultère, fait intégralement partie d’un programme iconographique prévu par le clergé.

2)      Le message du chapiteau

Le chapiteau nous propose quatre scènes, illustrant les mésaventures de figures illustres du savoir ou de la chevalerie, chrétiennes ou pré chrétiennes, dominées par leurs passions. À ces quatre scènes, le chapiteau oppose quatre scènes illustrant l’histoire de salut, c'est-à-dire le plan de Dieu pour sauver tous les hommes, dans les évangiles. Quatre scènes décrivent la chute de l’homme, quatre scènes décrivent son relèvement. Ce chapiteau développe donc le thème de la fidélité inconditionnelle de Dieu à ses promesses. La fidélité de Dieu n’est pas conditionnée par la fidélité de l’homme. Dans l’Ancien Testament, « L’alliance de Dieu avec Israël est vue sous l’image d’un amour conjugal exclusif et fidèle. » (CEC, N° 1611). C’est pourquoi l’article 1647 du Catéchisme de l’Église Catholique précise que la fidélité des époux qui ont reçu le sacrement du mariage représente la fidélité de Dieu à son alliance, du Christ à son Église. Dans le livre d’Osée, Dieu demande à Osée le prophète, de retourner auprès de sa femme qui commet l’adultère et se prostitue et de l’aimer comme Dieu aime son peuple qui pourtant se tourne vers d’autres Dieux (Os 3,1). L’adultère renvoie à l’infidélité du croyant envers Dieu, mais Dieu reste fidèle, il continue à aimer son peuple qui lui est infidèle et le sauve. Sur le chapiteau, l’alternance des scènes d’adultère et des scènes relatant l’histoire du salut, évoque cet amour indéfectible de Dieu pour son peuple, même si son peuple lui est infidèle.