Histoire de l'église Saint-Pierre

L'église Saint-Pierre a été fondée à la fin du Xe siècle et au début du XIe siècle, entre le château et l'Odon. Au Moyen Âge, la paroisse Saint-Pierre se situe donc dans l'un des principaux centres économiques de la ville, à la fois à proximité du château et du port.

Au XIIIe siècle, on assiste à la construction d'une nouvelle église au chevet plat, elle est élevée au bord de la rivière Odon qui coulait alors à ciel ouvert. Cette nouvelle construction symbolisait la réussite économique des marchands de Caen. De cette époque demeurent cinq travées à l'est de la nef dans sa partie gauche ainsi que la partie basse du clocher.

Au XIVe siècle, la nef ainsi que les parties hautes du clocher sont terminées. On ajoute à l'ensemble les portails de l'ouest et du nord. Au XVe siècle, on exécute les raccords entre la façade occidentale et l'abside.

En 1451, un missel est offert à l'église Saint-Pierre de Caen par Pierre Le Chevalier, Seigneur de Venoix et de Bernières-sur-Mer. Ce manuscrit se trouve aujourd'hui conservé au Musée des Beaux-Arts de Caen (coll. Mancel, Ms 237 (131)). La décoration, conforme à celle qui figure habituellement dans les missels, se répartit entre les pleine-pages, richement illustrées par la Crucifixion et le Christ en majesté entouré du symbole des évangélistes (le lion pour Marc, l'aigle pour Jean, le bœuf pour Luc et l'ange pour Matthieu), et les initiales historiées illustrant les principales fêtes de l'année. Malgré quelques archaïsmes dans la facture, le style du décor enluminé s'inspire des productions des ateliers parisiens du XVe siècle.

Au XVIe siècle, on modifie l'abside : un déambulatoire et des chapelles rayonnantes sont ajoutés au chœur remplaçant le chevet plat du XIIIe siècle. À partir de cette époque, plus aucune modification importante n'est apportée à l'église.

Depuis, Saint-Pierre a subi bien des vicissitudes.

Au XVIe siècle, les guerres de religion entraînent la destruction du jubé, des statues, des vitraux et des orgues. 

Pendant la Révolution, en 1791, le curé de Saint-Pierre, Charles-René Gervais de La Prise, est élu évêque constitutionnel du département du Calvados ; il démissionne quelques jours plus tard. En 1793, Saint-Pierre devient Temple de la Raison. En 1802, le Concordat y rétablit le culte catholique.

En juillet 1944, les bombardements en vue de la libération de Caen imposent de lourdes destructions : la flèche du clocher qui culminait à 72 mètres s'abat sur les voûtes de la nef qu'elle écrase. Le 7 juillet, les deux prêtres de la paroisse, le chanoine Pierre Ruel, curé, et l’abbé Michel Poirier, vicaire, sont tués sous les décombres d'une maison de la rue du Vaugueux avec 50 autres personnes. Une rue du quartier Vaugueux tout proche est dédiée au premier et le square qui longe l’église porte le nom du second. La réfection de la flèche et des voûtes, opérée par le Service des Monuments Historiques, ne sera achevée qu’en 1957.

En 1997, un nouvel orgue (37 jeux au total plus les couplages) est inauguré, œuvre du facteur Jean-François Dupont.

L’église Saint-Pierre est restée église paroissiale jusqu’en 1975. À cette date, Mgr Jean Badré, évêque de Bayeux & Lisieux, y crée un centre spirituel, confié d’abord à des prêtres du diocèse, notamment l’abbé Roger Basseville. Puis, à partir de 1979, cette mission est donnée à une équipe de Frères Prémontrés de l’Abbaye de Mondaye (située près de Bayeux), qui l’assument, avec des renouvellements successifs, jusqu’en septembre 2007. Le Centre spirituel Saint Pierre, rattaché à la Paroisse de la Sainte-Trinité depuis 2005, est ensuite sous la responsabilité de prêtres diocésains : le Père Xavier Signargout, devenu vicaire général le 1er septembre 2011, le Père Laurent Delbé puis le Père Michel Lemasson. 

Le Frère Philippe Olivier, entouré d'une équipe de laïcs, est nommé en septembre 2015 prêtre accompagnateur du centre Saint-Pierre.