Sophie Vaillant & Danielle Vincent

Infiniment nature

estampes et encres

du 28 avril au 29 mai 2022 du jeudi au dimanche de 15h à 19h

présence de Danielle Vincent tous les samedis et de Sophie Vaillant tous les dimanches

exposition organisée dans le cadre de la Fête de l'estampe 2022


© Sophie Vaillant


© Danielle Vincent




Sophie Vaillant et Danielle Vincent se sont rencontrées à l’atelier gravure de l’école d’art de Grenoble. Elles se retrouvent aujourd’hui à Alter-Art autour d’une thématique commune, l’univers de l’une faisant écho à l’univers de l’autre, avec le même émerveillement face à la diversité du vivant et des interactions entre les êtres. L’une et l’autre cherchent avec patience, dans la besace des signes de la nature, le chemin d’une image et d’une beauté. Travail lent, parfois ingrat, à lente incision de burin ou de pointe, à dépose précise d’aquatinte ou de vernis mou, à lent cheminement de l’eau forte, de la photogravure ou de la manière noire. Danielle Vincent dit « travailler avec le temps », et Sophie acquiesce. Mais à travers les gestes, la position du corps, des mains, la respiration, il s’agit d’entrer en contact avec la matière. Moment de méditation où l’espace-temps se concentre sur un être-là. «Rester sur le même dessin soir après soir : laisser travailler le temps. Le regard se tourne lentement vers l’invisible» écrivait Alexandre Hollan (Je suis ce que je vois, édition Erès).

Chez ces deux artistes, il y a évidemment la technique qu’on ne peut qu’admirer, à travers la représentation de deux univers.

Sophie Vaillant propose des estampes mais aussi des encres d’êtres hybrides, où l’humain rencontre le végétal, l’animal, personnages fantasmagoriques, paysages des contes : les racines des arbres flottent et parlent aux vivants, les chevelures sont papillons. « Foisonnement de la vie, étrangeté, complexité » dit-elle. Et l’on songe à Alice, au pays des Merveilles, s’y côtoient tout l’Étrange de l’enfance, l’obscurité des forêts et les heureux jours d’été.

Danielle Vincent a choisi, elle, un combat, pour une plante, la consoude ou «symphytum offinalis», engrais naturel et plante aux vertus thérapeutiques. Des lois ont décidé que, comme l’ortie, elle devait être soumise à des contraintes réglementaires et ont tenté d’interdire son libre emploi. Alors l’artiste utilise toutes les techniques de la gravure et de l’encrage qu’elle maîtrise de longue date pour nous la représenter dans tous ses éléments : tige, feuille, nervure… Chaque détail agrandi, multiplié, déroulé nous entraîne dans la complexité du vivant jusqu’à la lemniscate, ce huit à l’horizontale, symbole de l’infini, ruban de la vie. Comme le dit Gaston Bachelard, «la miniature est un des gîtes de la grandeur» (La poétique de l’espace, PUF, p 146).

C’est alors qu’on peut comprendre, en dehors du thème choisi, ce qui relie ces deux artistes : l’une comme l’autre, grâce à leur observation patiente du réel, dessinent une métamorphose. L’art trans-figure, à notre grand bonheur, et nous révèle un ici qui, au quotidien, nous échappe.

Janine Lautier-Desmazières (mars 2022)

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