Aurélie FASSION

Réminiscences.

Sérigraphies, volumes filaires et dessins

Exposition du 7 février au 3 mars 2019 du mercredi au dimanche de 15h à 19h.

Vernissage le jeudi 7 février à 18h

Présence de l’artiste tous les samedis et dimanches

Atelier d'écriture en écho avec l'exposition le mardi 12 février à 18h

atelier animé par Elisabeth Chabuel (participation aux frais de 10 euros; inscription par courriel)

© Aurélie Fassion

© Aurélie Fassion

"Proust est explicite : « La réalité ne se forme que

dans la mémoire », indique-t-il dans son premier livre. Et

la mémoire à son tour est une collection de traces, un

produit indirect du désordre du monde (…) "

Carlo Rovelli, physicien : L’ordre du temps

"Aurélie Fassion installe à Alter art ses volumes filaires. Des fils - synthétiques, mais aussi crins de chevaux, algues, cheveux, mousses - et des nœuds… Comme la Parque qui mesure le temps en tissant, l’artiste noue ses formes pour un cabinet de curiosités en volume. Un espace-temps vibre, dessine son ombre sur le mur, se déplie sous globes de verre, virevolte et se courbe, s’échappe telle une vibration de la lumière ou une onde sonore. Des formes à la fois simples et complexes, arborescentes, bouillonnantes, se déplient ou se centrent ou chutent : cellules, atomes, racines, flux… on ne sait. Mais la magie est là, un chaos ordonné, Apollon et Dionysos mêlés.

L’urgence, dit l’artiste, est de composer avec l’énergie du vivant.

Il s’agit de mettre en tension, « tension intérieurement active née du mouvement », un « lyrisme silencieux » dirait Kandisky, et de chercher un moment de grâce, quand tout à coup la forme se déploie et fait sens. Pas étonnant que l’artiste dise l’importance pour elle des éléments premiers : océan du côté de l’île de Ré, fougères des forêts primitives qu’elle dessine. L’esprit revient aux sources, sens premier de la réminiscence.

Et l’on voit alors le lien avec ses sérigraphies. Il s’agit du réel, toujours, non de reproduire une image mais de faire émerger la perception que l’on en a, nourris que nous sommes par nos cultures et civilisations, nos souvenirs aussi.

Gerhard Richter disait en 1981 : « Je voudrais obtenir une densité sans sentimentalisme, qui soit la plus humaine possible.»

Aucune figure humaine ici mais des paysages qui se divisent en rectangles, ou se centrent sur une cible. Les « motifs filtrants » (grilles, points…) appellent au recul, comme pour un tableau impressionniste.

Dans certaines Réminiscences la somptuosité des couleurs éclate, dans d’autres c’est la finesse des nuances, le miroitement de leur dialogue.

Le regardeur recompose son paysage, fut-il équatorial ou imaginaire selon les titres que donne l’artiste ; pour moi, telle sérigraphie devient l’apparition auratique d’une Aurore aux doigts de rose, tel un soleil nacré ; comme un cristal du temps qui multiplie ses prismes, « un lointain si proche soit-il » me fait face ; une force en action, une vitalité impressionne ma perception.

C’est bien l’évidence de l’art : il rend réel l’œuvre qui nous regarde, et ce que nous voyons nous rend un peu plus humain. "

Janine Desmazières (janvier 2019)

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