Au début un visage

" Le visage est presque toujours le « lieu » de la première rencontre.

Yeux , nez, bouche… Il suffit de les esquisser pour obtenir «l’empreinte» d’un visage et selon l’orientation des traits, une expression ou une autre émerge, une filiation avec un visage connu peut-être, une interrogation ou une confrontation avec une émotion.

Yeux éclairés, éveillés, éteints, hallucinés, regard baissé, regard offert, regard coléreux, chargé de magie… tout est possible.

J’ai utilisé avec le verre une approche du visage telle que je la trouve dans la nature, sur des pierres, des falaises, des morceaux de bois… esquissés à grands traits, évocation plutôt que portrait , en y introduisant la trans-parence du verre. Je joue sur cette frontière entre transparence et opacité, lumière et ombre, connu et inconnu.

Dans certaines pièces que j’appelle « Mondes en miettes » j’ai placé ce visage dans un cercle de miettes de verre refusionnées au four pour mettre en évidence la permanence du regard humain malgré toutes les «fractures» que nous subissons. Dans d’autres pièces je place le visage plutôt comme un protecteur bienveillant, un gardien. Quelquefois seul un œil scrute le spectateur dans l’épaisseur des couches de verre.

Chaque visage est une rencontre insolite, une expérience, un champ ouvert, un face à face quelquefois déroutant, quelquefois percutant, quelquefois tranquille... "

Isabelle Baeckeroot

© Isabelle Baeckeroot - photo S. Nagy