Histoire de la vigne et du vin en Ile De France
Le vignoble Francilien fut à une époque le plus grand vignoble de France: au XVIII siècle il s'étendait sur environ 42000 ha.
L a vigne a été introduite par les Grecs 600 ans avant JC, puis fut développée par les Romains.
Au fil des siècles, elle s'est répandue à travers toute la France.
Au III siècle, elle atteignit la Champagne puis le Nord du pays.
En 281 Rome autorise la plantation de vigne à Lutèce afin d'honorer Bacchus. La vigne s'acclimate fort bien sous ces climats.
En 360 Lutèce était alors l'une des quatre capitales du vin avec Bordeaux, Narbonne et Trèves.
Au moyen âge, les moines reprirent l'exploitation des vignobles: l'abbaye de Chaalis vendangeait àThorigny et celle de Saint Germain Des Prés à Suresnes
Au VII siècle, on note que les monastères de Lagny et Chelles cultivent la vigne
Au IX et X siècles, l'abbaye de St Maur des Fossés possédait une vigne à BUSSY qui produisait environ 600 litres par an.
Les vins de France (Ile de France) étaient de bonne qualité et s'exportaient vers la Picardie, la Flandres, voire la Hollande.
Au XVI siècle l'accroissement de la population parisienne entraîna une production privilégiant la quantité et non plus la qualité. On planta des ceps productifs mais de qualité médiocre.
Un arrêté du parlement de Paris du 14 août 1577, interdit aux marchands de vin et cabaretiers Parisiens de s'approvisionner à moins de vingt lieues de leur ville (88km)
La demande se tourna dès lors vers des régions facilement accessible tel l'Orléanais, la Touraine...
Ne pouvant plus vendre leur vin, les vignerons le gardèrent pour la consommation locale.
Les meuniers étaient autorisés à vendre le produit de leur travail et avait le droit d'exploiter une vigne au alentour de leur moulin. Galettes et vin devaient être consommés sur place, donnant ainsi lieu à de joyeuses libations. Le vin dégusté propre à l'Ile de France, le guinguet, était tellement aigrelet "qu'il aurait fait danser des chèvres" Est-ce là l'origine, incertaine, de nos guinguettes?
5 juin 1731 un arrêt du conseil du Roi Louis XV, ordonne qu'il ne sera plus fait aucune nouvelle plantation de vignes.
"La trop grande abondance des plants de vignes dans le royaume occupait une trop grande quantité de terres propres à porter des grains ou à former des pâturages, et causait la cherté des bois... et multipliait tellement la quantité des vins, qu'ils en détruisaient la valeur..."*
En 1785, Louis XVI fit ériger les barrières de l'octroi autour de Paris; on y percevait une taxe sur les denrées de base dont le vin.
L'instauration de cette fiscalité eut pour conséquence l'installation de guinguettes hors des murs de la ville et sur les bords de la Marne. Ne payant pas de droits elles prospérèrent. Les consommateurs affluèrent: le prix de la pinte était bien inférieur aux prix du vin dans la capitale.
Les vignes se répandirent dans notre région.
Au XIX siècle, la vigne devenait l'une des principales activités et les vins se vendaient bien.
Boisson quotidienne de la population, on le consommait épicé ou coupé d'eau.
Les attaques du mildiou et de l'oïdium au milieu du XIX siècle ravagèrent les plantations.
En 1887 l'avènement du chemin de fer permit d'acheminer avec facilité les vins de Bordeaux et de Bourgogne d'une qualité supérieure. Cette concurrence entraîna la régression de la production Francilienne .
Vers 1900, le phylloxéra, minuscule puceron arrivé des Etats Unis donna le coup de grâce au vignoble en s'attaquant aux racines et en suçant la sève.
Les pieds de vigne sont arrachés et remplacés par des arbres fruitiers, très souvent des pommiers.
L'industrialisation et l'urbanisation galopante amènent le déclin des vignobles de nos régions. la production du vin devient anecdotique et semble appartenir au passé.
Mais c'est sans compter les passionnés de la viticulture ; en 1965 Suresnes remet en production une parcelle de vignes sur les pentes du Mont Valérien. D'autres communes de Seine et Marne suivent cet exemple
Ces initiatives permettent de retrouver le patrimoine viticole, les racines d'une culture (les fêtes des vendanges, les saints patrons protecteurs...)
*"Code rural ou maximes et règlement concernant les biens de campagne"