Pompon Voltaire

Et lorsque la mathématique de la pensée alterne avec le goût de la simplicité,

c’est le triomphe de l’humain, c’est le triomphe du Théâtre ! - Anne Bourgeois

L’esprit au service de I’amour,

le génie au service du bonheur et de la joie.

Emilie du Châtelet et Voltaire : le couple, le plus brillant, le plus intelligent, le plus drôle, le plus torride du 18eme siècle.

Une liaison, scandaleuse, certes pour l’époque, mais reconnue et acceptée par I’opinion publique, et par le Roi, puisque marquée par le sceau du génie !

Ces deux belles âmes ne pouvaient que se rencontrer, se confronter et s’adorer sur I’autel des Lumières et le lit de l’amour.

Poussons donc la porte du château de Cirey, demeure d’Emilie, et tels des voyageurs indiscrets mais privilégiés, assistons à leurs ébats quotidiens à leurs querelles, à leurs fou rires, au feu d’artifice de leur esprit et de leur intelligence.

Une vraie leçon de bonheur !

Au-delà des Lumières, Emilie et Voltaire, deux phares de la pensée française, qui ne s’éteindront jamais.

Le mot d'Anne Deleuze et Yvan Varco sur notre Livre d'OR

La communication aux Amis de Livres en Scène

En décembre 2010, nous étions au Studio Hébertot pour assister à un spectacle directement issu du livre de poésie de Patrick de Carolis « Refuge pour temps d’orage ». Depuis cette date nous n’étions pas retournés dans ce petit théâtre de création.

Aujourd’hui, c’est la relation tumultueuse entre Emilie du Châtelet et Voltaire que nous vous proposons de découvrir dans une pièce que nous avions eu la chance de voir avant son départ pour Avignon où elle a rencontré beaucoup de succès. Cette pièce est jouée par un couple de Comédiens, Anne Deleuze et Yvan Varco, brillants et passionnés par cette aventure hors norme.

Dans ce contexte nous avions contacté Madame Elisabeth Badinter qui a écrit il y a une dizaine d’année, une biographie de référence sur Emilie du Châtelet, féministe de la première heure, mais l’Auteure ne souhaite s’exprimer que sur sa prochaine parution.

« Pompon* Voltaire »

Le mercredi 9 novembre à 20h40

(Lever de rideau à 21 heures)

Au Studio Hébertot

78bis, boulevard des Batignolles 75017 Paris

Métro : Ligne 2 et 3, Station Villiers

Bus : Ligne 30 Arrêt Rome ou Villiers, Ligne 53 Arrêt Rome Batignolles

Ligne 66, Arrêt Bld des Batignolles

Parking de l’Europe Bld des Batignolles

* « Pompon » est le sobriquet adorable dont l’honorable Voltaire affuble sa bouillante maîtresse, la très érudite, Emilie du Châtelet. Il trouve son origine dans le fait qu’Emilie du Châtelet était une grande spécialiste de la traduction de la pensée de Newton et de « sa pomme » qui lui inspira, par sa chute, les lois de l’attraction universelle.

La pièce dure une heure et quart, aussi nous vous proposons un souper à deux pas du théâtre en compagnie des deux comédiens désireux d’avoir votre opinion sur ce couple inattendu.

Menu

La dénomination des tables

Discours sur le Bonheur

Le Discours sur le bonheur est une œuvre dont on a longtemps mal jugée la grande franchise. Mme Du Châtelet s’y montre très épicurienne : « Il faut, pour être heureux, s'être défait des préjugés, être vertueux, se bien porter, avoir des goûts et des passions, être susceptible d'illusions, car nous devons la plupart de nos plaisirs à l'illusion, et malheureux est celui qui la perd. […] On est heureux que par des goûts et des passions satisfaites. »

Une rencontre historique

En 1733, lorsqu'il rencontre Émilie, Voltaire ą 39 ans et est déjà un auteur confirmé, un poète reconnu et un homme d'affaire avisé. Elle a 28 ans et vit la vie d'une femme de la haute société parisienne. Dès leur première rencontre, ils se sont sentis attirés l'un à l'autre.

Evoquant Émilie, Voltaire écrivait à l'un de ses amis: "Tout en elle est noblesse, son attitude, ses goûts, le style de ses lettres, sa manière de parler, sa politesse... Sa conversation est agréable et intéressante." Ils avaient beaucoup à se dire. Ce fut la rencontre de deux grands esprits


Principes mathématiques de la philosophie naturelle

Cet ouvrage en latin est l'œuvre maîtresse d'Isaac Newton. Il est publié à Londres en 1687. C'est la troisième édition latine, de 1726, dont le texte aura été révisé et enrichi une dernière fois par Newton, qui est généralement considérée comme de référence.

La traduction française par Émilie du Châtelet fut publiée à Paris en 1756, sous le titre Principes mathématiques de la philosophie naturelle.


Critiques Féminines

Les propos de la marquise sur « Pompon » : Représentez-vous une femme grande et sèche, le teint échauffé, le visage maigre, le nez pointu, de petits yeux vert de mer, sans hanches, la poitrine étroite, de gros bras, de grosses jambes, des pieds énormes. Le rire glapissant, la bouche plate, les dents clairsemées et extrêmement gâtées.

Quelque célèbre que soit madame du Châtelet, elle ne serait pas satisfaite si elle n'était pas célébrée, et c'est encore à quoi elle est parvenue en devenant l'amie déclarée de M. de Voltaire ; c'est lui qui donne de l'éclat à sa vie et c'est à lui qu'elle devra l'immortalité. »


Emilie du Châtelet

Gabrielle Emilie du Chatelet nait en 1706 à Paris, fille de Louis Nicolas le Tonnelier, baron de Breteuil. Elle est la 5ème de 6 enfants. Elle bénéficie de tous les privilèges qui sont le propre d'une famille unie, riche et noble.

Elle coule des jours heureux dans le grand hôtel particulier familial de la paroisse St Roch, quartier élégant de Paris. Ses parents tenaient Salon tous les jours et recevaient les meilleurs esprits de l'époque, dont Fontenelle, écrivain secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences.

Elle doit à son père une instruction et une éducation rarement dispensée aux filles à cette époque. Il avait décelé les dons exceptionnels de sa fille. Il lui enseigne le latin, elle apprend le grec ancien, l'allemand. Elle apprend à jouer du clavecin, elle aime la danse, le théâtre et chanter l'opéra.

A 19 ans, elle est mariée au marquis Florent Claude du Chatelet, âgé de 30 ans, gouverneur de Semur en Auxois. Pris par sa carrière militaire, se rendant compte des capacités intellectuelles de son épouse, il la laisse vivre librement. Le couple aura 3 enfants.

En 1734, elle fait la connaissance de Voltaire alors qu'il est en disgrâce. Elle l'accueille chez elle dans son château de Cirey. Voltaire a 39 ans. Cette liaison va durer 15 ans. C'est lui qui l'encourage à entreprendre la traduction des "Principia Mathematica" de Newton.Après avoir eu la chance d'avoir un père conscient des talents multiples de sa fille, elle a celle d'avoir un compagnon qui la considère comme son égal. Voltaire se montra toujours admiratif, louant son intelligence et ses qualités dont celle, non des moindres, de ne jamais médire des autres dans n monde brillant, certes, mais aussi méchant que spirituel.

Emilie du Chatelet passe pour avoir un tempérament de feu. Nul doute qu'elle aime jouir de tous les plaisirs. Il a fallu qu'elle aime profondément Voltaire - dont la sensualité était plutôt chiche - pour vivre avec lui dans un état de semi-frustration !

Emilie était impérieuse et dominatrice jusque et y compris sur le chapitre des divertissements. Adorant jouer dans les pièces de théatre et chanter l'opéra, elle force tout le monde à en faire autant sur un rythme d'enfer. Puisqu'elle dort peu, elle force elle impose une cadence infernale à ses invités.

Mme du Chatelet n'est pas généreuse ni de son argent, ni de son temps, ni de son coeur. Elle n'a donné d'elle même - et sans compter - qu'à Voltaire qui le lui a bien rendu, mais elle a gardé tout le reste pour elle, particulièrement son énergie, son temps, son intelligence.

Voltaire, le premier, la compare sans cesse à un grand homme. Elle lui apparait comme un être androgyne, femme d'apparence homme par l'esprit. A plusieurs reprises il la qualifie gentiment de "Madame Pompon-Newton" voulant dire qu'elle restait femme par son amour des fanfreluches et homme par son gout non moins immodéré de la physique et de la géométrie.

Bien plus tard, lorsque la marquise affirmera qu'elle a passé sa vie dans l'indépendance, elle ne dira que la vérité. Le phénomène était d'autant plus remarquable que Mme du Chatelet partageait la vie d'un des hommes les plus brillants du siècle, qui aurait pu jeter de l'ombre sur sa personne : grâce à la personnalité d'Emilie et au féminisme tolérant de Voltaire il n'en fut rien.

A son arrivée à Lunéville, en 1746, à la cour de Stanislas Leczinsinsky, elle s'éprend du poète Saint-Lambert et délaisse Voltaire avec qui elle restera liée d'amitié. Trois ans plus tard, elle donne naissance à une fille : l'enfant et la mère meurent 6 jours plus tard, en septembre 1749. Saint-Lambert et Voltaire l'auront assistée jusqu'au dernier instant.

C'est Voltaire qui se charge de faire publier la fameuse traduction que son amie avait faite du Traité de Newton et qu'elle avait envoyée à la bibliothèque du Roi Louis XVI.

Emilie du Chatelet repose en l'église paroissiale Saint-Jacques de Lunéville.