La Promesse de l'Aube Franck Desmedt

Dans son roman, Romain Gary raconte sa jeunesse, son déracinement, sa relation à sa mère qui l’élève seule. Elle rêve de grandeur pour lui. Il n’aura de cesse d’essayer d’être à la hauteur de ce rêve. Sur scène, passant de la mère étouffante d’amour à la femme de ménage espiègle, du grand De Gaulle à une galerie de petits parisiens qui traversent la terrible guerre, Franck Desmedt retrace avec virtuosité l’itinéraire de l’un des auteurs les plus mystérieux, le seul à avoir obtenu deux fois le prix Goncourt…

Le mot de Franck Desmedt sur notre Livre d'Or

La communication aux Amis de Livres en Scène

Enfin, l’horizon sanitaire semble enfin s’éclaircir et nous espérons que chacun d’entre vous a pu passer cette période délicate dans les meilleures conditions.

Reprendre le chemin des théâtres et des rencontres littéraires nous semble la façon la plus exaltante de retrouver un certain "goût" de vivre ensemble.

Dans cet état d’esprit, nous avons eu beaucoup de plaisir à répondre à l’invitation du Lucernaire pour assister à la prestation théâtrale exceptionnelle du comédien Franck Desmedt, consacrée une fois encore au chef-d’œuvre de Romain Garry, La Promesse de l’Aube.

Nous étions divisés sur cette proposition, puisque le même sujet avait été abordé par Stéphane Freiss, en février 2020 au Poche Montparnasse, avec lequel nous avions passé une agréable fin de soirée.

"S’il est vrai qu’ouvrir un livre de Gary, c’est consentir de passer du rire aux larmes", il en est de même pour la nouvelle version théâtrale à laquelle nous avons assistée. Nous avons découvert avec admiration un acteur chevronné, titulaire d’un Molière en 2018, mais aussi Directeur du Théâtre historique de la Huchette. Au service de son talent multi-facettes, il nous propose une adaptation personnelle et originale de la relation mère – fils décrite par Romain Gary dans son roman.

Ainsi, nous sommes très heureux et enthousiastes de vous proposer cette pièce qui marquera la reprise de nos rencontres, tant attendue, selon l’expression de certains d’entre vous.

Bien évidemment, nous vous proposons de dîner sur place dans le restaurant du Lucernaire qui a été rénové pendant la pandémie. Franck, dînera en notre compagnie et ne manquera pas à cette occasion de vous faire partager tout l’intérêt qu’il porte au roman qu’il a personnellement adapté pour le théâtre.


"La Promesse de L’Aube "

Le mardi 21 septembre à 18 heures
(Lever de rideau à 18h30)

Au Théâtre Lucernaire

53 rue Notre-Dame des champs, 75006 Paris
Métro : Notre-Dame des Champs (ligne 12) -
Vavin ou Saint Placide (ligne 4) - Edgar Quinet (ligne 6)
Bus : Lignes 58, 68, 82, 91, 94, 96

La note de l'Auteur

Romain Gary raconte sa jeunesse, son déracinement, sa relation à sa mère qui l’élève seule. Elle rêve de grandeur pour lui. Il n’aura de cesse d’essayer d’être à la hauteur de ce rêve.

Passant de la mère étouffante d’amour à la femme de ménage espiègle, du grand De Gaulle à une galerie de petits parisiens qui traversent la terrible guerre, Franck Desmedt retrace avec virtuosité l’itinéraire de l’un des auteurs les plus mystérieux, le seul à avoir obtenu deux fois le prix Goncourt…

« Comment restituer sur scène le formidable univers de ce roman autobiographique?

Avec la complicité de Stéphane Laporte, nous avons tenté dans la première partie du spectacle, de restituer l’atmosphère anxiogène des années d’enfance et d’adolescence.

« Etre conforme aux rêves de grandeur que sa mère avait pour lui », voilà ce qui forgea ces années-là. Dans cette première partie, nous avons pensé l’espace scénique en fonction de cette présence maternelle, lourde, insupportable, en fonction de cet amour fou, en fonction de cette foi inconditionnelle d’une mère envers son fils ; de cette mère qui s’épuisa à gagner de l’argent, sacrifiant pour ce fils sa vie personnelle et sa santé.

Nous avons donc travaillé en premier lieu l’incarnation de ce personnage central, ancienne actrice russe, juive, pauvre et divorcée, qui avait une revanche à prendre sur la vie et deux armes : une détermination d’acier et un fils qu’elle destinait à des gloires susceptibles d’éteindre le feu de toutes ses humiliations.

Sur scène, nous voulions faire en sorte qu’elle soit toujours présente lorsqu’elle n’était plus incarnée par le comédien. Nous avons donc pensé la scène en partie couverte d’une ombre. Une ombre qui rappelait sans cesse à elle ce fils adoré lorsqu’il entrait en pleine lumière, mais qui le rappelait, comme pour lui reprocher immédiatement de quitter la lumière dans laquelle il venait d’entrer…Impossible relation. Nous voulions, d’une certaine manière, penser la scène comme le moyen d’illustrer un déchirement. Déchirement d’un brillant parcours où l’intelligence et l’humour affleurent sans cesse mais où l’angoisse n’est jamais loin. Déchirement de ne pas réussir à temps les projets grandioses de cette mère diabétique et condamnée. Déchirement d’une intuition : ne jamais retrouver sur sa route un amour aussi puissant que cet amour maternel.

Dans la deuxième partie de notre adaptation, l’adolescent fait place à l’homme.

Sur scène, l’ombre a disparu et la guerre de 39-45 est déclarée.

Il fallait illustrer l’arrachement à cette mère. Le dispositif scénique a changé, la mère n’est plu. C’est à distance et par le truchement de lettres énigmatiques que la mère se manifestera désormais…

La volonté de Gary était de rendre hommage à sa mère et de lui témoigner sa fidélité.

De ce fait, la performance est moins dans l’incarnation successive de la quinzaine de personnages qui traversent notre spectacle, que dans la restitution de cet amour impossible, pierre angulaire de l’oeuvre.

La première partie est un va-et-vient douloureux entre Gary et sa mère, la deuxième partie un impossible va-et-vient entre Gary et l’idéal qu’elle avait pour lui. »

Franck Desmedt

19 Avril 2020