On a enlevé le Seigneur

On a enlevé le Seigneur

et je ne sais où on l'a mis.

Pourtant ce matin encore sombre,

ce matin gris, tout semble changer.

Le monde autour du tombeau vide

semble un paradis.

Le silence railleur se dissipe.

Et voici, au milieu des fleurs, le jardinier :

''Si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi...''

Mais soudain j'entends mon nom,

il m'appelle et je suis, dans son appel je suis,

la cendre s'envole dans le vent de l'Esprit.

C'est Toi, c'est Toi, je Te reconnais Rabbouni.

Ton corps transfiguré se dévoile

en remplissant tout.

Il est cet Amour qui fait

que les hommes sont mes frères.

Tu es là, invisible dans le pain

et dans le vin

et dans tout visage,

tu es là.

Olivier Clément