3a tappa / 3ème étape

Cahier de route écrit par Pascale

18 avril 2010 - 26° jour

Siena - Colle Val d'Elsa - 27 km

À 8 heures, ce dimanche matin, nous nous retrouvons devant la façade du duomo de Siena, sous la statue de saint Michel, prêts à partir pour la troisième étape de notre « route de l'ange » : Siena - Pontremoli.

La ville, baignée de soleil matinal est quasi déserte. Des amis d'Emmanuel sont là. Ils accompagnement notre équipe jusqu'à la chapelle St Michel à 6 kilomètres. Cette fois-ci les pèlerins sont Mirella, Tiziana, Mauro, Fabio, Emmanuel et moi.

Nous confions notre route au Seigneur et partons.. Arrivés à St Michel, nous célébrons la messe dominicale, aux côtés de l'archange dont la fresque orne le mur. Cette église romane bâtie sur une colline, domine la ville. Elle surplombe l'hôpital de Siena : saint Michel, l'accompagnateur des souffrants et des mourants veille discrètement sur ce monde médical, où travaille Emmanuel.

Dans le jardin, nous partageons un copieux petit-déjeuner, on nous remplis les poches de gâteaux, chocolat... Et on se sépare.

La campagne est magnifique ; la terre humide, fraîchement labourée, a une couleur très particulière, « terre de Sienne », qui contraste de façon éclatante avec le vert tendre de la végétation printanière. Les fleurs explosent de partout. Nous allons d'un bon pas, tout fringants. Nous passons devant de beaux bâtiments: manoirs, villages de la renaissance, églises...

Nous arrivons, de collines en vallons, à Monteriggioni, célèbre village fortifié. Nous découvrons, en traversant le cimetière, un joli jardin à l'herbe douce; repas à l'ombre des oliviers, au pied des remparts.

Avant de reprendre la route nous prions dans l'église. Je m'y attarde car je bavarde avec des français, puis, voulant rattraper les autres, je fonce, hors de la ville. Personne! Je me retrouve seule, sans savoir où aller, ni possibilités de les joindre. J'attends. Les français passent devant moi, et me disent qu'on me cherche! En fait, il y avait 2 portes dans cette ville, et les autres m'attendaient à l'autre porte.

Un peu plus loin, nous traversons une foret, qui longe une vallée. Je suis derrière, je me prends les pieds dans une racine, et me voilà cul par dessus tête! J'ai plus de peur que de mal, mais mon égo de pèlerine en prend un coup!

Il commence à faire bien chaud. Nous nous arrêtons à Abbadia Isola, village blotti autour de son abbaye romane. Mauro, Fabio et Tiziana vont bon train, leurs langues aussi fonctionnent bien. Mirella, discrète, avance le pas rythmé par ses 2 bâtons de marche. Emmanuel, l'appareil photo dégainé capture ses impressions.

Le soir nous arrivons à Colle Val d'Elsa devant l'église St Martial où nous attend don Enrico. Il nous accueille avec beaucoup de simplicité et de gentillesse. Mauro et Mirella cuisinent une pasta pour nous tous.

Après le dîner Enrico et Tiziana jouent à la wi, devant Fabio et Mauro, affalés dans des canapés.

19 avril 2010 - 27° jour

Colle Val d'Elsa - Gambassi Terme - 29 km

Lundi 19 Avril 2010. Nous traversons Colle Val d'Elsa, les enfants vont à l'école. La campagne s'égoutte après la pluie de la nuit. Nous marchons sur un joli chemin de terre, traversons un vallon humide et montons à Colle Alto. Là, dans un jardin, 2 loups d'Italie nous regardent passer. Leur étonnant regard, sauvage et doré a un goût de grands espaces.

Sur la place, Bruna vient à notre rencontre; petite, vive, curieuse, une vraie gamine de 80 ans. Notre carte de visite en main, elle raconte avec un humour malicieux l'article que son journaliste de petit fils a écrit sur elle : la guerre, son mari prisonnier, les bombes...

Plus loin, nous entrons dans l'église santa Maria delle Grazie, là une fresque de Saint Michel nous fait signe. De collines en collines nous approchons de San Gemignano. Cette ville est célèbre pour ses tours, emblèmes de la richesse de certaines familles de la renaissance. Nous empruntons une ligne de crête parsemée de fleurs, traversons des fermes où on nous souhaite bonne route avec le sourire. San Gemignano n'en fini pas d'approcher. De détours en détours (Emmanuel nous balade) nous arrivons chez Anna et Piero à Monte Olivetto, petit hameau surplombant la ville. Ils nous reçoivent pour un délicieux et abondant pique-nique. Vins, charcuteries fines, fruits, fromages, tout est excellent et servit avec le cœur. Anna est tracassée, elle s'est retrouvée embarquée dans une drôle d'histoire à cause du Coran. Un algérien cherchait à obtenir le livre pour son frère. Après bien des démarches elle en a trouvé un. Elle a appris que le lecteur est en prison, très malade, et que son frère est venu en Italie pour le ramener afin qu'il puisse mourir en Algérie. Compte tenu de l'état critique du détenu, le directeur de la prison a accepté qu'il s'en aille, mais il faut une autorisation de la police. Anna se torture les méninges pour savoir quel service contacter, les heures du malades étant comptées. Elle explique donc son angoisse à Manou, le quel lui répond calmement : « Tu cherches la police? La police vient à toi .» Devant son air ahuri, Emmanuel lui explique que Maoro est policier! Celui-ci, quelques coups de fils plus tard, a résolu le problème. Nous sommes émerveillés par cette rencontre providentielle! Anna, apaisée et joyeuse nous offre un petit ange en terre-cuite... Michel est étonnant!

Après notre prière de mi-journée prenons congé d'Anna et de Piero, et entrons dans San Geminiano. Les rues étroites, bordées de hauts palais en pierre débouchent sur une grande place. Les boutiques regorgent de sacs en cuir multicolores, de spécialités locales alléchantes...De quoi faire craquer le touriste, mais le pèlerin qui porte tout sur son dos, reste sobre. On se repose sur les marches de la cathédrale. Maoro et Fabbio nous quittent, ils doivent reprendre le travail.

Nous voilà 4. La marche est nettement plus silencieuse. La route asphaltée épouse de douces collines. Nous arrivons à Cellole où une allée de vieux cyprès mène à l'église médiévale...Fermée! Nos pieds commencent à cuire. Tiziana a pris mes chaussures, et moi, mes tennis. Plus loin, c'est Pancole, et son sanctuaire « de la divine providence » : espèce de gros gâteau à la vanille construit au bord d'une paisible vallée. La seule chose qui me plait (un peu) dans cette église, rebâtie après la guerre, c'est un tableau illustrant les bombardements, avec saint Michel protégeant la population des bombes. Mais l'ensemble est tellement laid (à mon goût) que je préfère attendre au soleil en regardant la lumière jouer avec le ruisseau. Devant l'église, il y a une crèche avec des santons à taille humaine, Mirella a la taille des bergers! Nous n'avons plus trop de kilomètres à faire, 5 d'après le curé. Nous serons donc à l'heure pour la messe de 6H à Gambassi Terme!

La route est belle, bordée de cyprès, elle longe de grosses fermes toscanes et coupe à travers champs. Nous traversons des rivières, grimpons des collines, marchons, marchons...et 5 kilomètres plus tard, la ville est encore bien loin! 10 bons km après, nous voilà enfin à Gambassi! Devant le presbytère une fresque, vestige de l'ancienne église, représente notre Archange : n'ayons pas d'inquiétude, il veille sur notre étape! Effectivement, Don Evaristo nous ouvre son école: chacun choisit sa classe pour dormir. La douche est froide, mais ça fait du bien. Nous allons fêter cette journée assez fatigante au restaurant « Non sull collo », et couchés sur nos rouleaux, nous dormons comme des bébés.

20 avril 2010 - 28° jour

Gambassi Terme - San Miniato Basso - 27 km

Mardi 20 avril 2010. Nous quittons Gambassi de bon matin; route à flanc de colline, chemin traversant des crêtes sauvages, parsemées de fermes isolées. Devant sa maison, Franco nous appelle. Quand il comprend que nous sommes des pèlerins, il nous raconte ses rencontres de la via Francigena, où nous sommes. Il nous vante la beauté de sa campagne, et pendant qu'il parle, 2 biches détalent, aussitôt saluées par son rire sonore.

Un peu plus loin, Emmanuel propose de faire une pause, mais la courageuse Tiziana, qui lutte pas après pas pour avancer, décline l'offre. Mirella l'accompagne. Je m'arrête pour écrire des cartes postales. Sur la colline d'en face, un berger rassemble ses moutons à grands cris, plus loin, un homme dresse son cheval. Je laisse Manou à ses photos, et reprends la route. Hésitante, à un carrefour, je demande mon chemin à 4 personnes, dans mon plus bel italien, et avance rassurée... dans la mauvaise direction. Heureusement que Manou a un sifflet très aiguë, fournit avec son sac à dos. Il me siffle, et me remet sur le bon chemin.

Celui-ci domine des ravins, serpente à l'ombre des arbres, longe des oliveraies. C'est très beau! Nous retrouvons Tiziana et Mirella : c'est l'heure du pique nique.

La factrice arrive en scooter, je lui confie mes lettres qu'elle prend avec un grand sourire.

L'après midi, la route, baignée de soleil, est toujours aussi belle. Approchant de San Mignato, nous nous désaltérons dans un bar. (Sauf Tiziana qui, tenace, continue d'avancer à son rythme, aidée par un des bâton de Mirella). La famille qui tient le bar nous fait très bon accueil : elle nous propose de tamponner nos crédentiales, elle nous questionne sur notre route Michaëlique, sur notre site internet, puis elle nous parle du pays, : ce qu'il faut voir à San Mignato, de quoi vivent les habitants, la crise économique qui touche la région...

Nous traversons la ville bâtie toute en longueur à flanc de colline que domine un donjon. En haut une belle place à arcades, aux façades ornées de peintures murales, donne sur deux grands escaliers en pierre menant à une église et une terrasse qui surplombe toute la vallée. Tiziana est assise, tranquille. Nous visitons l'église, sa façade en brique est décorée de faïences rondes, blanches et bleues, encastrées dans le mur, on dirait de gros yeux qui veillent. L'affiche placardée sur la porte du musée d'art sacré, c'est ...Michel! Tout va bien!

Des sœurs de Calcutta nous indiquent l'heure de la messe, et c'est un prêtre du Rwanda, le père Simon, qui la préside. Après la messe, il nous parle (en français) de sa douleur toujours aussi vive liée au génocide.

Nous descendons à San Mignato basso. Il y a là bas, nous a t-on dit, un lieu d'accueil aménagé pour les pèlerins. Nous arrivons à « la Miséricordia », où un petit studio, frappé du logo de la via Francigena nous attend : 4 lits, une table, quelques chaises et une douche chaude.

« La Miséricordia » existe depuis 1244 en Toscane, c'est la plus ancienne association de premier secours d'Europe : accident de la route, transports médicalisés, centres ambulatoires spécialisés, institut pour handicapés, aide à domicile pour les gens malades ou isolés, obsèques...et maintenant accueil des pèlerins. La Miséricordia fonctionne grâce au dévouement des bénévoles, médecins ou non ; il suffit de promettre que l’on donnera un peu de son temps et de s'y tenir. La formation pour les jeunes bénévoles est très professionnelle, et l’assistance morale bien réelle.

La Misericordia est une ONG à la pointe de la médecine d’urgence. Elle ne vit que de donations et sait évoluer avec son temps: elle est désormais présente à l’étranger. http://www.misericordie.org/

Ici à San Mignato Basso, le local est neuf, grand, bâtit avec beaucoup de moyens. Entrent et sortent des bénévoles de tous âges, tous styles : de la jeune punk au retraité à l'allure militaire, tous se sentent chez eux et ont des tâches bien précises.

21 avril 2010 - 29° jour

San Miniato Basso - Capannori - 33 km

Mercredi 21 avril 2010. Reposés nous partons à la recherche d'un bar pour le petit déjeuner : cappuccini et croissants qui n'ont rien à envier à ceux de France.

Nous traversons San Mignato Basso, autrefois surnommée Pinocchio. Je vais saluer sa statue, au milieu d'un rond-point, ayant une grande tendresse pour ce pantin têtu. À part Pinocchio, la ville n'a pas grand intérêt. Les voitures défilent à vive allure sur la route étroite, on décide de la longer sur une digue pour éviter de se faire rouler sur les pieds. On traverse l'Arno, verdâtre et trouble, et entrons dans une autre ville. Depuis San Mignato Basso nous sommes dans la plaine ; villes et villages se succèdent et s'étalent, reliés par des zones industrielles. Nous arrivons à Ponte a Cappiano, jolie village construit au bord d'une rivière. Au bar sur la place : arrêt cappuccino, sur fond de marteau-piqueurs et de véhicules de chantiers...La place se refait une beauté!

Nous quittons la plaine et cherchons la via Francigena. Une dame nous explique qu'elle passe devant sa maison, et qu'un Danois, une nuit, il y a longtemps y a planté sa tente. N'empêche qu'on ne la trouve pas trop. On marche sur la route, bruyante et dangereuse, où derrière chaque tournant nous redoutons les camions. On croise un peloton de cyclistes, dont l'un tout étonné, dit à ses copains qu'il nous a vus la veille. À Galleno, nous retrouvons les balises, et le chemin est tellement paisible, piqueté de boutons d'or et de pâquerettes, qu'on décide de s'y arrêter pour manger. On s'installe à côté d'une borde médiévale...combien de pèlerins sont passés par là? Justement en voilà 2. Un peu gênés, à cause de notre déballage qui barre toute la route (linge qui sèche, sacs éparpillés, matelas pour s'assoir....), nous leur proposons des gâteaux. Ils acceptent, et on commence à parler. Quand ils apprennent qu'on marche sur la route de l'ange, Gabriel regarde attentivement Manou, et lui dit « Tu es Emmanuel », Et Maria, sa femme me dit, « Et toi, tu es la sœur! » Et Gabriel d'expliquer que notre site est dans ses favoris, qu'il a longuement marché lui aussi sur la route de l'ange. Qu'à l'heure de la retraite il était déprimé et se sentait fini, et que, depuis qu'il marche, seul et surtout avec sa femme, il revit, d'une façon dense et féconde. Nous nous quittons réjouis. La route traverse une forêt de pins, puis la campagne où la végétation explose au soleil du printemps. Nous nous acheminons vers Altopascio. Après avoir longuement marché dans les faubourgs, nous voilà au cœur de ville, sous le campanile de l'église, au bar. L'église a de très beaux vestiges médiévaux, mais, au fil des siècles, elle a été remaniée, et l'ensemble assez hétéroclite n'est pas du plus bel effet. Nous reprenons la grande route, sous le soleil. C'est assez pénible, mais on avance. Nous arrivons à Porcari, ville interminable, toute en longueur. On traverse de gros ronds-points. On se sent un peu décalés, à pieds avec nos sacs, au milieu du flux automobile.

On approche de Capannori. On sent dans cette plaine que l'on parcourt depuis Altopascio, la présence d'anciens marais. Tout le long de la route, désormais nettement plus calme, on admire de belles granges, aux murs rythmés de briques ajourées où les paysans faisaient sécher les herbes. Nous arrivons devant l'église de Capannori. Federico nous accueille avec enthousiasme dans la maison paroissiale. Il est pèlerin, lui aussi, et se met en 4 avec Pasquale, pour que l'on soit au mieux. Il nous ouvre le théâtre. On déplies des tables dans le parterre, pour manger la pasta au lait et à l'ail cuisinée par nos hôtes, sous les conseils de Tiziana. On débouche des bouteilles de vin. Puis on se couche sur scène.

22 avril 2010 - 30° jour

Capannori - Borgo a Mozzano - 25 km

Jeudi 22 avril 2010. Lucca est à 6 kilomètres. C'est là que Tiziana nous quitte pour retrouver sa famille et son travail. Elle est clown-esthéticienne. Ses enfants, en plus du papa et de l'école, étaient sous bonne garde de leur grand-mère. Mais la maman de Tiziana, ne comprenant pas trop ce que sa fille fait sur les routes, ne cessait de lui téléphoner en se plaignant. Tiziana a tenu bon, malgré ses jambes raides et ses pieds plein d'ampoules. Une fois à Lucca, elle est en tête. Bien sûr le train n'attend pas, mais elle veut visiter les choses les plus remarquables, avant de partir. Lucca est magnifique. C'est une ville, ceinte de remparts, avec des rues toutes en courbes, aux noms angéliques : Saint Michel est le patron de la ville, et c'est pourquoi nous sommes ici. On accède à la Piazza dell'anfiteatro par des passages sous les maisons. C'est une grande place ronde, construite autour d'un amphithéâtre romain. Les églises blanches, avec leurs campaniles, la façade ornées de colonnes et de sculptures sont plus belle les unes que les autres. L'église saint Michel est l'ancienne cathédrale, construite en 1070. La façade délicatement ouvragée du XIII ème n'est qu'un entrelacs d'animaux, de feuillages, de personnages, rythmé par des colonnes en marbre, le tout surplombé d'une grande statue de l'archange. À l'intérieur, les fenêtres en albâtre filtrent la lumière. La grande croix byzantine, au dessus de l'autel est illuminée. C'est là que Tiziana prend congé de l'ange.

Après son départ, nous cachons nos sacs dans une chapelle de l'église, et avec notre guide Giuliana, une amie d'Emmanuel, nous visitons plus tranquillement la ville.

Le duomo abrîte le célèbre Volto Santo : crucifix byzantin en bois sombre du XIIIe siècle. La beauté de son visage attirait au Moyen Âge de nombreux pèlerins. On croyaient qu'il était sculpté de mains d'anges. La Basilica di San Frediano est ornée de mosaïques byzantines, représentant l'ascension de Jésus. À l'intérieur, on reconnaît saint Michel sur les fonds baptismaux du XII ème.

À Lucca je dois m'acheter des chaussures ; mes pieds sont des machines à fabriquer des ampoules : 6 d'un côté, 3 de l'autre. Nous tombons nez-à nez sur Andrea, un ami de Manou. Il nous emmène dans un magasin de sport. Conseillée par notre équipe, j'opte pour des sandalettes, où des ailes sont estampillées sur les semelles. Pour la route de l'ange c'est peut-être pas mal?

Puis Andrea nous invite à déjeuner chez lui. Ce repas servi avec tant de gentillesse est un beau moment de convivialité.

Nous récupérons nos sacs et sortons de Lucca. Nous croisons des pèlerins Allemands en route pour Rome. Nous décidons de quitter la Via Fracigena pour prendre la route du « Volto Santo », c'est à dire celle que prenaient les pèlerins pour se recueillir devant le crucifix du duomo de Luccca. C'est un peu plus long, mais beaucoup plus joli. Cette route longe le Serchio à travers les Alpi Apuane, et traverse une très belle région : la Garfagnana. Nous marchons sur une ancienne nationale abîmée par des années de trafic incessant, heureusement les voitures passent aujourd'hui sur l'autre rive. Au fur et à mesure des kilomètres, le paysage devient plus montagneux. La vallée encaissée, contourne les parois rocheuse des montagnes. Elle longe des usines à papier au bord du fleuve, des carrières de pierre...Manou avait annoncé une petite journée de marche. Mais depuis ce matin, en plus des kilomètres parcourus à Lucca, il me semble qu'on a beaucoup de kilomètres dans les pattes. Il commence à faire sombre, on est désormais obligés de marcher sur la nationale à côté de la voie ferrée, et nous sommes passablement fatigués. Quand on voit qu'il y a une pizzeria avec des chambres à louer, Mirella et moi suggérons qu'on s'arrête là. Pas de chance, tout est pris. Les routiers ont garé leurs camions. Chacun à sa table, dans le restaurant, ils sont tournés vers la machine à vider la tête qu'est la télé italienne. Nous téléphonons à la paroisse la plus proche, pas de réponse. Nous contactons le curé de Borgo a Mozzano, il nous renvoie sur la Misericordia. Là, il y a de la place pour nous, mais c'est nettement plus loin qu'on ne pensait! Puisqu'il est tard, ils nous proposent de venir nous chercher... en ambulance! Quel plaisir et quel luxe!

Quelques minutes plus tard, nous arrivons dans une Misericordia, flambant neuve, où des bénévoles de tous âges nous accueillent avec un grand sourire. Ce soir, il y a une réunion importante là bas. Gabriel, le responsable de cette Misericordia nous présente son collègue, Gabriel, le responsable de toutes les Misericordie d'Italie. Puis, après avoir timbré notre crédentiale avec un tampon de 1897, il nous emmène dans un ancien couvent de capucins, partiellement transformé en maison de retraite. Dans la salle à manger, notre couvert est mis, et un plat fumant nous attend! Ces Gabriel sont de vrais anges!

23 avril 2010 - 31° jour

Borgo a Mezzano - Castelnuovo Garfagnana - 27 km

Vendredi 23 avril 2010. Aujourd'hui, c'est mon anniversaire! 50 ans. Nouvelle dizaine, nouvelle vie! Je suis contente de franchir cette étape sur la route de l'ange.

Nous prenons notre petit déjeuner dans le réfectoire des capucins. Là, comme à chaque étape, une image d'ange nous fait signe. Ici, c'est une petite affiche. Nous sommes accompagnés!

Premier cadeau, le cappuccino : il est gargantuesque!

Nous quittons nos hôtes, et reprenons la route. Les maisons du village, en pierres rustiques, ont un air montagneux. Il commence à pleuvoir : « Pluie du matin ne décourage pas le pèlerin » : on sort nos imperméables, nos parapluie, et on continue. Nous passons devant le « pont du diable », un élégant pont du XIII, à 5 arches, qui enjambe le Serchio.

Nous retrouvons pendant quelques kilomètres la grande route. Le souffle fatal d'un camion a raison des baleines de mon beau parapluie de Faicchio! Mirella me propose de m'en offrir un autre. Nous marchons dans une interminable zone urbaine, et arrivons pour le repas à Gallicano.

Deuxième cadeau : la visite surprise d'Andrea qui aujourd'hui travaille dans le village. Il nous retrouve au bar. Nous visitons avec lui la vieille ville, avec ses moulins à papier.

Nous quittons la vallée, la pluie redouble. Emmanuel récupère dans un fossé un vieux parapluie qu'il me tend. Avec Mirella, nous faisons des langues étrangères : elle rafraîchit ses connaissances en français, et moi je progresse besogneusement en italien. Nous grimpons, courbes après courbes. Les vignes ici sont plantées de façon étrange, chaque cep est bien attaché contre une grande perche. Nous arrivons au col, plus qu'à se laisser descendre jusqu'à Castelnuovo di Garfagnana. C'est un gros bourg fortifié. Nous franchissons les remparts, et allons à l'église pour la messe. Pour une fois, nous sommes en avance.

Troisième cadeau, Maria et Désiré sont là. Elles étaient avec nous de Rome à Sienne, et elles viennent passer la soirée avec nous. Lors de la messe, le curé don Gian Franco, propose à ses paroissiens de prier pour moi en l'honneur de mon anniversaire! Et à la fin de la messe, Emmanuel, pour me faire plaisir, chante un très émouvant « Salve Regina » !

Don Alexandro nous montre où dormir : c'est un palais, fraichement rénové, adossé à la cathédrale, avec pléthore de chambres et de salles de bain, une cuisine immense et dans le salon, plein de nourriture pour la Caritas. Alexandro nous propose de faire comme chez nous. On débouche avec lui la bouteille de champagne, offerte par Odile, que j'ai ramenée de France!

Puis, Maria, Desiré, Mirella, Manou et moi allons festoyer au restaurant!

24 avril 2010 - 32° jour

Castelnuovo Garfagnana - Minucciano - 28 km

Samedi 24 avril 2010. Après avoir quitté Maria et Desiré, nous sortons de la ville sous un ciel très nuageux. Le paysage montagneux, avec des lacs, de vieux ponts, les arbres en fleurs, les vignes, est très beau par temps gris...et même sous la pluie qui s'est remise à tomber drue. Mirella m'offre un parapluie à Campogiano. Au pied de la citadelle, on s'engouffre dans un café pour se faire sécher. Les habitués sont un peu désolés pour nous, leur région est si belle, et le temps si humide!

Nous voilà repartis, la pluie est plus impressionnante quand on n'est pas dessous, mais quand on marche, on n'a pas froid, et je suis très contente du parapluie neuf de Mirella.

Quelques kilomètres plus tard, un premier rayon de soleil déchire les nuages. La nature s'égoutte, la forêt embaume l'humus et la résine. Nous traversons un hameau, « Serchio », construit sur une boucle de la rivière, de gros blocs de marbres gisent dans son lit. (Carrare est tout près). Son église s'agrippe contre un énorme rocher

La route longe une gorge ; on entend la rumeur du Serchio, tourbillonnant entre les roches, les éboulis et les arbres agrippés aux parois. Nous franchissons le pont de Piazza al Serchio, et entrons chez Laura, qui vend des fruits et légumes. Elle nous accueille avec une délicieuse et rafraîchissante orange. Elle est une très bonne commerçante, mais elle a à faire à des pèlerins : on ne prend que le minimum pour ne pas charger nos sacs. Quand elle a compris qui on est, émue par notre démarche et nos pieds fatigués, elle fait notre publicité à ses clientes. Elle nous conseille de continuer par son hameau où l'église, à côté du pont médiéval, est dédiée à St Michel.

Nous trouvons un mur, bien large, où s'installer pour piqueniquer. Le temps se dégage tout à fait, et on a la surprise de découvrir une chaîne de montagne enneigée.

Pour passer chez Laura, il faut traverser la gare, les rails, les entrepôts de marbre, mais le hameau vaut le détour, même si l'église est fermée. Les gens font sécher leurs parapluies, le soleil chauffe bien, c'est quand même mieux! Nous grimpons vers un village perché sur une montagne. Le chemin ombragé qui y mène est couvert de grandes fleurs violettes. Pas de bar à Nicciano, mais une fontaine avec une eau bien fraîche. Plus loin, nous arrivons dans le parc régional des Alpi Apuane. La route est calme, nous ne croisons que 2 cyclistes qui font l'aller et le retour. (Sans doute est-ce une des rares zones plates du secteur)? En pleine nature, au bord d'un grand virage, il y a 3 maisons : celle du dentiste dont en entend la fraise fonctionner, une grange et...un bar. Tous contents, on pousse la porte, et on est assaillis par des cris, des vociférations, des rires...Ce petit café est un vrai tripot: autour d'une dizaine de tables, des hommes de tous âges jouent aux cartes sous l'œil blasé et les oreilles saturées du barman.

Nous continuons à monter à travers une grande forêt. Nous arrivons au grand lac de Gramolazzo. Ses rives sont décorées de statues en marbre, Carrare est de l'autre côté du sommet. Le bourg s'étire le long de l'eau. Sur un banc, des grands pères nous regardent passer. L'idiot du village que nous intriguons, tourne autour de nous, avec son vélo. Nous apercevons une abbaye romane de l'autre côté du lac.

Nous franchissons le col par un tunnel, et descendons à Minucciano. Construite sur une hauteur autour d'une tour ronde, elle surplombe la vallée. Ses maisons serrées les unes à côté des autres forment une ceinture infranchissable. Nous traversons rapidement le village, car nous allons à l'ermitage bénédictin, et les vêpres vont bientôt commencer.

Dans la chapelle, peint sur le tableau au dessus de l'autel, à la gauche de Marie : saint Michel!

Les deux ermites, la longue barbe effilée sont vêtus d'une robe noire et coiffés d'un petit calot en laine. La liturgie est d'inspiration orientale. Ils psalmodient les psaumes, encensent longuement et largement l'autel, la bible, l'assemblée et tout l'édifice. Ils prennent leur temps et y mettent tout leur cœur. Après vêpres, un frère nous montre notre petite maison. Emmanuel fait ronfler le poêle à bois, car il fait assez froid, pendant que Mirella, infatigable, cuisine une pasta à son image : bonne et simple. Moi, je ne fais rien, je récupère!

25 avril 2010 - 33° jour

Minucciano - Monti - 32 km

Dimanche 25 avril 2010. Nous quittons l'ermitage, et filons pour la messe, quelques kilomètres plus loin. C'est dimanche, il est tôt ; la route est à nous. Nous descendons de la montagne, respirons l'air pur et embaumé de la forêt. En bas, la vallée est traversée par de paisibles rivières. La campagne ressemble à un jardin bien tenue, minutieusement cultivée. Le coucou chante, le soleil brille, c'est vraiment le printemps! D'ailleurs, en arrivant à Casola in Lunigiana l'affiche « Fiera del Cucù » le confirme!

Don Daniele, propose à Emmanuel de dire la messe; il est ici en remplacement et a encore 3 messes à dire. Je suis étonnée de constater qu'il reste avec nous pendant la messe, comme un simple pratiquant. Les personnes nous font bon accueil. Certaines sont très émues par l'homélie de Manou. Après la messe, le bar, puis nous nous hâtons pour Codiponte, où nous voulons aller visiter l'église romane dotée d'une piscine baptistère. Nous sommes surpris par de puissants vrombissements : des voitures de rallye nous croisent à vive allure. Quel contraste avec tout à l'heure, et avec nos pas si lents!

Don Daniele nous double en klaxonnant, c'est le lui curé de Codiponte. Pendant qu'il se change pour la messe, nous avons le temps d'admirer l'église en pierre, aux chapiteaux naïfs, et le baptistère.

En sortant, nous rencontrons Franco, qui nous interroge. «Faites-vous cette marche pour expier vos péchés? » Nous lui répondons que cette route de l'ange n'est pas une via crucis, mais plutôt une via Lucis. Alors, avec un réel talent de conteur il nous raconte la légende du Volto Santo, et le pèlerinage qu'il a a suscité. Franco s'occupe, au sein d'une association, à réhabiliter ces chemins qui vont à Lucca.

Nous poursuivons notre route. Une troisième fois, Don Danièle nous double. Cette fois-ci, il nous propose de nous emmener plus loin en voiture, mais nous refusons. Il nous dit son désir de marcher avec nous, lors d'une prochaine étapei.

À Gassano, dans le village, nous trouvons un bar ouvert. Il est calme et clair. Ella, l'hôtelière, nous confectionne des sandwichs avec des produits simples et excellents. Elle les dispose dans de jolies corbeilles. Quelques habitués viennent discuter, elle les écoute avec bienveillance. 4 hommes s'installent pour déjeuner. Au moment de partir, Emmanuel leur demande des renseignements sur la route à prendre. Les explications sont longues et confuses, j'en profite pour parler avec Ella. Russe, elle travaille en Italie depuis 10 ans pour payer les études de son fils. Elle me confit sa douleur de vivre si loin de lui et de ses montagnes natales. Un jour, elle a rencontré un pèlerin qui s'était mis en route car sa sœur était gravement malade, et ça l'avait fortement touché. Elle aimerait pouvoir partir comme nous.

Après Gassano, nous passons par Soliera. C'est la fête au village : au bord de la rivière sur une grande prairie, la foule se presse autour des tracteurs, des vaches et moutons, des plantes à repiquer... Il y a du monde partout. Nous nous frayons difficilement notre chemin le long des rues. Nous passons devant une ancienne abbaye et redescendons dans une grande plaine. Le calme de cette petite route ce dimanche est relatif, on croise sans cesse des voitures qui se rendent à la fête de la saint Marc.

À plusieurs reprise, nous nous dirigeons à l'instinct : les routes goudronnées sont parfois beaucoup moins directes que les anciens chemins, souvent abandonnés. Ça nous donne l'occasion de patauger dans des rivières, traverser des fermes, couper à travers champs. Mais globalement, on économise beaucoup de kilomètres. Le relief est à nouveau nettement plus accidenté, et au milieu d'une forêt, sur une hauteur déserte, on est un peu perdus. On guette les voitures pour demander notre route, mais il n'y a personne. Aussi, après s'être confiés à l'archange, on laisse tomber un bâton de marche: la pointe sera notre destination. Et nous voilà sur une petite route. Assoiffés, nous frappons dans une ferme. Au bout d'un moment, une voix fluette nous répond. C'est Lina, une vieille dame qui nous ouvre en robe de chambre. Elle est très étonnée de nous voir là, et nous indique vaguement la direction. Un peu plus bas, dans un hameau, un chasseur nous explique précisément le chemin, en nous prévenant qu'il n'est pas facile à trouver. Au début, tout va bien, une large allée empierrée descend jusqu'à la rivière. Puis, dans un champs...Et on ne trouve pas la suite. On décide d'aller droit devant nous. Escaladant une pente abrupte, nous tirant, nous poussant à travers les taillis touffus et les ronces, on parvient sur un chemin de crête. On souffle un peu. Mirella sort de son sac une tablette de chocolat! Elle est étonnante, son sac est tout petit, et pourtant elle a toujours une surprise à partager. À croire que c'est un sac magique!

Une fois sur le chemin nous marchons d'un bon pas. Le problème c'est qu'on ne sait pas trop de quel côté se diriger. En forêt on est vite désorientés. On tourne en rond pendant quelques kilomètres, puis on déniche un sentier qui descend en direction de Monti. On longe des murs fait de grosses pierres rondes, coupées en 2, on traverse un vieux pont, passons devant une église, un château...Nous sommes à nouveau sur le chemin du Volto Santo, si riche en patrimoine. À Monti, nous frappons au presbytère. Pas de chance, le curé n'est pas rentré de la sortie paroissiale, et pourtant, il y a des locaux, mais celui qui nous renseigne, n'a pas la clé. Il nous conseille d'aller au bar; il a des chambres à louer.

Luisa nous prépare une somptueuse chambre, avec 3 lits et des draps. C'est fou comme on apprécie!

Avec son mari, ils étaient propriétaires du bar. Désormais à la retraite, ils viennent d'ouvrir ces chambres d'hôtes. Pendant qu'elle fini d'arranger la chambre, elle nous propose de dîner au bar. Là, c'est la soirée foot. Les supporters se serrent autour de la télé pour nous faire de la place. Nous dînons, bien contents d'être arrivés dans une si chaleureuse maison.

26 avril 2010 - 34° jour

Monti - Pontremoli - 26 km

Lundi 26 avril 2010. Nous parlons avec Louisa de notre marche, de ses projets, et c'est avec émotion que nous nous séparons. Voici les coordonnées de son gîte : http://www.casagiarelli.com/

En sortant de Monti, nous prenons un ancien chemin. C'est une belle allée pierrée traversant les bois. Puis nous continuons sur une petite route ensoleillée. Les montagnes semblent lointaines. De loin en loin nous admirons des villages perchés sur les collines. Après avoir franchit un vieux pont en pierre, nous arrivons à Virgoletta, petit bourg médiéval serré dans ses remparts. Nous continuons sur Villafranca in Lunigiana, on y retrouve la via Francigena. Là, nous prenons notre café dans un grand bar spacieux. Nous achetons ce qu'il faut pour le piquenique, et repartons. Mirella est inquiète depuis plusieurs jours : on a découvert des nodules chez sa sœur qui a subit toutes sortes d'examens, et malgré les rendez-vous auprès des spécialistes, personne ne peut lui dire précisément ce qu'elle a.

Nous quittons Villafranca en passant par Filetto, place forte, ceinte de murs. Et on emprunte un chemin, qui passe à travers champs, loin des routes et de l'asphalte. Nous ne sommes plus qu'à une dizaine de kilomètres de Pontremoli. Dans un champ d'herbe douce, nous déjeunons, et faisons une sieste, à l'ombre des arbres, bercés par le chant des oiseaux.

Bien reposés, nous repartons. Cette fois-ci, le chemin suit la ligne des crêtes, il longe la vallée d'où monte le bruit du trafic automobile. Ici, le calme, la paix. Même les vaches se détendent, et paissent tranquillement sur notre route. En arrivant à Filattiera, Mirella reçoit un coup de téléphone : sa sœur a enfin ses résultats : tout va bien, les tumeurs ne sont pas malignes. Mirella en pleure de joie et de gratitude : « Vraiment Michel est grand! » Dans le village un groupe de personne prend le frais. On se salue, puis on les interroge à propos d'une vielle tour remarquée plus bas. Un homme sort de sa maison un livre à la main, et photos à l'appuie, il nous raconte avec enthousiasme le riche patrimoine de Filattiera.

On descend dans la vallée vers Pieve di Sorano, où l'église médiévale vaut le détour. En attendant, voici un bar : pause cappuccino! Prepre gare son estafette et vient nous parler sur la terrasse où nous sommes installés. Il nous raconte son association, comment l'été les villages débordent de vacanciers, les fêtes qu'ils organisent, les jumelages avec ceux qui sont partis il y a plusieurs décennies vers des terres plus prospères...Et il nous offre la tournée.

Nous visitons l'église, et suivons la grand route. La ciel s'est couvert, il commence à pleuvoir. Nous marchons d'un bon pas.

Pause photo devant la borne « Pontremoli ». Nous y sommes! Mais la ville, tout en longueur s'étire sur des kilomètres. Désirant arriver pour la messe à temps, nous accélérons le pas. Pontremoli était une riche ville commerçante. Construite sur la via Francigena, grâce à ses nombreux ponts enjambant les 2 fleuves, elle était un lieu de passage obligé. Elle conserve de ce passé glorieux de nombreux vestiges ; églises, couvents, palais aux cours aménagées en patio, un des plus vieux théâtre d'Italie, une citadelle...Au 6 ème siècle, l'Irlandais saint Colomban, est venu de Saint Malo jusqu'ici, raffermir la foi des chrétiens, en fondant des abbayes sur sa route, aux règles assez austères. C'est dans l'église Saint Colomban où nous allons à la messe.

Comme dans la plupart des églises italiennes rencontrées jusqu'à présent, l'aménagement intérieur se conformant au goût du jour, époque après époque, on a du mal à imaginer l'église primitive sous cet amoncellement.

Dans la chapelle où se déroule la messe, au dessus du maître autel, une statue de la vierge, d'une beauté très relative, a la tête couronnée de lumières électriques. J'ai du mal à faire abstraction de tout ce fatras de pieuseries si éloignées de la simplicité de l'Évangile.

Après la messe, on nous propose de dormir dans l'ancien pensionnat de l'école. Un jeune homme, dynamique et enthousiaste nous fait visiter les lieux. Lui habite au dernier étage. Il se spécialise dans la météo et a installé sur le toit du pensionnat, des appareils à mesurer la pression atmosphérique, une weebcam pour mettre des image de Pontremoli sur internet...Il prévoit pour les heures qui suivent des orages. Pour nous, la marche est finie...Qu'importe!

En sortant de l'école, il nous présente un professeur avec qui Emmanuel a correspondu par mail. Cet homme, enseignant l'histoire, est lui aussi, amoureux de sa ville. Ils nous parle de toutes les choses à y découvrir. Il nous dit, attristé, qu'en 50 ans, la population est passée de 20 000 à 5 000 habitants. Ils sont partis ,jusqu'aux années 70, en Amérique, Suisse, Canada...Et, la citée, à cause de cette hémorragie, est devenue un bourg endormi.

Il nous propose de goûter la spécialité locale, les testaroli. Cette recette date de la Rome impériale. C'est (si j'ai bien compris), une sorte de pâte séchée et réhumidifiée à la vapeur, agrémentée de sauces relevées. Justement, en face de la place, il y a un restaurant où la serveuse a un sourire radieux.

Le cadre est très chaleureux, et Monica, (la serveuse) a au dos de son teeshirt, des ailes d'anges imprimées...Michel a vraiment de l'humour!

Tous 3, nous passons une bonne soirée. Nous prévenons Fabio, Mauro et Tiziana : l'étape est terminée avec succès! Puis nous nous couchons. Pendant la nuit, un magnifique orage éclate.

Le lendemain, on va à la gare, pour connaître les horaires de nos trains respectifs. Et j'apprends que je dois partir à 9h si je veux être à Paris le soir. Moi qui n'aime pas les « adieux » interminables, je suis servie. Mirella fonce m'acheter des vivres, nous buvons un dernier cappuccino, et je monte dans mon wagon.