Ouchba

L' Aspirant Jean-Charles POINT, nommé sous/lieutenant, ( sursitaire & ctg 58/2B) à la 12e compagnie du 3e Bataillon du 7e RI, dont le PC était à Béni Mester. J' ai été chef de section à la ferme Toro, (3/6/1959 -15/08/1959) puis à la ferme Fabre,(16/08/1959 - 25/11/1959) toutes deux près de Turenne. Puis à la ferme Coll, à Aîn Fezza et à Ouchba avant de partir en SAS (08/04/01960.).

OUCHBA

Le sous-lieutenant Point mit pied à terre, devant lui un lourd portail hérissé de barbelé. Trois hommes l'attendaient : Larbi, le chef du village, Ahmed, le caporal-chef responsable du groupe des douze harkis et le sergent-chef Bernard D... qui commande ce poste jusqu'à ce jour avec une dizaine d'appelés dont deux instituteurs. La cour principale avait cinq côtés. L'entrée principale protégée par deux blockhaus. Des bâtiments préfabriqués, une cuisine et une petite salle à manger et un réfectoire se répartissaient tout autour de cet ensemble dominé par un haut mirador.

Le sergent-chef D... lui montra sur la carte les vastes limites de son secteur qui lui était confiée qui comprenait tout le massif du Douar Ifri, celui du djebel Oum el Allou et la forêt d'Ifri culminant à 1101 mètres d'altitude. Au centre se situait le village d'Ouchba. Il lui précisa que ce poste était réactivé que début septembre qu'il n'y avait plus de présence de militaires depuis le début de l'an passé, date à laquelle le groupe d'auto-défense fut renforcé par un groupe de harkis qui occupa ces lieux. À son arrivée deux classes ont été créées pour scolariser les plus jeunes enfants du village; les plus grands vont à l'école d'Aïn Fezza. Deux fois par semaine une petite équipe accompagne le personnel de l'AMG sur la place centrale du village. Pour la sécurité du village l'auto-défense se compose de dix-huit volontaires sous les ordres de Larbi, chef de la commune. Chaque soir, un groupe contrôle les trois points d'entrée du village, l'autre groupe fait des patrouilles et le troisième est au repos. Pour le moment tout se passe bien. Le chef D... poursuit avec le groupe des harkis qui sont originaires de la région et qui connaissent très bien les lieux et les familles, c'est l'élément fort sur lequel il s'appuie. Pas d'accrochage à ce jour. Après le passage des consignes le chef pouvait rejoindre sa compagnie avec les appelés en laissant les deux instituteurs, le cuisinier et son aide ainsi que le groupe des harkis.

Le jour même Point reçu des nouvelles consignes de son capitaine en poste à Aïn Fezza venu lui rendre une visite avant d'aller voir le nouveau dispositif à Oum el Allou commandé par le sous-lieutenant Dunon. Ce renforcement en hommes et en moyens ne plut guère à Larbi qui pensait être dévalorisé dans son commandement et perdre sans doute son ascendance dans la région. Pour le chef de section il était impossible que pendant ces huit mois que rien ne se soit passé dans ce secteur véritable zone refuge et voie de passage discrète entre Tlemcen et la région des Abdellys. Il estima donc de mettre au plus tôt un plan de recherche du renseignement en liaison avec son ami Dunon. Cela devait rester discret selon les consignes du commandement : plus d'opérations importantes, même pas au niveau du bataillon. Dans son secteur la population était essentiellement musulmane, sa mission était d'y maintenir et d'étendre la sécurité, de développer toutes les actions de pacification et de connaître au plus tôt "les durs et les mous" qui la composaient et quelle était la proportion de ceux qui pensaient vraiment à une indépendance de l'Algérie. Sur le terrain les grandes bandes rebelles avaient été éliminées; maintenant il fallait poursuivre cette lutte contre des éléments résiduels. Chaque famille devait pouvoir vivre sans crainte, travailler dans ses champs comme dans son atelier ou son petit commerce, se déplacer en toute sécurité. Pour le chef de poste se contenter d'une recherche du renseignement sans faire usage des armes. Il fallait laisser croire à toute la population que l'on considérait que "leur zone était pacifiée et exempte d'activités rebelles."

Le lendemain tout le poste est en effervescence pour les travaux d'entretien et d'amélioration du système de défense. Pendant ce temps, Point établissait une répartition de tâches en prenant soin de former quatre éléments mixtes : chaque équipe de ses deux groupes était renforcée de trois harkis sous l'autorité des sous-officiers chefs de groupes et du sergent-chef Mégueni nouvellement promu. Le groupe du caporal-chef Antoine et ses hommes libérables sont restés à la ferme Coll pour leur libération prévue le 15 février. Le caporal-chef Hamed acquit de nouvelles et plus importantes responsabilités auprès de son groupe de harkis en les habillant d'une tenue identique, en choisissant parmi de ses pairs ceux qui tiendraient le rôle de chef d'équipe, de tireur d'élite et du tireur FM et de la mise sur pied d'une période de formation.

Avec Marcel, cuisinier de formation et ayant travaillé dans un petit restaurant de Nantes, ils visitèrent la petite cuisine et le magasin où étaient entreposés les vivres livrés deux fois par semaine. Le réfrigérateur était une vieille chose qui paraissait venu tout droit d'une ancienne boucherie avec ses lourdes portes en bois. Il était grand consommateur d'électricité alimentée par un petit groupe électrogène qui participait également à l'éclairage de la cuisine et de la petite salle à manger attenante réservée aux cadres ainsi qu'un petit bar chichement approvisionné. Marcel régnait en maître en ces lieux, aidé d'un factotum autochtone, qui par les mystères de l'administration militaire, bénéficiait d'un statut très spécial et se trouvait là depuis la création du poste. Abdelkader, commerçant au village qui allait chercher son poisson frais à Beni-Saf avec sa vieille bagnole toute rafistolée, vendait pratiquement une partie de sa cargaison le vendredi au cuisinier.

Avec les deux instituteurs, sursitaires formés à Nantes qui n'avaient pas encore enseignés avant le service national et se disant satisfaits d'avoir cet emploi, ils visitèrent les deux salles de classe. Point s'enquit de leurs besoins dévolus au capitaine commandant la SAS d'Oued Chouly. Son intention était de former plus d'élèves du village en jouant sur les horaires des cours dans l'attente d'une nouvelle recrue. Marcel l'un des deux instituteurs était responsable de la classe des plus petits, ils avaient entre cinq et six ans et Jacques dirigeait la classe des plus grands. Quand aux fournitures scolaires c'est l'air de la débrouille, le haut commandement imposait d'ouvrir de nouvelles écoles sans fournir les moyens.

Lors d'une visite du capitaine Rival, commandant la SAS d'Oued Chouly dont dépendait Ouchba et Oum el Allou, celui-ci lui promit une équipe d'AMG ( Assistance Médicale Gratuite) composée d'un sergent du service santé avec trois infirmiers, appelés du contingent et de deux conducteurs l'un pour l'ambulance et l'autre pour une jeep qui escorterait l'équipe pour ses déplacements à Oum el Allou avec trois des hommes du poste. Ils demeureront sur place ce qui fait gagner un temps précieux en évitant le long déplacement d'Oued Chouly. Pour loger cette équipe et établir une infirmerie on y construisit un petit baraquement préfabriqué par le Génie.

Point se rendit compte que les moyens de liaison avec son autorité étaient précaires et soumis à un éventuel sabotage, un seul EE8 (téléphone de campagne relié par fils à un central en place à Ain Fezza) et un poste émetteur récepteur SCR 300 aux liaisons aléatoires selon les mouvements du terrain et ses messages émis pouvaient être intercepter par les rebelles. On lui alloua deux transmetteurs pour servir un ANGPRC/9 (émetteur -récepteur en phonie et en graphie).

De g à d : Le téléphone de campagne EE8, le SCR-536 et le SCR-300 qui sera remplacé par l'ANPRC10, ANGPRC/9

Compte tenu des résultats des différentes recherches du renseignement sur l'évolution des mouvements des rebelles dans le secteur de la forêt d'Ifri, la sortie en patrouille ou en chouf d'un groupe isolé n'était plus à envisager. Il devrait maintenir agir avec deux groupes; ils seraient placés sous son commandement ou celui de son adjoint. Le maghzem d'Ain Fezza placé en état d'alerte pourrait intervenir sous sa demande dans la demi-heure, voire aussi obtenir l'appui d'un piper lui-même en liaison avec des T6. Après un recensement des jeunes du village pour compléter les classes, Point découvrit qu'il y avait beaucoup de jeunes bergers qui passaient leur nuit dehors, loin du village, avaient-ils une implication dans les activités des rebelles?

Après un repas pris en commun dans sa petite popotte, les deux capitaines engagèrent la conversation sur le manque de cadres d'active dans les différents postes du secteur surtout depuis les dernières décisions prises en haut lieu. Il fallait "quadriller" le terrain, maintenir la paix conquise et conquérir l'adhésion de la population locale à la politique voulue par le Général [De Gaulle]. Dans le secteur d'Ain Fezza, il n'y avait que deux officiers d'active : le capitaine Rice et son confrère de la SAS d'Oued Chouly, le capitaine Rival. Les postes d'Ouchba et d'Oum el Allou étaient sous le commandement de deux officiers de réserve, donc étoiles filantes, et le poste de la ferme de Sidi Kaouria sous celui de l'adjudant Duc. L'absolue nécessité pour avoir une réelle efficacité sur le terrain c'est qu'il y ait un commandement durable. Ils avaient vécu, en moins d'un an, une suite ininterrompue de changement de cap et des mouvements browniens d'unités, d'hommes et de cadres. Au vue de cette situation, le capitaine Rice proposa donc à ce jeune chef de section de signer un contrat d'ORSA* afin de permettre de passer dans l'année qui suit, le concours d'intégration dans l'Armée d'active. Le capitaine Rival de la SAS ajouta que les Affaires Algériennes recherchent des officiers pour assurer le commandement de nouvelles SAS qui se créent. Quelques jours plus tard au vu des documents reçus et étudiés avec beaucoup d'attention le sous-lieutenant Point téléphona au capitaine Rival pour le remercier, celui-ci saisit l'occasion pour lui préciser qu'un contact a été pris avec le colonel commandant les Affaires Algériennes de Tlemcen en manque d'officiers et qu'il pourrait lui confier l'une des sept SAS à créer. Deux jours plus tard il se rendit à Aïn Fezza pour s'entretenir avec son capitaine et lui faire part de son hésitation à faire le grand pas et savoir s'il avait intérêt à rester au 3/7 ou à servir aux Affaires Algériennes. Le capitaine Rice exprima ses inquiétudes à cause de la politique de l'Algérie algérienne, le moral des unités de combat est au plus bas, il l'influença donc par honnêteté vers les Affaires Algériennes. Un rendez-vous auprès du colonel des Affaires Algériennes fut décidé avec le capitaine Rival qu'il les reçu fort cordialement et promis de confier à Point, après une période d'essai de deux mois à la SAS de Chouly, la SAS de Sidi Snoussi, si sa candidature était acceptée à Alger.

* ORSA : Officier de Réserve en Situation d'Activité

Le jour même, Point tenait à faire connaître ses nouvelles intentions à l'ensemble du poste et le rassurer sur le temps qu'il restait à le commander avant de passer le relais à son successeur. Les jours passèrent d'autant plus vite que les activités se bousculaient au poste. Les patrouilles de reconnaissance se succédaient avec leur lot d'informations, les missions d'AMG et des EMSI se suivaient en créant toujours plus d'heureux. Il y avait aussi quelques moments de détente : concours de pétanque acharné, chasse au porc-épic et méchouis festifs. Le vendredi 4 mars, jour du passage d'Abdelkader qui venait comme à l'accoutumée, proposer sa "collection de poissons frais". Au même moment arriva le vaguemestre qui lui remis une enveloppe contenant une simple feuille pliée en quatre qui lui signifiait que : " Le sous-lieutenant de réserve d'Infanterie Métropolitaine... est affecté à la CAR 101 à Hussein-Dey et mis à la disposition des Affaires Algériennes à compter du 1er mars 1960". C'est le commencement d'une nouvelle étape de sa vie était patent. Mais cette lettre excluait les modalités nécessaires à son nouveau départ. Il s'enquiert par téléphone au sergent-chef K. chef du secrétariat de la compagnie, qui lui précise qu'un ordre de mission est en cours pour se rendre à Alger le 7 mars. Son remplaçant est l'adjudant Marty, son ancien complice de la ferme Toro. A son retour d'Alger il annonça à son commandant de compagnie, le capitaine Rice, la bonne nouvelle sur son affectation dans le département de Tlemcen. L'état-major de la Division avait annoncé que la SAS de Sidi Snoussi ne serait créée que début août, car il fallait trouver et affecter le personnel civil nécessaire pour l'administrer et que le 3/7e RI était dissous et devait rentrer en France à la fin du mois d'avril. Le poste d'Ouchba tomberai officiellement sous l'autorité de la SAS d'Oued Chouly, le poste voisin d'Oum el Allou passerait sous la coupe d'un RIma (Régiment d'infanterie de marine). Point appris par le colonel qu'il deviendrait l'adjoint du capitaine Rival jusqu'à fin avril et prendrait le commandement de l'antenne SAS d'Ouchba et qu'à partir du 1er août il rejoindrait Sidi Snoussi.

Le jour de son départ, était un vrai jour de printemps. Point s'était levé de bonne heure et avait laissé sa chambre aussi nette que celle d'un luxueux palace, en se disant qu'il la retrouverait dans un mois. Avant le cérémonial des adieux, Larbi se pointait avec toute une délégation du village revêtue de leur tenue de fête. Après eux, les élèves de la troisième classe qui rejoignaient ceux encadrés par leurs instits du poste. Ce fut la mise en place de tout le personnel de la petite garnison sous l'autorité de sergent-chef Mégueni. Les deux capitaines et l'adjudant Marty furent ponctuels. Cérémonie émouvante pleine de sincérité et de simplicité.

Le devenir du 7e RI

Dans le tome II " Le crépuscule" Jean-Charles Point donne des précisions sur le devenir du 7e RI, son ancien régiment où il fut chef de section à la 12e Compagnie du 3/7e RI.

Le PC du 1er bataillon, stationné au camp d'Oued Chouly venait d'être informé en mars 1960 qu'il devait plier bagages avec ses trois compagnies et rejoindre Oued Zenati, près de Guelma ( constantinois), pour le 1er mai. Après la dissolution, de facto, du 2e Bataillon en août 1959 lors de la formation du bataillon de marche à quatre compagnies, le 7e RI continuait sa longue descente aux enfers. Riche de neuf compagnies de combat lors de son installation en Algérie en 1956, il n'en possédait plus que trois. Tout le monde pressentait qu'il n'y aurait pas de relève d'unités; on abandonnerait purement et simplement des positions conquises contre les fells par le sang versé de combien d'appelés du contingent ? On leur offrait sur un plateau ! C'était l'amertume, doublée d'une colère sourde, chez beaucoup d'officiers et de sous-officiers. La 1ère compagnie abandonnerait Sebdou, la 2e quitterait Yebdar, la 3e laisserait aux chacals la maison forestière de Meurbah. Le chef de bataillon Lavoine, très estimé par ceux qu'il avait menés au combat avec panache, gardait un mutisme réfléchi, mais son regard n'était plus le même. Il quittait le bataillon pour rentrer en France laissant la place au commandant S.

Un même vent de panique soufflait sur le 3e bataillon; il disparaissait purement et simplement cinq mois après sa création comme "Bataillon d'Intervention" au mois d'août dernier. Dissout ! Une partie de ses soldats et cadres seraient mutés à droite et à gauche dans le secteur de Tlemcen. La grande majorité rejoindrait Oran pour embarquer fin avril sur des rafiots réquisitionnés, direction la Métropole. Tout ce qui était prévu pour mener une bonne politique de pacification en continuant à tenir le terrain et à conquérir les cœurs et les âmes de tous ceux qui vivaient sur cette belle terre d'Algérie, tout tombait dans un puits sans fond.

A Oum el Allou, à Ouchba, à Aîn fezza, il n'y aurait plus un seul soldat. Qu'allaient devenir les postes, les écoles et leurs jeunes instituteurs, les harkis, les groupes d'auto-défense ? Dans ce vide de trois cents kilomètres carrés, au relief tourmenté, subsisteraient les SAS avec leur maghzem, livrées à elles-mêmes. là est une autre histoire.

Le retour

" Les derniers jours d'avril [1960] étaient emplis d'une grande tristesse. Le sous-lieutenant Point et le capitaine Rival n'assistaient qu'à des réunions d'adieu organisées par le commandant Lavoine qui depuis huit jours passait ses consignes à son successeur. Adieu des colons, des chefs de village, des représentants de groupes d'auto-défense et des petits notables venus de tous ces bleds perdus où le 1er bataillon, en particulier, avait su amener la paix et porter un espoir dont beaucoup doutaient maintenant.

Tout autour de la S.A.S ce n'était que mouvements incessants de véhicules, bruits de caisses que l'on charge ou décharge, odeurs âcres d'un méli-mélo de choses que l'on brûle, ordres et contre ordres mêlés à des coups de voix, regards évités, mains tendues et serrées pour ne témoigner que compassion.

Le 30 avril le camp était vide. La S.A.S d'Oued Chouly était orpheline. Dans tout le secteur une ère nouvelle s'ouvrait.

Point n'assista pas aux derniers départs douloureux; le 22, en début de matinée, il était parti pour Ouchba. Tout avait été chamboulé! Il devait rejoindre plus tôt que prévu son ancien poste qu'il connaissait très bien. Ses premiers jours d'activités sur ce petit coin de terre d'Algérie devenu celui de la nouvelle antenne S.A.S allaient correspondre aux derniers jours que vivaient ceux qui avaient été les hommes de sa section. Avant d'arriver chez lui, Point s'était arrêté à Aïn Fezza pour dire un dernier adieu au capitaine Rice. Au cours de leur entretien, très cordial, il fut impressionné par le calme et la résignation de son ancien commandant de compagnie. Pour lui, après un séjour de trois ans, il quittait l'Algérie avec un gros pincement au cœur. Il avait obéi et commandé au nom d'un grand idéal: pacifier et garder française cette terre d’Algérie. Il la quittait en pensant que le pouvoir la bradait aux fells.

- Point, je voudrais que l'avenir démente ma vision des choses, mais au fond de moi crépitent des arguments me disant que tout est foutu... enfin, si tu le peux, limite la casse.

- Si Dieu veut! Il est un fait bien singulier: Je repars à zéro. Je n'ai pas aujourd'hui tous les moyens promis, ni en matériel ni en personnel.

- Je redoute qu'avec le temps les unités du Rima qui resteraient dans le secteur nord de Tlemcen suffisent à vous assurer le minimum de sécurité.

- Il y a du nouveau ?

- J'ai appris ça hier soir par le commandant Buisson... et c'est à prendre avec des pincettes. Tu en sauras plus dans les jours à venir. Je souhaite pour toi et ton antenne S.A.S que cela se réalise.Dans trois jours nous serons partis pour Oran, alors...

- J'espère avoir de vos nouvelles, dès votre arrivée en France...

- Si tu en veux, donne-moi ton nouveau numéro de secteur postal.

- C'est celui de la S.A.S d'Oued Chouly...

- Celui-là je le connais! Promis, je t'envoie un mot de Marseille même!... J'irai te dire adieu à Ouchba le 25 matin.

Sur cette dernière promesse, ils se quittèrent, amis devenus par le joug des armes.

Le 25, en milieu de matinée, le capitaine Rice arriva une dernière fois à Ouchba; il accompagnait les deux GMC qui venaient récupérer les deux derniers groupes de la première section. Point l'accueillit avec beaucoup d'émotions. Leur dernier entretien fut fraternel et se termina par une longue accolade accompagnée de mots venus du tréfonds de chacun d'eux. Une heure plus tard, ceux qu'il avait commandés rejoignaient Aïn Fezza; seuls restaient avec lui à Ouchba les deux radios, les trois instits, le caporal infirmier et le sergent-chef Mégueni; l'adjudant Marty avait souhaité suivre sa compagnie. Pour l'instant le maghzem n'avait pas de chef.

En les regardant partir, Point vit s'écrouler soudain, comme un château de cartes, une multitude de souvenirs engrangés pendant plus d'un an de vie intense avec eux à travers le bled et les monts de Tlemcen. Que de souvenirs! Les images, les bruits et les voix se mêlaient encore. Ce fut pour lui un moment difficile de plus. Un grand livre se fermait. Il allait en ouvrir un second."

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