Aïn Fezza

Aïn Fezza voir le destin de l’institutrice et du garde-barrière dans le récit de Baudou de la 7e Cie

Hamza témoigne et recherche Maréchal :

« Mon bourg natal est Aïn-Fezza. Pour l’anecdote, je recherche le soldat Maréchal du 7e RI, alors qu’il avait failli me tuer ... !!! En effet, c’était à la tombée de la nuit au moment où les militaires allaient monter la garde à la gare. Ce soir-là j’accompagnais mon cousin, qui devait impérativement rentrer chez lui à Tlemcen parce le « laissez-passer » dont il était en possession ne l’autorisait pas à passer la nuit à Aïn-Fezza.

Pendant que mon compagnon et moi attendions le train, nous allions commettre la bêtise de rester dans le coin le plus sombre de la gare, côté guérite, pour nous retrouver soudainement nez à nez avec le militaire qui devait en assurer le premier poste. Par chance pour moi, le militaire avait eu le gracieux réflexe de crier d’abord « Qui va là ? » et reconnaissant ma voix, il détourna in extremis, son arme qui venait presque de me toucher la poitrine. C’était Maréchal ! Je me souviendrai toute ma vie de cette action et certainement lui aussi, car je connaissais le brave et souriant copain de tous les jours mais pas l’irascible militaire d’un instant. Un instant qui aurait certainement pesé sur le reste de sa vie si le coup était parti.

J’ose espérer que par la création de ce site beaucoup qui comme moi avaient engagé des recherches afin de retrouver des amis perdus de vue, se verront récompensés. Je remercie vivement tous ceux qui, au travers cette heureuse initiative, auront l’amabilité de m’aider à retrouver mon copain Maréchal dont j’en garde d’excellents souvenirs, tant son attitude était celle des justes durant les années de braises.

Ce militaire du 5e RI ou 7e RI jouait au Football au Racing Club de Tlemcen « RCT » et comme nous jouions souvent ensemble au village après les horaires d’école, il m’avait introduit dans l’équipe cadette de ce club phare de la ville de Tlemcen en (1960/61 ?)

Il y a lieu de noter que Maréchal était breton et avait été affilié à un club de la région, je crois me souvenir qu’il a joué à Saint Malo (je m’excuse de manquer de précision, cela remonte à plus d’un demi-siècle…) ».

Hamza.

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Aïn Fezza, un témoignage d’un appelé du II/5e RI

Jean-Pierre B…D…, appelé (classe 56/2B) :

« J'ai fait une partie de mon service militaire en Algérie de Novembre 1957 à janvier 1959 au 5e RI "Navarre" (bataillon de l'OTAN).

J'ai été stationné à AÎN FEZZA dans l'école dont j'ai trouvé une photo sur le site.

"A cette époque nous subissions de nombreux accrochages dont un, particulièrement violent, de nuit, au mortier de 60m/m. Il y eut quelques blessés parmi nous mais pas de mort...Dieu merci."

« C'était en Mars ou Avril 1958. Nous avions obtenu du service cinématographique aux armées la projection d'un film " Le soleil se lève encore...???" d'Hemingway. En pleine séance, alors que cette projection se déroulait dans la cour de l'école et que l'écran faisait une belle cible vue de loin, nous avons été canardés au mortier de 60 m/m (?) depuis la colline surmontant le village d'Aïn Fezza, mais le tir était, heureusement, mal ajusté, les premiers obus tombèrent dans le bois qui jouxtait l'école, en étant séparé par un mur. Immédiatement l'opérateur coupa la projection afin de nous rendre moins visibles. Les tirs continuèrent encore 5 à 10 minutes , toujours sans précision, à l'aveuglette. Une fois que ceux-ci eurent cessé, il y eut un violent crépitement d'armes automatiques sans dégâts ni résultats. Au jour levé, nous avons trouvé, attachés aux branches des arbres à proximité de l'école, des drapeaux aux couleurs du FLN, peints à la gouache sur du papier quadrillé d'écolier avec la mention manuscrite (au stylo à bille) "ALGERIE ALGÉRIENNE ET PAS FRACAIS". Je" dis bien FRACAIS. Nous avons du panser un petit Arabe qui avait reçu un petit éclat (peut-être de mortier) au genou.

Je n'avais encore jamais connu le " feu ", je dois dire que j'ai eu peur. »

Je me souviens des patrouilles le long de la voie ferrée et près du pont de chemin de fer surmontant les cascades.

L'école où logeait la section de JP.B.D.- Une omelette de 25 oeufs - JP.B.D et le caporal A...au pied du mirador sis sur les hauteurs de Aïn Fezza.

La chute du haut du mirador :

« Il m'est revenu en mémoire un événement qui m'avait beaucoup frappé et dont je me souviens avec émotion.

De garde au mirador d'AÏN FEZZA noue étions 6 à nous relayer une nuit au mirador, d'une hauteur d'environ 15 mètres. Il nous permettait de surveiller les entourages de la voie ferrée qui était sujette à de nombreux attentats.

Nous étions couchés "en rayon de bicyclette" sur une plate-forme circulaire sans parapets ni garde-corps. Un poste téléphonique nous reliait à l'école et un gros projecteur devait servir à éclairer le site en cas de bruit douteux...(inutile de dire que nous ne l'allumions jamais car c'était le meilleur moyen de nous faire nous-mêmes "allumer").

Je somnolais, attendant mon prochain tour de garde, celui que je devais remplacer enjambait des copains endormis pour aller se reposer. En passant devant moi, il effleura le fil du téléphone qui était juste à hauteur de la tête, surpris par ce contact, il eut un mouvement de recul et tomba du haut du mirador sur un entassement de rails entreposés pour d'éventuelles réparations de la voie ferrée.

J'ai poussé un hurlement car cela ressemblait de façon horrible au décès de mon père dans des conditions si ce n'est identiques tout du moins très proches.

Après avoir appelé du secours, un hélico (Sykorsky 631, si ma mémoire est bonne) arriva et en point fixe à quelques mètres de nos têtes pour le treuiller. Les flammes bleus des échappements, les turbulences du rotor, le bruit assourdissant augmentaient l'angoisse de chacun de nous.

Nous ne revîmes jamais ce copains qui était cuisinier et nous apprîmes, par un bruit de couloir, qu'il était décédé .

Libéré, retrouvant la vie civile, jeune marié, quelques mois plus tard, j'allais au cinéma sur les grands boulevards à Paris, lorsque je le vis, marchant difficilement avec 2 béquilles. Je croyais voir un fantôme. Il me parla de son coma, de ses multiples fractures, des soins douloureux et de sa pénible rééducation. Il était vivant ! Incroyable ! J'étais éberlué...et je ne le revis jamais. Je n'avais même pas pensé à lui demander son n° de téléphone

S'il lit le site, il se reconnaîtra. »

Voir la suite de son témoignage dans la rubrique : Tlemcen .