Monseigneur Michel Bernard


Diocèse de Coutances et Avranches Archives - Services des Moniales de France

Mgr Michel BERNARD,

décédé le 2 janvier 1993 à Chevilly,

à l'âge de 81 ans.

Né le 16 novembre 1911, à Avranches (diocèse de Coutances). Profession le 8 septembre 1931, à Orly. Ordonné prêtre le 29 novembre 1938, à Chevilly. Affectations : Cameroun : à Akono comme scolastique en stage d'enseignement, de 1934 à 1936 ; mobilisé à Douala en 1939-1940 ; à Edéa en 1941-1942 ; à Eséka de 1943 à 1948 ; à Douala, directeur de l'enseignement et vicaire général en 1949-1950. Vicaire apostolique de Conakry (Guinée) de 1950 à 1954. Vicaire apostolique, puis archevêque de Brazzaville (Congo) de 1954 à 1964. Archevêque-évêque de Nouakchott (Mauritanie) de 1966 à 1974. En France : ministère à Caen de 1974 à 1988. Retraite à Chevilly de 1988 à 1993.

Michel Bernard était né le 16 novembre 1911, dans un milieu profondément chrétien, à Avranches, dans le diocèse de Coutances. Comme tant d'autres, après ses études secondaires à l'institution Notre-Dame d'Avranches, Michel Bernard entre au noviciat d'Orly, en septembre 1930. Il a à peine 19 ans. Une année plus tard, il y fait sa profession religieuse, puis il suit, à Mortain et à Chevilly, le cursus habituel de la formation spiritaine, avec toutefois un intermède en Afrique. En effet, cas unique à cette époque, il accomplit un stage au Cameroun, de 1934 à 1936, comme professeur au petit séminaire d’Akono. Il prononce ses vœux perpétuels à Yaoundé le 13 septembre 1935. Là-bas, il a découvert la mission avec les foules innombrables de cette nouvelle Pentecôte ; il a participé aux premières ordinations de cette jeune Église ; et dans le secret de son cœur, revenant en France pour y terminer ses études, il s'est bien promis d'y revenir un jour.

Ordonné prêtre à Chevilly le 29 septembre 1938, le jour de la saint Michel, il fait sa consécration à l’apostolat en juillet 1939, et reçoit effectivement comme obédience le Cameroun, si cher à son cœur. Il ne peut le rejoindre immédiatement par suite de la déclaration de guerre, mais bénéficiant de la "Loi Mandel" qui autorise ceux qui ont déjà travaillé en Afrique à y être incorporés, il quitte la métropole, début 1940, et rejoint Douala où il travaille à la censure militaire avec le grade de sergent. Démobilisé sur place, fin 1940, il peut enfin rejoindre le secteur missionnaire où Mgr Le Mailloux, son évêque, l'a affecté : le "Pays Bassa".

Il y arrive avec les riches qualités que la nature et ses parents lui ont léguées. Esprit méthodique et clairvoyant, sachant juger rapidement et sûrement, aussi bien les situations que les hommes, sachant aussi prendre les moyens adéquats pour réaliser ce qu'il s'est fixé ; c'est un organisateur né. Il possède instinctivement un tempérament de "meneur d'hommes" qui, certes, risque par­fois de heurter certains de ceux qui travaillent avec lui. Mais cette raideur apparente est tempérée par une bonté foncière et délicate que l'on découvre rapidement, pour peu que l'on dépasse certains a priori. Il sait écouter, il sait prendre conseil, mais ensuite il décide personnellement selon ce qui lui paraît être le mieux pour la mission qui lui a été confiée, et dont il se sent responsable devant Dieu et ses supérieurs, dut-il en souffrir personnellement. Et tout cela est vécu dans un esprit profondément religieux, également dans un esprit de totale obéissance.

Il rejoint donc, en 1941, le "Pays Bassa", à Édéa, où il fait en quelque sorte ses "classes missionnaires". Puis il réside à Eséka, de 1943 à 1948. C'est le plein temps de la moisson en cette partie du Cameroun. Dans des conditions de vie et de travail difficiles - c'est la guerre - il use sa santé dans les interminables "tournées de brousse", et toute sa vie, il en subira de douloureuses conséquences. En 1949, son Évêque Mgr Bonneau, l'appelle à Douala pour prendre la direction de l'Enseignement, et pour devenir son vicaire général. C'est là, qu'en 1950, le Père Bernard apprend que le Pape Pie XII l'a choisi comme vicaire apostolique de Conakry, en Guinée. Il a 39 ans. Pour lui, c'est un changement complet. Après la forêt équatoriale et son exubérance, c'est la savane et le Foutah Djalon ; après les foules chrétiennes du Came­roun, c'est le "petit troupeau", a peine 10 000 chrétiens, moins dans son vicariat apostolique que dans la seule mission d'Eséka. C'est aussi la rencontre avec l'Islam, majoritaire à 95%. Il se met sans tarder au travail, fondant de nouvelles missions : Katako, Saint-Michel de Coléah, Labé au cœur du Foutah, ouvrant écoles et petit séminaire, suscitant les mouvements d'action catholique, organisant tout un réseau d'actions sanitaires et sociales.

Alors qu’il commence "à récolter dans la joie" ce qu'il "a semé dans les efforts", nouveau et complet changement, en 1954. Il est nommé vicaire apostolique de Brazzaville pour remplacer Mgr Biéchy, démissionnaire. Il va s'efforcer d'appliquer, mais cette fois à grande échelle, ce qu'il a expérimenté avec succès à Conakry. Fondation de nouvelles missions : paroisses de Saint-Kisito et Saint-Charles Lwanga, à Bacongo, paroisses de Mongali, Kingoma, Mouleke à Poto-Poto : ceci pour Brazzaville, puis en brousse, fondation ou réorganisation de Mbanza Nganga, Vinza, Kinkala, Ngoma Tsetse. C'est aussi la recherche de nouveaux ouvriers apostoliques : c'est l'époque de l'encyclique "Fidei Donum" et l’évêque frappe un peu partout pour demander du renfort. C'est également le développement des séminaires, des écoles secondaires, des écoles professionnelles et ménagères. C'est la formation des catéchistes, l'organisation d'une "Centrale des œuvres", etc.

En 1955, Mgr Michel Bernard devient le premier archevêque de Brazzaville, lors de la création de la hiérarchie catholique dans les pays d'Afrique francophones : c'est une grande joie pour lui. Et pourtant le travail apostolique ne se déroule pas sans grandes difficultés. 1960, c'est l'époque troublée de l'indépendance, avec les conflits bien connus qui surgissent. D'une main ferme, le Pasteur continue à conduire son peuple, tout en préparant l'avenir. En 1963, il choisit un auxiliaire, Mgr Théophile Mbemba qui devait, l'année suivante, devenir le premier archevêque "noir" de Brazzaville.

Démissionnaire, Mgr Bernard rentre alors en métropole. Durant une année, il refait une santé bien délabrée, puis il se met à la disposition du Saint-Père pour ce qu'il jugera bon de lui confier.

En 1965, le Pape Paul VI lui demande d'organiser l’Église en Mauritanie, ce vaste territoire dépendant jusqu'alors de Saint-Louis du Sénégal. A 54 ans, Michel Bernard se fait donc "bâtisseur d'Église" en "République Islamique de Mauritanie". Tout est à faire, tout est à organiser, tout est à inventer de ce que peut être une Église dans ce pays à 100 % musulman. Patiemment, Mgr Bernard s’y attelle. Il va demeurer huit années dans ce pays des sables et du vent.

En 1973, il demande à être relevé de sa charge, trop lourde désormais pour ses forces physiques. Il rentre définitivement en France ; comme un "bon serviteur", il ne se voit pas encore prendre une retraite totale. Il se met donc à la disposition de l’évêque de Bayeux-Lisieux, Mgr Badré, pour rendre les services qu'on jugera bon de lui demander.

Ce furent alors 14 années de ministères divers ainsi qu'il l'a noté lui-même sur sa fiche personnelle : ministère de l'accueil pastoral et de la réconciliation à l'Église Saint-Pierre de Caen, aumônerie chez les Sœurs Ursulines, récollections animées un peu partout dans le diocèse et hors du diocèse, "Foyers Notre-Dame" accompagnés, etc.

En 1958, vraiment usé par 50 années de ministère apostolique, dont 38 d'épiscopat, miné par le mal qui vient d'être plus fort que sa volonté, Michel Bernard, rejoint la maison de Chevilly.

C'est alors que l'Église célébrait les premières Vêpres de la Solennité de l'Épiphanie, par excellence "Fête de la Mission", que son Maître est venu l'appeler : "Bon et fidèle serviteur, viens ! Entre dans la joie de ton Maître". -

Bulletin diocésain.

Source: http://spiritains.france.online.fr/