lettre à Mr le Président...

Lettre à Mr Le Président...

Lettre adressée à Mr Sarkozy, Président de la République Française, suite au discours qu'il prononça à Grenoble sur la fin 2008:

Un barrage contre ce Pacifique...

(refusé en publication dans son intégralité, alors, par le journal Le Monde dans sa version en ligne _ l'auteur remercie sincèrement le même journal pour une autre prise de parole plus didactique, qui suivit deux ans et demi plus tard, et que l'on trouva alors chez Google en requête "chroniques de la folie".)

Un barrage contre ce Pacifique (l'océan si mal nommé que ma société me fit traverser, et que l'état voudrait muter en cinquantièmes hurlants...sous couvert d'une -si mal nommée- 'réforme' -lisez20008 à2010):

voici une chronique que, patient en cmp depuis 18 ans, je soumis ce mois de déc. 2008 à ma psy (secteur)... qu'en pensez-vous?? N le texte fut envoyé conjointement à Mr le Président.

texte: le titre exact est : 'de l'ordre du monde'... la première partie a été publiée en quasi-identique en chronique sur LeMonde.fr...bonne lecture, et bon usage!!

sous titre / Supplique expliquée, depuis le pays d'ailleurs:

Dialectique du meilleur des mondes...

histoire de boicec et boimi (créole haïtien) ou la logique humaine

lettre ouverte.

- Sir, j'ai navigué trente ans contre tempêtes et raz-de-marée, et je vous amène ce jour cette personne (le verdict de l'Histoire):

Dans le champ de l'humanité, philosophiquement, la norme est une utopie délirante... prétendre à sa recherche pour une société amène l'usage de méthodes sidérantes de cruauté, et je suis désolé à regarder l'histoire, de ne pouvoir malheureusement l'énoncer aucunement dans l'usage d'un temps de l'irréel.

Pourtant, par delà tout aspect philosophique et humain, même serait-elle -diaboliquement- dans ce dessein, je voudrais rappeler ici: que la société ne peut aller trop loin dans une quelconque attitude, disons, du point de vue qu'elle soutiendrait alors: 'prophylactique' (!)... car une société qui voudrait coûte que coûte refouler ses diversités arriverait in fine à quelque chose de l'ordre de l'automutilation, sans même parvenir à son but -diabolique- initial, et qu'elle paierait cependant de sa vie... une société qui indéfiniment tendrait ne serait-ce qu'à désirer ignorer sa complexité, au profit d'injonctions barbares -parfois même sous couvert de réformes-, finirait, a-pragmatique et essoufflée, par y gaspiller toutes ses forces, alors-même que le champ de sa pensée, amenuisé, exsangue, ne pourrait la sauver...il n'y a pas de ressort durable de théories eugénistes, sinon au péril de la planète: ça n'est pas que les sciences humaines veuillent l'interdire, c'est que ces théories sont intrinsèquement et radicalement hostiles au fonctionnement humain, et rendent impossible de fait la matérialisation d'un quelconque futur de la société...

dit-encore, le refoulement de ce qui est désigné comme 'mauvais' -et les anthropologues ou les psychanalystes savent le nombre d'innocents tués par ces 'chemises brunes'- est une méthode qui à sa faillite, pour l'humain comme pour la société tout'entière...

L'enjeu de ce siècle qui va dans les difficultés est de réapprendre le maniement d'une éthique digne et humaniste, sacrifiée, par manquement à toute anticipation, et les rigorisme les plus subtils, à tous les vents mauvais...: car il n'y a pas d'efficacité possible dans aucun domaine entrecevable -et tous vont tendre à être vitaux- sans dignité humaine, et la préservation de l'ensemble des acquis s'y ramenant, vérifiés heureusement par la plus-valu de l'histoire!

Les sciences humaines, toutes complémentaires sont, faudrait-il le rappeler, rigoureusement scientifiques dans leur démarche d'observation cognitive du réel. La psychanalyse est un praxis. Les sciences dans leur fondement, et l'épistémologie le dit, ne sont pas scientistes.

Dans une société qui, conditionnée -si vous pouviez le lire!-, a appris à être, dans sa partie civile, sauvage et perverse sur son commentaire de la folie, il reste le système de soins pour sauver ses fous...savez-vous que la folie reste une maladie de l'âme??... et que faire quand la République propose ceci à ses enfants: l'internement à vie!...arrêtez les mécanismes de l'horreur!!

Il n'est pas possible, en toute efficience, d'imaginer une psychiatrie à deux vitesse: cliniques d'un côté, avec la garantie de possibles, hôpitaux et secteur, carcéraux, de l'autre: et je soutiens de plus, et que cela est vérifiable!, que l'intégralité du bon fonctionnement observable du système de soins repose sur une (autre) manière de tabou solide -parce que tacite: que l'obligation -chimique en particulier- de soins n'est et ne peut être qu'incitative, et ce uniquement déjà dans une raison de résultats.

La folie n'est pas perverse dans son fondement: elle est; la société est capable de toutes les dérives perverses, à l'impossibilité de sa survie.

Une société qui se prive d'humanité en se débarrassant(?), croit-elle, de ses fous, s'enlève une de ses marges vitales...

Ôtant le fait qu'il n'y a ni éthique, ni aucune humanité derrière ce que je pourfends, veuillez remarquer que j'ai seulement dit: que la tentation du diable mène phénoménologiquement jusqu'au chaos, et que toutes les sciences humaines vous le démontrent, car il s'agit de logique.

Excusez-moi en définitive de la dialectique de la forme et du fond, et de la nécessité d'une rhétorique: si vous me lisiez, sachez à quel point j'aime la République, et, aussi étrange puisse cela vous paraître: que j'ai le parti-pris absolu personnel de vous respecter en tant qu'homme... peut-être parce que je suis fou et chrétien, mais peut-être cela vous dérange, puisque nous sommes dans une société aux partis-pris, qui refuse l'idée de croyances... ...

Thomas François Bernier.