Le livre sur l'étagère (publication LeMonde.fr).

Reprise d'une chronique d'abonnés/ in LeMonde.fr

Le livre sur l'étagère par Th FD Bernier, écrivain.16.02.2012/ déc.2015.

.../... L’Oracle qui pèse sur le destin d'Œdipe se glisse dans la psyché des générations ; il est en prégnance dans l'imaginaire de l'enfant...

De fait, l'occultation partielle du sceau de l'oracle (et même s'il reste non su, pour l'enfant), cette occultation est bien de la genèse de la psychose ...derrière le terme de "psychose" est désignée une alternative nécessaire, à la névrose, dans une certaine particularité (et les difficultés d'un long chemin). Et je me dois ici de revenir sur ce.

La psychose est un biais viable, qui se met en place chez l'enfant, passé le balbutiement de la très petite enfance. Là, tout-petit, il faillit bien se perdre dans les écharpes de brume de l'autisme. Ici et là, sporadiquement. Les dénis de la cellule familiale, sous le poids de (quelle!) la névrose, s'oublient dans la suppression de 'forclusions'. Mais Lacan parle, précisément, de "forclusion du nom du père"... que veut-il dire par là ?

Entendons, par "nom du père", ce en quoi le père apporte à l'enfant... et, particularité, sans que celui-là ait bien le choix d'y résister. Ainsi donc, en bien, et en moins bien. Mais l'enfant trouve, cependant, dans le nom du père l'initial de ses certitudes. Pourrait-on dire, l'initial de son nom (?). J'en viens au livre sur l'étagère.

De quoi parle donc cette métaphore que j'amène ici ?

Représentez vous l'enfant, petit, à saisir du bout des doigts un livre, sur une quelconque étagère. Presque hors de (sa) portée.

Ce savoir, qui eut dû rester en exergue, c'est de sorte le mécanisme de la construction psychotique.

L'enfant dont nous parlons n'a eu qu'une partie de sa filiation (en quoi il se ressent le fils). Il la retrouvera dans l'ensemble de sa généalogie, par la parole familiale...

et autant et beaucoup plus dans la difficile, mais belle, liberté, d'aller dans le savoir. Précocement, alors même que plus malhabile qu'un autre en bien des choses, une trame de savoir, désinences du langage, se met en place.

Comme un ou des pans entiers de bibliothèques. Et c'est heureux : cela sera une véritable ressource...

Bien plus âgé, il continuera d'édifier, encore et encore, des rangements judicieux, encore, et encore.

Et quelquefois, jusqu'à se prendre sur le coin de la figure au passage d'une crise (surtout intérieure) une de ces bibliothèques-ci !!

C'est pour ce point, la construction, d'inaptitude transmutée en capacité, que la médication qui convient au fou, dans son parcours de vie (le mot de schizophrénie est, depuis bien longtemps, plus en usage que celui de folie), se doit de respecter l'intégrité de sa personne, en sa structure (nous parlons de 'psychose').

Car le 'parcours psychotique' est, aussi et surtout, une matière de désir : de se construire, dans une, même si partielle, résolution.

Du désir au Langage, cruciale mais évidente alchimie.

La manie est un jeu, qui, alors, laisse la place au "je". Merci de m’avoir lu.