Moi, Anna Politkovskaïa

Auteur : Jean-Jacques Greneau

Mise en scène : Katy Grandi

 Interprêtes : Katy Grandi

Cette pièce a été écrite en résidence au Centre national des  Ecritures du Spectacle à la Chartreuse de Villeuve lez-Avignon en mars 2003. 

Le spectacle a été créé dans le cadre du Festival d'Avignon 2008 à l'Espace Saint-Martial dans une mise en scène et une interprétation de Katy Grandi - Lumières de Bertrand Rascle
Reprise au Théâtre de l'Epée de Bois (Cartoucherie de Vincennes) - Tournées en France.
Festival "Le Printemps de Beyrouth" au Liban.
Soutenu par Amnesty International.

Texte édité à Color Gang Edition

Anna politkovskaïa 

Grand reporter pour Novaïa Gazeta écrit, témoigne, dénonce un régime autoritaire qui ne tient compte d'aucune valeur démocratique. 

Elle n'a aucune mission sacrée, elle plaide pour les victimes, se fait éclaireur pour d'autres journalistes.

Serviteur de la presse, elle tend un miroir aux hommes de ce temps, leur dit ce qu'ils font et non pas ce qu'ils devraient faire.

Elle a été assassinée en octobre 2006.

Que faire, sinon prolonger sa voix dans nos consciences et jusque dans nos théâtres, faire ce qu'elle a toujours osé dans sa vie : outrepasser son devoir.

Propos de l'auteur ... 

Anna Politkovkaïa, journaliste russe, grand reporter pour "Novaïa Gazeta" a commencé sa carrière au journal "Izvestia" et a entrepris depuis plusieurs années, un travail d'enquêtes sur les agissements de l'armée en Tchétchénie. Sa parole critique sur le régime de Kadyrov et envers le pouvoir sous la présidence de Vladimir Poutine a été particulièrement virulente.

Malgré les menaces sur sa personne, sur ses enfants, elle a continué à dénoncer les crimes et les exactions au quotidien.

Elle a été assassinée le 7 octobre 2006 et rejoint la trop longue liste des reporters tués dans l'exercice de leur fonction. 

C'est donc l'une d'entre eux qui m'a inspiré ce texte, celle-là même dont le corps a été découvert dans la cage d'escalier de son immeuble à Moscou, rue Lesnaïa. Près d'elle, un pistolet Makarov 9 mm et quatre douilles.

Depuis l'accession de Vladimir Poutine au pouvoir, elle est la vingt et unième journaliste assassinée en Russie. La liste depuis s'est allongée. Simple loi des séries ? !

Anna Politkovskaïa a reçu en 2002 le prix Courage de l'IWMS. Plusieurs fois primée pour ses enquêtes par le Pen Club International, prix du journalisme et de la démocratie par l'OSCE, prix Olof Palme pour les droits de l'homme. L'avocate générale n'a pas eu le temps d'achever son violent réquisitoire contre les tortures organisées par la milice de l'actuel dirigeant tchétchène.

Serait-il absurde de penser que tous ceux qui ont connu Anna, Anna la médiatrice des otages au théâtre de la Doubrovka, Anna aux jambes glacées dans la guerre boueuse de Tchétchénie, Anna en route pour Beslan, vomissant sur son lit d'hôpital le thé empoisonné qu'on lui a généreusement versé, que tous ceux là doutent encore de sa droiture, de son acharnement à dire la vérité, non pas pour son profit, ni au bénéfice d'un parti, d'une faction,  mais pour que cette Russie, son pays, retrouve un jour son honneur perdu.

Depuis le meurtre d'Anna, rien n'a changé aux portes d'une Europe assoupie dans la douce chaleur du gaz. La vie continue de s'écouler, ordinaire, tandis que, Vladimir, Sergueï et Kadyrov, dorment le mieux du monde.

Après "Alger, ma blanche", "Plaza de Mayo", "Afghanes,Afghanistan", "Les chardons rouges", l'idée d'écrire sur ce personnage s'est imposée comme une évidence et s'inscrit naturellement dans le combat des héroïnes de notre temps.


Mai 2008.

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