Alger ma blanche

Auteur : Jean-Jacques Greneau

Mise en scène : Katy Grandi

Interprètes : Katy Grandi - Isabelle Krauss puis Annie-Claude Sauton

Création pour le festival d'Avignon 1997.
Tournées en France :  Aubervilliers - Bondy - Noisy-le-Sec - Villeurbanne - Théâtre du Soleil  - Rencontres à la Cartoucherie Théâtre de la Tempête - Festival Européen de Grenoble - Festival d'Avignon 1997-1998-1999 - Fête de l'Humanité 1999 - Rillieux - Le Cabaret Sauvage à La Villette - Festival de Blois - Festival de Montpellier -  Valenciennes - Trith-Saint-Léger - Clermont-Ferrand - Festival de Sotteville-les-Rouen - Festival de Bagnères-de-Bigorre - Vienne - Aubagne - Festival de Vendée 2002 - Scène Nationale de Clermont-Ferrand 2002 - IUFM de Lyon - Espace 44 Lyon  - Théâtre des 3 Gaules à Lyon - Montreuil - Morsang-sur-Orge .

Texte édité aux Editions du Cerisier-Cuesmes (Mons) Belgique.

Algérie 1997.

La tragédie sanglante de l'Algérie a fait plus de cent mille morts.

Deux femmes rescapées parlent de leur vie, de leur peur, mais aussi de leur combat.

Elles parlent de la condition des femmes, elles témoignent de la souffrance du peuple algérien, entre barbarie et obscurantisme.

L'action se déroule dans un autobus, au milieu des passagers.

Propos de l'auteur ...


Juin 1997... Impression de marcher dans la vie, ici en France, avec les jours qui s'écoulent régulièrement.
Impression de vivre avec une menace  diffuse, un effleurement indolore mais persistant, un sentiment inavouable d'impuissance, l'éclat fugitif d'un couteau comme un avertissement, le cri muet d'un enfant que l'on ne connait pas, impression d'entendre la mort quelque part et d'en chercher le visage  sur les visages inconnus des passants.
Et toujours les brefs communiqués des médias.
Des chiffres, encore des chiffres. Une cinquantaine de personnes mortes, déchiquetées lors d'un attentat à Alger.
On n'a pas bien compris, pas bien entendu, tout va trop vite.
On comprend mieux les résultats sportifs, la météo bien détaillée.
Il faut rester à l'écoute. Normalement, une bombe ça fait du bruit, on devrait l'entendre.
Après les meurtres d'écrivains, de journalistes, le terrorisme se déplace en crabe et prend à revers les hommes et les femmes qui se rendent à leur travail, au marché, ou ailleurs.
On éponge le sang avec les prières.
Impression de vivre sous un oreiller, dans un monde pur coton. Travaux d'isolation.


Juin 1997... Et déjà se profile le festival d'Avignon, grand rendez-vous de la culture.
Comme dans une baraque foraine, il y a des lots à gagner, du Feydau à découvrir, du Shakespeare à retrouver, du Anouilh à dépoussiérer.
Il y aurait aussi d'autres mots.
Il y aurait à dire, à écrire, la situation de l'Algérie au présent, sans perte de temps, il y aurait à faire entendre un théâtre d'urgence où les assassins ont déjà frappés les trois coups.


Juin 1997... Avec les femmes algériennes.
Les femmes qui déchirent leur voile pour se rendre dans la rue, les femmes qui sortent leurs entrailles pour dénoncer la barbarie, l'oppression qui les recouvre d'une couche adragante, les femmes, toutes les femmes, les mains plongées dans les récipients de leur société et qui pétrissent et malaxent courageusement les oeuvres vives de leur condition.
Toutes ces femmes en marche que plus rien n'arrêtera, toutes ces bouches béantes comme des cratères, bâtissant de leur salive en fusion le formidable pont suspendu sur la méditerranée.


Juin 1997... J'éteins la radio pour mieux entendre leur cri.


Propos du metteur en scène ...


1997 - Depuis sept ans, la tragédie sanglante de l'Algérie a fait plus de cent mille morts.
Presque chaque jour, nous apprenons que de nouveaux massacres, de nouveaux attentats ont eu lieu.
Nous  dénonçons la violence qui sévit dans ce pays pris de convulsions. Il n'y a pas de meurtriers sans visage, les égorgeurs ne sont pas anonymes. La déraison assassine, s'apppuie sur la neutralité des nations. Nous ne pouvons pas oublier qu'à travers le drame algérien, c'est la dignité humaine qui est en cause.

Pendant combien de temps ferons-nous semblant de ne pas savoir ?

Aujourd'hui, deux femmes rescapées nous parlent de leur vie, de leur peur, mais aussi de leur combat.
Elles  parlent de la condition des femmes, elles témoignent de la souffrance du peuple algérien, entre barbarie et obscurantisme.
L'action se déroule dans un autobus, au milieu des passagers.
Nous croyons à la portée des mots, à leur résonance, à ce qui s'imprime dans les mémoires.
Le théâtre est fait pour cela.

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