Agnus Deï
33' avec la Palestine,  33' avec Israël.

Auteur : Jean-Jacques Greneau

Mise en scène : Katy Grandi

Interprêtes : Katy Grandi - Annie-Claude Sauton - Jean-Jacques Greneau

 

Création au Festival d'Avignon 2002, au Centre Européen de Poésie dans une mise en scène de Katy Grandi avec Katy Grandi (Shirel)  Annie-Claude Sauton (Rivka)- Jean-Jacques Greneau (le journaliste) - lumière Yattica Daoud.
Tournées en France.

Texte édité aux éditions du Cerisier - Cuesmes (Mons)

Chantier n°1 - 33' avec la Palestine

Urgence de dire, de dénoncer l'occupation, le droit bafoué, l'étouffement de tout un peuple.

Urgence d'essayer de comprendre l'incompréhensible, l'indicible des attentats-suicide.

Un jour à Ramallah. Par sa terre fécondée, une femme se met en marche vers la délivrance, vers la mort.


Propos de l'auteur ... 

Le geste est fou, destructeur, criminel.

Aucune raison ne peut justifier cet acte répugnant, hors de notre esprit, de notre compréhension.

Ainsi s'éveille notre croyance en l'inhumain.

Cependant, elle respire, elle dit des mots, nous ne l'entendons pas, nous avons seulement croisé dans la tiédeur d'une fin d'après-midi, son regard profond, son sourire modeste. Elle n'écoute ni sermon dogmatique ni discours enfiévré, n'observe aucun rituel. Elle rit et verse des larmes sur l'histoire de son peuple, sur les fruits qu'elle ne cueillera jamais, sur un petit garçon qui ne veut plus dessiner, sur ce pays cloisonné qui courbe le dos  sous l'humiliation.

Elle voudrait parler d'espoir et ne trouve au fond de sa gorge que du silence, elle cherche en vain l'amour et ne trouve au fond de son ventre qu'une boule dure qui grossit, qui grossit...

Alors simplement, elle se met en marche.

Chantier n°2 - 33' avec Israël 

De ce côté du mur. De cette fernêtre fermée sur la douleur d'une mère qui a perdu ses enfants dans un attentat-suicide.

A Bet-El, près de Jérusalem.

Deux femmes s'affrontent au nom de l'amitié meurtrie, dans un Israêl déchiré entre sa consanguinité biblique et son existence légitime.


Propos de l'auteur ... 

Bet-El, banlieue de Jérusalem.

Rivka vit seule depuis la mort de ses deux enfants, victrimes d'un attentat.

Elle accomplit son travail de deuil en déroulant obstinément un écheveau de pensées douloureuses, exacerbées de nationalisme, de radicalisation.

Shirel vient d'échapper de justesse à un attentat.

Cette version immédiate du terrorisme, aggravée par l'attitude rigide de Rivka, va provoquer en elle un sentiment différent sur sa propre vie et sur la société israélienne.

Comment continuer à vivre sans comprendre ?

Ce soir là est parcouru de mots acérés comme autant d'éclairs atteignant le coeur et la raison de chacune.

De l'affrontement de ces deux amies, restera un faufilage de blessures et d'injures, d'élans et de gestes inachevés.

Comme une guerre qui ne doit jamais finir.

Mars 2002.

Articles de presse