Victimes de la révolution

Plusieurs membres vendéens de la famille de la Bénatonnière ont été persécutés pendant la révolution française

La famille Gazeau de la Boissière

Le marquis Gazeau de la Boissière (Louis-Charles) fut persécuté avec sa famille par les révolutionnaires, et finit par y être condamné et exécuté.

Il avait 76 ans. Officier du roi, chevalier de Saint Louis, il soutint courageusement ses tortionnaires mais, malade et paralysé, il ne put se porter à l'échafaud. On le porta assis sur un fauteuil où il fut fusillé.

Il "a subi sa sentence sur le platin des Sables". (Le platin : la partie de la côte qui est découverte à marée basse)

Nous recopions ici la bonne notice biographique réalisée par le site très riche : La Maraîchine Normande* : lien

(* : le terme maraîchine renvoie au marais vendéen)

Louis-Charles Gazeau de la Boissière, brigadier des armées du roi, âgé de 76 ans, demeurant à la Bénastonnière de Grosbreuil, condamné à mort, le 21 mars 1794, et exécuté le même jour aux Sables d'Olonne.

Ce vieil officier, en raison de son grand âge sans doute, dit Collinet, avait comparu une première fois devant la Commission militaire, le 25 août précédent, et avait été renvoyé devant le tribunal criminel du département qui ne vint pas aux Sables d'Olonne. Ce fut donc la Commission qui le jugea et le condamna. Ce vieillard était paralysé, il fallut le porter au lieu de l'exécution.

Voici le texte du jugement :

Séance du premier germinale l'an 2e de la République française une et indivisible (21 mars 1794)

"Louis Charles Gazeau dit Boissière cy-devant noble et cy-devant brigadier des armées du cy-devant Roy, demeurant à la Blatonnière, commune de Grosbreuil"

La Commission militaire,

Considérant qu'il résulte de plusieurs dépositions que Gazeau, au moment de l'insurrection, au lieu de se retirer dans un pays libre, s'est porté avec sa famille, sans aucune crainte, à la Boursière, commune de Venansault, pays alors en pleine insurrection ;

Considérant que les motifs présumés de ce voyage ne peuvent tourner qu'à la défaveur du dit Gazeau ;

Considérant que ledit Gazeau a reçu chez lui, à différentes fois, des brigands, leur a fait donner à boire et à manger et qu'il n'a éprouvé de leur part aucun mal ni pillage ;

Considérant aussi qu'il a fait porter à manger et à boire, au bourg de Grosbreuil, au sieur Duchaffault, chef des rebelles ;

Considérant encore qu'il a fourni deux barriques de vin à l'armée rebelle de Joly, qui ont été conduites par un de ses métayers à la Mothe-Achard ;

Considérant au surplus que ces faits sont avoués par Gazeau, qui se contente de dire qu'il y était obligé ;

Considérant enfin que la loi du 5 juillet, explicative de celles du 19 mars et du 10 mai, met au rang des chefs les ci-devant nobles qui ont pris part aux attroupements et que les vivres qu'il a fournis ont contribué à la nourriture des rebelles, ont protégé et soutenu les troubles,

Condamne ledit Gazeau cy-devant noble à la peine de mort, ordonne qu'il la subira dans les vingt-quatre heures et prononce la confiscation de ses biens au profit de la République.

Le blason Gazeau :

Sur le vitrail central de Notre Dame du Bon Port (Sables d'Olonne), on retrouve les armes Gazeau (à droite), à côté des armes de Paul Isaac de Bessay, de la Bénatonnière.

Parmi les familles nobles du Poitou, il en est peu de plus anciennes que la famille de Gazeau, dont l'existence est prouvée dès 1236, mais dont la filiation ne commence qu'à partir du XVe siècle. Elle s'est divisée en de nombreuses branches et porte d'azur au chevron d'or, accompagné de trois trèfles de même, posés deux en chef et un en pointe.

Les de Gazeau furent marquis de Champagné, de la Boissière ; seigneurs de Marsays, la Roche-Mothe, la Mothe-Linouze, la Fontaine-Gazeau, le Langon, le Fief-Gazeau, la Boutarlière, Saint-André, le Bois-Saint-Martin, les Villates, la Greffelière, Grosbreuil, la Bénastonnière, la Guigneraie, la Vergne, l'Établière, Lerrière, la Grainetière, la Lière, les Grandes-Maisons, Puyraveau, le Ligneron, la Sauvagère, Ramberge, etc.

Le plus ancien personnage appartenant à la maison de Gazeau dont l'existence soit connue, est Jacques Gazeau, reconnu noble en 1230.

LOUIS-CHARLES GAZEAU DE LA BOISSIÈRE, chevalier, seigneur de la Boissière, Grosbreuil, la Bénastonnière,

fils de Louis-Alexandre Gazeau, IIème du nom, chevalier, marquis de la Boissière, seigneur de Grosbreuil, la Bénastonnière, la Guigneraye, la Vergne, l'Etablière, etc

et de Marie-Marguerite-Henriette de Morais, fille de feu Henri de Morais, chevalier, marquis de la Flocellière, et de feu Marguerite Baudouin, dame des Arpents, mariés le 12 février 1715,

est né le 15 septembre 1717.

Une soeur : Marie-Marguerite-Henriette, née à Grosbreuil, le premier avril 1716, baptisée le 3.

Colonel du Régiment du Roi-infanterie, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, capitaine des grenadiers au régiment du Roy, il se retira avec une pension de 2.000 livres.

Il fit partie du rassemblement de la Proutière, dispersé, le 28 juin 1791, par la colonne républicaine de Laverand, et tenta de s'embarquer pour Guernesey, le 3 août suivant, avec quelques parents et amis, mais arrêté en même temps qu'eux à la Fosse, près Noirmoutier, il fut ramené aux Sables, emprisonné et amnistié le 26 septembre 1791.

Arrêté de nouveau, à sa terre de la Bénastonnière, le 15 mai 1793, incarcéré aux Sables où sa femme et son fils vinrent partager sa prison, il fut condamné à mort, le 21 mars 1794, par le Tribunal révolutionnaire de cette ville, et exécuté le 22 mars 1794, à l'âge de 76 ans.

Il n'eut pas d'enfants de son premier mariage avec Marie-Henriette-Charlotte Jousseaume de la Bretesche, fille de Armand-Louis Jousseaume, chevalier, seigneur, marquis de la Bretesche, vicomte de Tiffauges, etc. et de Marie-Henriette-Élisabeth du Bois, baronne de Suzannet, le 20 octobre 1753.

Il épousa en secondes noces, le 15 juin 1773, Marie-Henriette de Morais, fille de feu Henri de Morais, chevalier, marquis de la Flocellière, et de feu Marguerite Baudouin, dame des Arpents, dont il eut : Henriette-Charlotte-Gabrielle, née le 14 septembre 1775, mariée à N. Rousselot de Saint-Céran, et morte en couches et Louis-Charles.

Sa veuve, Marie-Henriette de Morais survécut à la Révolution.

Leur fils, Louis-Charles Gazeau de la Boissière, chevalier, seigneur de la Boissière, Grosbreuil, la Bénastonnière, né à la Bénastonnière, paroisse de Grosbreuil, le 17 février 1778, et baptisé le 18 septembre de la même année, n'avait que 15 ans lorsqu'il fut arrêté en même temps que sa mère, dans les premiers jours de 1794, et incarcéré aux Sables où son vieux père, déjà prisonnier, allait être condamné à mort. Il fut élargie en même temps que sa mère, en février 1795, à la suite de l'amnistie de la Convention du 9 décembre 1794.

Il épousa Cécile Martin d'Ingrande, née à Paris, fille de Claude-François Martin d'Ingrande, trésorier particulier des sénéchaussées pour la généralité de Paris, et chef de bureau pour les sénéchaussées du royaume, et de Françoise-Antoinette Delau de la Croix, dont naquirent :

1° N..., né à Paris, et mort en bas âge, au même lieu.

2° N..., né à Paris, et mort en bas âge, au même lieu.

3° N..., né à Paris, et mort en bas âge, au même lieu.

4° Geneviève-Nelly-Henriette, née à Paris, le 4 avril 1806, mariée, le 17 octobre 1827, à Paul-Isaac-Benjamin, comte de Bessay, officier de cavalerie démissionnaire, fils aîné de Paul-Isaac-Marie-Félix, comte de Bessay, ancien aide-de-camp du général de Sapinaud et chef d'escadron à l'armée royale du Poitou, chevalier de la Légion d'honneur, et de Geneviève-Mélanie de Chasteigner, né le 7 octobre 1802, dont une fille unique : Geneviève-Louise-Mélanie de Bessay, née à la Bénastonnière, le 2 août 1829, épousa, à Grosbreuil, le 17 octobre 1853, Marie-Antoine-Arthur, comte de Beaumont de Verneuil d'Autry, chambellan de l'empereur d'Autriche, colonel d'état-major de l'armée pontificale. Elle est décédée à la Bénastonnière, le 11 juin 1871. Son époux est mort à la Garcillière, le 20 mai 1892.

La comtesse de Beaumont, morte en 1871, inhumée successivement dans le cimetière de Grosbreuil et dans la chapelle du château de la Garcillière, fut descendue, en 1892, en même temps que le cercueil de son époux, dans la crypte de la chapelle de Bourgenay.

Extrait : Généalogie de la maison de Gazeau - Étienne de Lauzon - 1911 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5859804h.texteImage

AD85 (archives départementales de Vendée) - Registres paroissiaux de Grosbreuil

Semaine Catholique du Diocèse de Luçon - 1914 - p. 516-517

Le jugement se trouve aux AD85 : L 1590 "Commission militaire des Sables-d'Olonne (1793 - 1794) à la vue 161.

+ "Journal de Collinet" disponible en 144 J , pages 219, aux AD85 : http://recherche-archives.vendee.fr/archives/fonds/FRAD085_144J

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01/12/2018

L'ASVB s'associe à l'hommage organisé par le Souvenir vendéen

L’inauguration de ce martyrologe aura lieu le samedi 1er décembre 2018, à 15h00, à l’église Notre-Dame-de-Bon-Port, au centre de la vieille ville des Sables-d’Olonne.

La cérémonie comprendra la bénédiction de ces deux plaques par M. l’abbé Antoine Nouwavi, administrateur de la paroisse, et une évocation historique des victimes de ces exécutions.