2020

Il n’y a rien de plus trompeur que l’immobilité du Bonsaï.

Parce que le Bonsaï ne tient pas en place.

Il glisse. Tout le temps.

Les Bonsaï ne connaissent que la nature et la mort.

Or, ils ne sont beaux qu’à équidistance des deux.

Il faut utiliser chaque pince et chaque ciseau selon sa fonction.

J’ai beaucoup de pinces et de ciseaux.

Je les nettoie et les range bien.

C’est cela qu’il faut faire.

Au début je ne les entendais pas. Les Bonsaï.

Et puis c’est venu tout doucement.

Comme un bourdonnement. Par intermittence.

Et le bourdonnement s’est installé. Il est devenu flux continu.

Il a gagné en intensité.

Maintenant, je le sais, les Bonsaï murmurent

Servir les Bonsaï n’est pas une activité difficile.

La seule difficulté c’est de supporter leur murmure.

C’est tellement joli, comment on fait un Bonsaï au juste ?

Je dis : il faut de la terre et des graines.

Le murmure des Bonsaï.

Il accompagne leur environnement.

Il accompagne le rythme du monde.

Au début je ne les comprenais pas. Les Bonsaï.

Et puis leur murmure s’est complexifié.

Il s’est modulé. Dans mes oreilles et dans ma tête.

Il s’est articulé. Comme un langage. Ou comme un chant.

Je dis : « Arroser s’apprend. Comme regarder.

Cela vient avec le temps, l’observation et la pratique.

C’est une intuition à développer »

Tôt ou tard, il faut s’occuper des racines. Tôt ou tard.

Tôt ou tard, un arbre finit par ressembler à ses racines.

C’est pourquoi tôt ou tard, il faut s’occuper des racines.

Je dis : ‘’le substrat, c’est la composition du terreau où pousse le Bonsaï’’.

Je dis : ‘’c’est de la chimie. Chaque Bonsaï doit avoir son substrat’’.

Et le substrat doit évoluer avec le Bonsaï.

C’est de la chimie.

Il n’y a pas de style imposé dans l’art du Bonsaï.

Mais il y a une classification théorique des différents styles purs.

J’aime quand c’est pur.


Le maître de Bonsaï ne contrarie pas la nature fondamentale de l’arbre.

On ne peut pas le faire. Ou on le tue.

On ne s’oppose pas de front à la nature.

On ne peut pas le faire. Mais on peut la canaliser.

Le maître de Bonsaï doit comprendre l’arbre pour le canaliser. Pour en faire une œuvre d’art.

C‘est l’arbre qui dicte au maître Bonsaï sa conduite. Pas l’inverse.

Pour guider, le maître Bonsaï doit d’abord se laisser guider.

Le maître Bonsaï

Antoine Buéno

Une belle expo malgré la conjoncture actuelle, une réussite club à part entière.

Bravo à tous, merci aux nombreux bénévoles

Au fil du temps, cet arbre a affronté sans faillir les intempéries, les insectes, les champignons, peut-être aussi la main de l'homme ; il en a souffert jusqu'à abandonner une partie de son vivant qu'il a consenti malgré tout à préserver pour nous offrir un magnifique "bois mort". Par sa combativité il renait sans cesse et s'adapte aux événements depuis fort longtemps.

Immortel, intemporel ?

Au fil des ans, sous les assauts de ces mêmes intempéries, cette tablette a perdu la finesse de son ébénisterie, sa teinte, son éclat ; ses tenons et mortaises ont fini par céder et elle s'est effondrée.

Ephémère œuvre humaine, elle ne sera bientôt plus qu'un souvenir.