Raid Mauritanie

Nous essayons de mettre aujourd’hui en œuvre une nouvelle mouture de raid à la dimension que nous nous sommes fixée : toujours plus ambitieuse, toujours plus audacieuse.


En effet, la Mauritanie se profile à l’horizon avec la rudesse et le mystère de son immense désert mais aussi l’accueil et la sérénité de sa population.

Certains traverserons en partie la France puis l’Espagne et le Maroc pour rallier Nouakchott, d’autres arriveront directement en avion à la capitale.

Nous partirons ensuite vers l’Est, les dunes et le Massif du Tagant en passant par la route de l’Espoir » vers Aleg puis Moudjeria et le lac Gabbou. La caravanne se dirigera ensuite sur Tidjikja pour redescendre plein Sud sur Boumdeïd et Kiffa par la fameuse passe de Néga. Nous irons flirter avec les paysages sahéliens bordant la frontière Sénégalaise vers M’Bout, Kaédi et Bogué pour terminer cette aventure qui pourrait s’avérer l’une des plus abouties qu’ A-H ait connu, part sa destination mais aussi par les conditions particulières qu’elle exigera de ses participants.

Ainsi, ces conditions seront particulièrement difficiles ; sur le plan sportif bien sûr mais surtout de part la rudesse du pays, très peu d’hébergements ou de ravitaillements en eau et nourriture croiseront notre route, l’orientation sera parfois délicate sur certaines portions ...

En bref, les véhicules et les gens seront mis à rude épreuve, chacun devra investir de sa personne afin d’aller au bout de ce projet et par la même au bout de soi ...


Jean Antoine Ferre président Aventure Handicap



Le Circuit

Le Récit de cette Aventure ...

Sous une pluie battante, les 14 4X4 et leurs 29 passagers se retrouvent sur le port de Sète le 16 octobre 2004 et embarquent sur le BILADI. Après une traversée de 36 heures le groupe débarque enfin à Tanger. Les formalités de frontière se font rapidement et nous nous retrouvons tous le soir même au camping Fairdaous de Marrakech. Les longues étapes de voiture se succèdent : Tan-Tan plage, Darkla, frontière maroco-mauritanienne. Après cinq heures de formalités douanières nous bivouaquons près de la voie du plus long train du monde.  Le lendemain, direction Nouakchott par la nouvelle route tapissée de milliard de criquets pèlerins qui n’ont pas manqué de colmater nos radiateurs.


Samedi 23 octobre, 15  personnes en provenance de  Paris rejoignent le groupe des 29 arrivés sur place à NOUAKCHOTT depuis la veille. Dès la sortie de l’avion, une atmosphère chaude et humide donne déjà la note du séjour !

Passage rapide au contrôle, avec la garantie de la part des douaniers que nous allons passer un séjour en pays sûr et accueillant, le groupe Aventure Handicap au complet scelle de nouvelles amitiés autour d’échanges animés qui traduisent aussi l’inquiétude de certains quant à ce qui nous attend dès le lendemain… 


Dimanche 24 octobre, nous quittons en convoi l’Auberge Menata, notre camp de base tenu de main de maître par notre charmante hôtesse Olivia dont il faut souligner l’amabilité, le dévouement et le sens du commerce. Sans elle notre séjour aurait pu tourner au cauchemar. 

4X4 parés, pleins de gasoil assurés, nous prenons la direction d’Idini,  Boutilimit: nous empruntons un morceau de la route de l’espoir ou RN3, lien bitumé entre la capitale et la frontière malienne via Néma, qui a permis de relier les régions les plus reculées du pays à la côte. Les HB ouvrent les hostilités, suivis des VTT et les coureurs à pieds terminent ce premier jour de chauffe, c’est le cas de le dire : bon sang que le soleil brûle et que les gorges se dessèchent !  Le bivouac au bord de la piste marque les premiers 194 kms des 1700 que nous couvrirons. 


Lundi 25 octobre. Cette seconde journée, l’ordre des relais sportifs est le même que la veille, les VTT enchaînent leurs distances à la suite des HB et précèdent la CP, mais cette fois nous empruntons de la piste, ce qui n’enlève rien à la chaleur qui nous tanne. Le campement s’établit à Sangarafa avec une arrivée du Discovery remorqué par le Toy de Guy.

Mais dans tout cela, nous trouvons un réconfort auprès de notre équipe popote, deux cuistots et leur chauffeur qui tous les soirs nous mijotent de fins dîners, des légumes avec soit poisson, soit viande même très fraîche ; d’ailleurs une biquette un soir en a fait les frais, car véhiculée toute une journée à l’arrière du pick-up, elle a fini dans le chaudron en morceaux fondants et délicieux.


Mardi 26 octobre au matin, Guy remorquera Jean-Paul jusqu’à la capitale sur 370 bornes pour cause de moteur HS. Pour cause de surchauffe, les relais sont réaménagés. Des parcours quasi goudronnés pour les VVT, les CP et un handbike (bravo Bruno) gravissent la terrible côte de Moudjeria (7% de moyenne). Il nous faut 30 kms de liaison pour arriver au bord du lac Gabbou, rive droite pour la plupart, rive gauche pour d’autres, ce qui n’a pas manqué de piquant…bref, nous nous sommes quand même retrouvés. Piquant aussi car si à première vue, le lac asséché a laissé place à une immensité verdoyante au beau milieu d’un désert de regs et d’ergs  parsemés d’épineux et d’arbustes rabougris, a posteriori, ce cadre tranquille est devenu un enfer. La tombée de la nuit a mis les moustiques en émoi. Effectivement, nous avions le choix, soit le sauna du duvet, soit le bourdonnement et les piqûres de ces bestioles et tout ceci sous un ciel magnifiquement étoilé : vive le produit miracle qu’est le 5 sur 5 pour nos peaux délicates et la savarine pour nos estomacs non avertis.


Mercredi 27 octobre, la difficulté de nos organismes à s’acclimater aux 40° quotidiens se fait douloureusement ressentir : Philippe a de la fièvre, certains n’ont pas pu terminer leur relais, nous buvons 3 à 4 litres d’eau par jour, notre corps est une éponge d’où rien ne semble sortir, sauf peut être nos sels minéraux et notre énergie à donner le plus profond de nous-même. Jean-Antoine réaménage la journée, les VTT feront route ensemble après une piste caillouteuse et peu tracée, mais les points GPS nous guident, indispensables dans de pareilles contrées. Le soir c’est une tête de buffle qui indique le lieu du bivouac, tête fétiche qui terminera le périple sur le véhicule du jeune équipage sympathique de caméramans. 

Nous sommes à 45 kms de Tidjikja où nous pouvons nous ravitailler en Gasoil et eau : ceci nous vaudra de montrer patte  blanche auprès des autorités locales. En effet, interpellées par notre caravane, elles ont procédé aux vérifications d’identité d’usage. A croire que ce contre-temps, qui pour nous était pénalisant, constituait pour eux l’attraction de la semaine…


Jeudi 28 octobre,  au matin, c’est le tour de Mathieu et Olivier de quitter la caravane afin de rallier Kiffa par la route pour raison d’injecteur encrassé alors que Jean-Paul et Domi nous rejoignent à bord d’un Toy avec Dedah comme chauffeur! Les HB démarrent les premiers, suivis des CP, puis une liaison de 84 kms nous conduit jusqu’au lycée de El Guiddya. Créé en 1998, on remarque sa cloche qui n’est autre qu’une jante accrochée à un bâton qui orne le centre de la cour ne semblant sonner pour personne. C’est d’ici que les VTT prennent le départ et roulent jusqu’aux portes de la fameuse passe de Nega avec une arrivée à la nuit tombante et un parcours  passablement ensablé. La veillée et la nuit sont réparatrices, le petit plateau rocheux sur lequel nous sommes surplombe un canyon bordé d’autres plateaux rocheux que la combinaison du coucher du soleil avec le lever de lune illumine de couleurs sable, ocre, dorée, chaude, profonde, magique. Ici, « On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence » a dit Saint-Exupéry, lui aussi témoin du désert mauritanien. Ici, nous pouvons ressentir oh combien « Au désert la vision lucide de son néant donne à l’homme cette force qui le rend capable d’abandon » comme Jean-Yves Leloup l’a écrit. 


Vendredi 29 octobre, Philippe est toujours fiévreux, son cas devient de plus en plus inquiétant. Pour lui, la solution est de monter dans une voiture climatisée pour rallier kiffa au plus tôt. Aujourd’hui, pas d’épreuve sportive, ce sont les chauffeurs qui doivent montrer leur savoir faire. Ordre à tous de dégonfler entre 1 et 0,8 bar pour éviter de s’ensabler, mais c’est le premier passage rocheux qui a eu raison d’un pneu d’Alain. Le parcours est superbe, plus de sable, ce sont des toboggans de dunes comme on en rêve avec au passage une magnifique faille et sa guelta à voir, sans nul doute ! Merci Anita pour cette initiative. Nous avons encore 130 kms avant de retrouver Mathieu et Olivier à l’Auberge « Le Phare du Désert » à Kiffa. Fatiguant, pour notre seul jour de repos ! 

L’état de santé de Philippe ne s’améliorant pas, nous décidons que Jean-Antoine et Stéphanie l’accompagnent jusqu’à Nouakchott. Il sera évacué sur Dakar avant de regagner la France.


Samedi 30 octobre, Mathieu et Olivier rallient Nouakchott, le Nissan sur la benne d’un camion et c’est parti pour dix heures et 600 kms. Pendant ce temps, à la fraîche les HB partent pour  leurs malheureux 14 kms qui devaient traverser la piste de l’aéroport, mais un mur nouveau les empêche de sortir de la piste. Le relais s’est terminé par des allers-retours, personne n’a réussi à décoller. Après une liaison 4X4 de quelques kms, les autres relais s’enchaînent.,. Nouvelle galère mécanique, le Toy d’Anita et le Toy de Guy font des leurs, bouchon de vidange de pont perdu, pont foutu, roulement grippé, voiture immobilisée. L’étape est neutralisée à 20 kms de la passe de Souffa, un bivouac s’improvise pour la plupart, pour Guy et les chauffeurs mauritaniens, c’est un aller-retour à Kiffa de 220 kms de piste pour aller chercher les pièces de rechange.


Dimanche 31 octobre, dernière étape, rallongée des 20 kms de la veille. Les CP ont la chance de faire la magnifique passe de Souffa de bon matin. C’est aussi des passages caillouteux où les véhicules doivent surfer au fil des marches. Suit une liaison interminable sur la RN2 avec de multiples passages d’oueds où la piste se perd…jalonnée de villages de cases (tikit) avec leurs habitants accueillants drapés dans leur voile coloré. Seuls trois participants ont le temps de faire un bout de leur relais, deux handbikes et un VTT. Le bivouac se tient au bord de la route , à quelques kms de Bogué. Tard dans la soirée, le Danjel de Jean-Claude nous rejoint après une liaison mouvementée…


Lundi 1ier novembre, retour à Nouakchott via Aleg. Nous retrouvons Jean-Antoine qui court les mécaniciens et les marchands de pièces Toyota pour son véhicule qui a fini par rendre l’âme. Mathieu avec son véhicule réparé et Stéphanie qui soigne le moral de tout ce monde. Jean-Paul retrouve son Disco tout propre et tout neuf devant l’auberge. Après-midi de détente : plage, port de pêche ou un peu de route pour roder les moteurs refaits, achats souvenirs.


Mardi 2 novembre, journée farniente avant le départ de l’avion à 23h55 prévu pour 14 d’entre nous, effectif  pour 13 seulement. Stéphanie s’est dévouée pour rester deux jours de plus pour cause de surbooking ! 


Mercredi 3 novembre, un premier flot de 11 véhicules prend la route du retour, direction Marrakech.


Jeudi 4 novembre, suite et fin de la réparation du Toy présidentiel, les 3 derniers 4X4 partent à leur tour. Tout le monde  se retrouve à Marrakech, dernière étape sur le sol africain avant Tanger puis Sète, enfin un peu de fraîcheur retrouvée !


Ce raid, riche en événements, rendu difficile par la chaleur et perturbé par de nombreux problèmes mécaniques, restera malgré tout une superbe Aventure Humaine et Sportive !


Nous recherchons le conteur de cette belle Aventure contactez AH contact@aventure-handicap.fr


Le Film Souvenir d'un participant

La voix off d'Olivier ...

Suite à la soirée du 25 septembre 2004 je tenais à vous remercier et à vous faire profiter de cette belle aventure que vous m'avez permis de réaliser


le temps n'est pas dans la partie mais c'est ce qui fait le charme de l'aventure

voilà on a fini de traverser la Méditerranée

c'est un beau petit voyage on arrive comme vous voyez c'est un bruit de Tanger au Maroc

et on est parti pour la Mauritanie ...


Le premier bivouac en Mauritanie au niveau du rail du train le plus long du monde ce qui ramène le minerai de fer  là voilà…


... et voilà l'aventure se termine ce que vous voyez c'est le l'excellent moment beaucoup de joie beaucoup de moments de délire de fêtes de demande 


tout ça grâce à vous et je tiens à vous en remercier énormément du fond du cœur


Olivier Marseille

Les Photos