Carnet de voyage

Centenaire de la Grande Guerre.

Reportages audiovisuels:


Se souveni


https://youtu.be/fSma723oVa8 Croquis de Femmes 1913/ 1930

https://youtu.be/d30-OZOc3hs L’enfer de Verdun 1916

https://youtu.be/h08mHKk1GC0 Salonique 1918

https://youtu.be/2PDBZII1VOs Une semaine en Macédoine Serbe

https://youtu.be/Eit3MBw1mMQ 2019 Retour en Macédoine.

https://youtu.be/tl6R_8nD21Q Documentaire Macédoine

https://youtu.be/rPPJx_0qZ1Y Se souvenir de la Grande Guerre



dans les traces d’Etienne VALENTIN.

Etienne Valentin, un Poilu parmi tant d’autre, mais c’était aussi un artiste qui a dessiné la première guerre mondiale à sa façon, des Flandres Aux Balkans.

En août 2004, nous sommes allés en Lorraine voir notre fille Rozenn qui y effectuait un stage dans le cadre de ses études.

Nous avions emporté les croquis d’Etienne correspondant à cette région de la Meuse afin de comparer avec l’époque actuelle.

C’était nos premiers pas sur les sites historiques qui ont été marqués par la grande guerre. Nous avons ensuite, d’année en année continué à marcher dans les pas de notre soldat. Nous étions, alors, loin d’imaginer que nos recherches, un jour, nous auraient conduit jusqu’aux Balkans.

Pourtant, à partir de 2004, plusieurs croquis sont exposés au Mémorial d’Orient à Bitola (Macédoine). En 2008, des professeurs d’histoire de Basse-Normandie sont intéressés par les dessins de cette région des Balkans.

Des travaux sont réalisés par des lycéens et leurs professeurs : stèle, carnets. Nous sommes conviés à plusieurs reprises à apprécier sur place leurs réalisations remarquables tant sur la forme que sur le fond.

Ainsi, nous nous sommes décidés de tenter cette formidable et épique aventure. 2009 en Macédoine, 2010 en Serbie (Voïvodie) et Hongrie région de Makó et saint Yvan, 2012 en Grèce à Salonique, avec un nouveau passage en Macédoine (Ohrid et Bitola).

En tant que baroudeurs, nous avons pratiqué le camping d’abord en tente canadienne et ensuite igloo. Le confort sommaire a été vite compensé par le dépaysement.

En raison de ces lieux riches en histoire, nous saisissions davantage l’impact que les dessins du poilu ont sur nous. Pour se rendre compte, se rendre sur le terrain n’a rien de comparable. En plus, lors de nos randonnées, nous avons connu des belles rencontres, échangé nos cultures différentes. Les autochtones sont fiers d’évoquer leur pays avec son histoire.

En écrivant ces lignes, nous avons une pensée particulière pour feu André Valentin, fils du Poilu, Président d’honneur de l’association : Mémoire et Art : Génération Valentin.

Cher Poilu et cher André papa de Nelly, nous ne vous oublions pas.

Nelly et Gérard

Ce carnet de voyage est dédié à notre fille Rozenn.

Le mot de Nelly: petite fille du Poilu.

Mon Grand Père, Etienne André Valentin est né à Paris le 20 janvier 1893.

En novembre 1913, il est appelé pour effectuer son service militaire à Fontainebleau.

--En août 1914, la guerre commence à gronder, il embarque à la gare de Thoméry.

--Sa guerre, Etienne commencera à la dessiner dans les Flandres. Nous avons une pensée pour notre Soldat qui a esquissé les dunes à Malo-les-Bains et à Nieuport en 1915 et 1916.

Nous imaginons qu’Etienne André Valentin aurait souhaité découvrir la mer et son sable fin, mais dans d’autres circonstances !

Aujourd’hui, ces grandes plages sont colorées de paravents et chaises longues rayés de bleu, de rouge, de blanc… En soirée, un certain charme se dégage avec le soleil couchant.

--Ypres, très marquée par la première guerre mondiale, ici, nous admirons la place bordée d’édifices à l’architecture flamande.

Devant un bistrot pose un mannequin représentant un soldat anglais. En longeant les remparts qui surplombent la cité bordée d’une rivière, s’érige une œuvre de fer découpée dans une plaque pour glorifier la paix.

--En mai 1916, les Poilus cantonnent à Catheux dans l’Oise pour un repos bien mérité.

--En Juin 1916, le train conduit le régiment à Verdun. Nous faisons une halte à Rupt aux Nonnains au bord de la Saulx, c’était un lieu de repos pour les Soldats.

-- Ensuite, nous empruntons la Voie Sacrée entre Bar le Duc et Verdun. Nous apercevons un monument à la mémoire des taxis de la Marne. Arrivés en ville, nous contemplons entre autre..... le Centre Mondial pour la Paix,..... le monument de la victoire,..... le monument aux morts, ..... le carrefour des Maréchaux.

--Autour de Verdun, mon grand père a dessiné des lieux tristement célèbres : La Cote du Poivre, aujourd'hui, deux communes voisines sont pour ainsi dire jumelées et appelées Louvemont Cote du Poivre.

-- Le bois de Cumières est situé près de la côte 304, du Mort-Homme. Les violents combats de jours comme de nuits ont détruit cette région boisée. Les abris n'ont pas résisté: des nombreux morts sont à déplorer mais l'ennemi n'est pas passé.

-- L’attaque de Douaumont est le seul croquis daté.... aujourd’hui, ce sont des villages fantômes avec un monument, une chapelle, un petit cimetière. Seul, un maire veille à la tranquillité des lieux.

--Près de Douaumont, nous avons visité L’Ossuaire et le cimetière ,

.... le monument des Musulmans,..... la tranchée des baïonnettes…

--Lors de nos randonnées à partir de ces communes fantômes, nous empruntons les allées forestières et anciennes tranchées avec carte et boussole faute de chemins balisés.... C’est ainsi que nous apercevons trois obus : deux à même la terre et un autre d’un modèle différent pointant son nez dans une ornière creusée par le passage d’engins agricoles.

--Plus vers le sud, nous avons découvert les ruines des Casernes Marceaux. Par contre, le Fort Saint Michel et le Cabaret Rouge sont situés sur des terrains militaires.

--Le fort de Souville est proche de ces lieux, nous nous y rendons à pied. Construction impressionnante où une

très grande fraîcheur s’en dégage que l’on ressent à plusieurs dizaines de mètres de l'entrée.

--En passant par Avocourt en Argonne, nous avons rencontré un Poilu avec sa roulante, mais ni l’un ni l’autre n’étaient d’époque.

--Nous arrivons sur le Chemin des Dames.

C’est à Craonne que nous commençons notre parcours sur ce chemin historique. En dehors du bourg, nous découvrons l’ancien village avec les quelques ruines restantes.

De là, nous grimpons vers le Plateau de Californie. Un panorama s’offre à nous, une vue sur la vaste plaine d’où l’on peut imaginer le mouvement des troupes. Sur ce plateau, un monument a été érigé à la mémoire des combattants qui n’avaient pas entendu le signal de la fin de guerre.

--Plus loin, dans un cadre verdoyant, les ruines de l’abbaye de Vauclair attire notre regard.

--A Paissy, les restes la tour de la ferme portent les empruntes des combats.

--Au village, nous découvrons plusieurs grottes creusées dans la pierre blanche, celles-ci servaient d’abri pour nos soldats, d’école ou de chapelle.

--Nous traversons Jumigny avant d’arriver à Vassogne. De ce dernier village, Etienne a réalisé deux croquis : Vassogne et les restes de Vassogne. Ici aussi, Nous imaginons la violence des combats.

--Un dernier arrêt à la nécropole de Cerny-en-Laonnois avec son cimetière et sa chapelle.

--Au cours de la bataille de la Malmaison, Etienne était téléphoniste et a reçu une citation. Nous ne pourrons pas nous rendre sur ce site fortifié, car les visites guidées n’ont lieu qu’une fois par mois.

--Nous arrivons dans L'Oise.

Nous avons visité les deux communes détruites autrefois : Lassigny et Beaulieu les Fontaines.

--Ensuite, nous avons mis nos pas dans ceux des Poilus au cours d’un circuit : à Tracy-le-Mont. Celui-ci, ponctué de panneaux retrace les faits historiques vécus à ces mêmes endroits, ces images rétrospectives si réalistes, nous ont laissé un souvenir très émouvant.

--Sur le fronton d’une maison, une inscription : « A la Pansée » attire notre curiosité, c’est ici que nos Poilus retrouvaient un peu de réconfort.

--Un peu plus loin, nous marchons sur la butte des zouaves.

--Toujours au cours de nos ballades, nous avons découvert des grottes à Thiescourt qui servaient de lieux de cantonnement à nos braves combattants, un cimetière où soldats français et allemands reposent cote à cote.

--Fin 1917, notre soldat change de régiment et se dirige vers le sud. Il cantonnera quelques semaines à Nîmes en attendant son départ pour les Balkans.

Pendant son temps libre, il apprécie sans doute, la quiétude du Jardin de la Fontaine, appelé autrefois Jardin Romain.

Loin des remous de cette affreuse guerre, il pourra réaliser quelques esquisses des statues qui s’offrent à ses yeux comme par exemple le Dieu Pan,... le Temple de Diane,... le Nymphée. Tout ce décor a passé le siècle sans aucun dommage.

-- En arrivant à Saint Raphaël dans le Var, il dessine le cœur historique et la plage : l’urbanisation a modifié ce paysage. Ici, un monument a été érigé à la mémoire de l'Armée Noire.

-- Par contre, à la Napoule, le château donnant sur la plage est toujours présent dans sa splendeur : c’était le dernier croquis avant Salonique.

--Nous arrivons en Grèce à Salonique

Nous y sommes à la mi-juin, en fin d’après midi le thermomètre affiche encore 40° à l’ombre.

Autant la banlieue est peu aguichante avec ses immeubles, l’esplanade bordant la Mer Egée est très agréable avec ses parcs et bancs nombreux.

Les Grecs organisent leur emploi du temps en fonction du climat. Le matin, de bonne heure, ils pratiquent la marche rapide, le footing, la pêche. Le soir, la fraîcheur ramène une foule qui s’arrête de temps à autre, devant les échoppes des bouquinistes. Des petits marchands, ici et là tentent vraiment de vendre leurs épis de maïs grillés.

--Sous une chaleur dense et une foule grouillante, nous avons la joie de retrouver en ville, deux monuments historiques dessinés par le grand père : les colonnes de l’ancienne église Agnia Para kir et l’église Saint Georges .... Pourtant, on nous avait dit que plus rien ne subsistait de cette époque.... Dans cette ville, Il a réalisé une dizaine de croquis. En déambulant, nous comparons la vie et l'architecture d'hier avec celle d'aujourd'hui.

-- Un peu plus loin, des statues semblent surveiller le chantier en cours de démolition qui trônent au milieu des gravats.

--Nous arrivons en Macédoine

Nous imaginons que notre Poilu aurait transité par Florina et l'Albanie à l'ouest du lac D'Ohrid. Ce lac est situé à la frontière de trois pays: la Grèce, l'Albanie et la Macédoine.

.....Nous passons quelques jours dans la ville d'Ohrid et ses alentours. Un contraste saisissant entre la ville au bord du lac et la campagne: d'un coté l'on voit la richesse et de l'autre la vie simple à la limite de la pauvreté. Ohrid est une petite ville de caractère et vivante avec ses vieilles rues, l'église Sainte Sophie, son marché.

-- Par contre, La campagne est peuplée de paysans possédant parfois un âne, quelques chèvres ou moutons.

--Nous poursuivons notre route en direction de Bitola :(Monastir autrefois).

-- Nous nous rendons au Mémorial d'Orient, ici dans le petit musée, neuf croquis de mon grand père sont exposés depuis 2004.

--Aussi, J'ai déposé un bouquet de fleurs au pied du mausolée en mémoire de tous les Poilus d'Orient.... Les saisonniers, sous une forte chaleur, entretiennent le cimetière militaire français.

--A Bitola, nous avons pris le temps de visiter la ville: son vieux bazar très typique situé dans les vieux quartiers qui ont survécu au conflit, Il faut absolument s'aventurer dans ces vieilles ruelles aux boutiques aussi colorées que diverses.

-- Non loin de là, les deux mosquées qu'Etienne a dessinées sont les empruntes de l'époque ottoman.

--Lors de nos randonnées dans les montagnes arides, nous avons une vue sur les toits de Bitola.... En ville, nous flânons et découvrons la vie des Macédoniens.

-- En dehors de la ville, un chantier archéologique nous conduit dans un passé bien lointain avec les ruines d'Héraclée.

--Avec la complicité de l'Alliance Française, nous allons à Brod (le village) situé au bord de la Cerna. C'est un petit village assez pauvre, ici, notre Poilu a dessiné l'église orthodoxe en ruine et son vieux cimetière et diverses vues du village.

-- Lors du nettoyage de la rivière Cerna, des centaines de douilles ont été récupérées.

--Nous dépassons le village Mèglenci, la signalisation est absente, mais pas question de chercher plus longtemps avec près de 50°au soleil. Là où nous nous arrêtons, la topographie des lieux est quasiment la même. Ici, nous dénichons un oratoire où, avant la guerre, s'érigeait un monastère. Ce village est d'une extrême pauvreté, digne du 18è siècle. Ce sont surtout des bergers qui vivent dans ces lieux montagneux.

--Sur le chemin du retour, un Bulgare parlant bien le français nous informe qu'un calvaire a été érigé à Méglenci vers 1936 en mémoire de leurs soldats.

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-De passage à Skopje, la capitale de la Macédoine; (Uskub autrefois), nous nous arrêtons au cimetière militaire français où plus de 2900 soldats de France et des Colonies reposent. Ici aussi, deux croquis d'Etienne sont exposés.

--Dernières étapes sur les Chemins de la Mémoire en Serbie et Hongrie. La Voïvodine, autrefois hongroise est devenue serbe après le conflit. Nous installons notre campement au bord de la Tisza, les moustiques ont été des hôtes bien dérangeants. Notre Poilu y était en 1919.

A Kanjiza, il a dessiné la redoute, vestige de la gloire passée. Aujourd'hui, ce bâtiment a une triste allure.

--Horgos est situé au nord de Kanjiza, à la frontière avec la Hongrie. Le Grand père a dessiné l'église catholique et un castelet en bon état. Afin de trouvé celui-ci, nous demandons aux gens de tracer dans les gravats au bord de la route, le chemin à suivre.

--Aussi, nous avons visité des lieux prestigieux comme Palic et Sombor très fréquentés par la " gentia" locale.

--Nous passons en Hongrie, et campons à Mako près de Saint Yvan où le propriétaire collectionne les vielles charrettes d'un autre temps. Celles-ci ressemblent à un croquis.

En ville, un monument nous déçoit par son aspect violent, mais d'autres sculptures sont plus poétiques comme ce musicien.

A Saint Yvan, Etienne a réalisé plusieurs dessins, mais la population trop jeune n'a pas pu nous renseigné.

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-Août 1919, Etienne est enfin libéré et arrive à Paris. Il pose son chevalet devant le Triomphe de la République place de la Nation et en réalise plusieurs détails. Ici, les six alligators ont été fondus pendant la seconde guerre mondiale. Dans le Jardin des Tuileries, il esquisse le Centaure Nésus.

-Pendant sa guerre, Valentin n'a pas dessiné de cadavres, il a préféré s'évader en pensant aux femmes qui ont bien sûr manquées aux pauvres Poilus..... Son talent, notre artiste l'a acquis dans sa jeunesse auprès de son père Alfred: professeur de dessin et de sculpture et lui-même, fils de Jean Marie: architecte et sculpteur de mobilier religieux au 19è siècle. Ses oeuvres ornent les églises bretonnes.

--Un peu plus tard, Etienne rejoindra la Bretagne: terre de ses ancêtres. Il posera ses valises à Vitré: ici, il sera maçon, un métier trop dur pour un tuberculeux, victime des gaz.

....Il dessinera ses dernières scènes positives: le château médiévale, le

lavoir, diverses rues, des scènes champêtres.

--Vers 1930, il s'installera rue Saint Malo à Rennes.

--En mémoire de nos poilus, nous allons au Panthéon breton.

--C'est à Rennes, qu'il recevra ses citations accompagnées d'une lettre du Lieutenant Piketty.

-- Quelques années plus tard, au service Saint Ignace à l'Hôtel Dieu il montrera sa révolte avec ce dernier dessin réalisé sur son lit de malade. Mon grand père décédera en 1940.

--Pour terminer, voici quelques travaux réalisés par des élèves et leurs professeurs de lycées de Basse Normandie: Les carnets du soldat Valentin par le lycée Paul Cornu de Lisieux, la stèle par le lycée Jules Verne de Mondeville et les livrets sur la découverte des Balkans par le lycée Jean Mermoz de Vire.

Le 11 novembre 2014, la stèle a été inaugurée en présence de Mme Auer, Ambassadrice de France en Macédoine entourée de Nelly Valentin la petite fille du Poilu et des élèves et professeurs des lycées Jean Mermoz de Vire et Tito de Bitola . Nous avons également participé aux commémorations au Mémorial d'Orient à Bitola et au cimetière militaire Allemand de Prilep.

--Je remercie mon père, André, qui a su partager et transmettre l'histoire émouvante de son père qu'il a à peine connu.



Skopje, présentation des croquis du Poilu Valentin par sa petite fille.

Mai 2019


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