Examen régional de Marrakech 2015

Texte :

Elle me quitta un moment. Le bol de bouillon qu'elle m'apporta resta sur mes genoux quelques minutes. Rien que l'odeur de la nourriture me soulevait le cœur. Ma mère m'exhorta en vain à y goûter. Elle m'avait soutenu le corps à l'aide de coussins. La pièce roula, tangua, fut emportée à travers l'espace, tournant sur elle-même, subissant la loi immuable des astres et des météores. Ma mère eut juste le temps de rattraper le bol qui commençait à se répandre sur les couvertures et m'allongea avec d'infinies précautions. Les battements de tambour sous mon crâne s'exaspéraient.

Les objets peu à peu ne partaient plus à la dérive. Ma mère vint s'asseoir non loin de mon lit sur un matelas très bas.

La femme du fabricant de charrues l'interpella :

- Zoubida, comment va Sidi Mohammed ? Couvre-le bien et donne-lui à boire du thé chaud, sans doute a-t-il attrapé froid.

Fatma intervint de sa fenêtre.

- Je crois plutôt qu'il souffre d'une insolation. Il faudrait lui entourer la tête d'écorces de citron et de feuilles de menthe.

- Vous avez peut-être raison toutes les deux, mes sœurs, mais si Dieu ne daigne pas soulager ses souffrances, tous mes soins resteront superflus. J'essaierai tous les remèdes pour hâter la guérison de mon enfant.

Mon père s'annonça à la porte d'entrée de la maison. Il arrivait plus tôt que d'habitude. Pendant qu'il grimpait l'escalier, ma mère s'empressa d'allumer la lampe à pétrole. Notre chambre fut inondée de lumière jaune. Mon père entra. Il vint se pencher sur moi. Ses orbites creusaient deux trous noirs dans son visage qui me parut pâle et fatigué. Il me toucha doucement le front, hocha la tête et me tourna le dos sans rien dire.

Ma mère disposa la petite table basse pour le dîner. (…)

De mon lit, j'apercevais le plat de faïence brune. Je n'arrivai pas à identifier la nourriture qui s'y trouvait. Je savais qu'il y avait une sauce au safran, des légumes et de la viande. L'odeur du safran me donnait des nausées. Mon père et ma mère, chacun abîmé dans ses pensées, ne mangeaient pas, ne parlaient pas.

I. Etude texte : (10 points)

1) En vous référant à l’œuvre dont le texte est extrait, recopiez et complétez le tableau suivant : (1 pt)

Prénom et nom de l’auteur : ............................................................

............................................................ : Roman autobiographique

Siècle : ............................................................

............................................................ : Le Chapelet d’ambre

2) Placez convenablement les éléments suivants (donnés en désordre) dans le tableau ci-dessous après l’avoir recopié : (1 pt)

Deux éléments se situant avant ce passage

  • ........................................................
  • .........................................................


Deux éléments se situant après ce passage

  • ...................................................................................
  • ..................................................................................

a. Le père du narrateur annonce à sa femme qu’il a perdu son capital.

b. Le père du narrateur se dispute avec un courtier.

c. Le mari de Lalla Aïcha prend une seconde épouse.

d. Le père du narrateur quitte le domicile familial pour aller travailler comme moissonneur.

3) « Ma mère m'exhorta à y goûter. »

Cette phrase signifie :

a. Ma mère m’obligea à y goûter.

b. Ma mère m’encouragea à y goûter.

c. Ma mère m’empêcha d’y goûter.

Recopiez la bonne réponse. (1 pt)

4) « Mon père et ma mère, chacun abîmé dans ses pensées, ne mangeaient pas, ne parlaient pas. »

Quel sentiment des parents du narrateur illustre cette phrase ? (1 pt)

5) a –Relevez dans le dernier paragraphe une expression équivalente du groupe de mots souligné dans le premier paragraphe. (0,5 pt)

b –Quelle réaction est exprimée, face à la nourriture, par le personnage dans ces deux expressions ? (0,5 pt)

6) Relevez dans le texte quatre expressions appartenant au champ lexical de la maladie. (1 pt)

7) « Les battements de tambour sous mon crâne s'exaspéraient. »

La figure de style exprimée dans cet énoncé est :

a. Une métonymie ?

b. Une comparaison ?

c. Une hyperbole ?

d. Une antithèse ?

Recopiez la bonne réponse. (1 pt)

8) Transposez l’énoncé suivant au discours indirect : (1 pt)

« J'essaierai tous les remèdes pour hâter la guérison de mon enfant » répondit ma mère.

9) Que pensez-vous des conseils donnés à la mère du narrateur par ses deux voisines ? Justifiez votre réponse en une ou deux phrases.

10) « Mon père (…) hocha la tête et me tourna le dos sans rien dire. »

Quelles réflexions vous inspire le comportement du père (exprimé dans cette phrase) ? Répondez en une ou deux phrases.

II. Production écrite : (10 points)

Sujet:

Ayant subi une opération chirurgicale à l’hôpital, un jeune homme est surpris de ne pas être visité par plusieurs de ses amis. Son grand-père lui dit ceci :

« C’est quand on est malade qu’on découvre nos vrais amis ! »

Partagez-vous le point de vue du grand-père ?

Rédigez un texte d’une vingtaine de lignes dans lequel vous exprimerez votre point de vue en l’appuyant au moyen d’arguments et d’exemples précis.

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