Maison Lafond ou David

Photo Collection ShRPP, Don Marcel Meloche.

L'énigme du

3542 Boul. Rosemont

Marie Brisebois, octobre 2018


Une question a longtemps turlupinée Marie Brisebois notre recherchiste et auteur pour le quartier Rosemont: le presbytère de Saint Brendan est-il l'ancienne maison des Lafond ou des David. Voici le résultat de ses recherches.

Le 3542, boulevard Rosemont, est l’adresse du presbytère St Brendan. Le presbytère occupe une maison rurale construite au 19e siècle.

Maison que d’aucuns disaient être la maison familiale construite par Antoine Lafond (1835-1924) marié en 1858 à Adélaïde Robin (1840-1931). Antoine Lafond était cultivateur, secrétaire-trésorier du village Côte-de-la-Visitation en 1878-79, 1879-80, 1886 à 1890 puis, maire du nouveau village Petite-Côte de 1895 à 1905 et du même village rebaptisé Rosemont de 1905 à 1908, année de l’annexion de la dernière section du territoire rosemontois à la Ville de Montréal.

D’autres personnes affirmaient que la maison était celle d’Étienne David (1847- 19??) aussi cultivateur et membre du conseil municipal, sous la mairie de James Drummond, inspecteur agraire, au moment où Antoine Lafond était secrétaire-trésorier, conseiller municipal pendant le mandat à la mairie d’Antoine Lafond.

Lafond et David étaient voisins et on peut croire que la bonne entente régnait entre les deux familles : quatre mariages entre les descendants, de première et deuxième progénitures!

Une des hypothèses expliquant la possible propriété d’Étienne David repose sur la représentation de l’occupation du territoire de l’île de Montréal en 1879, d’après le plan dressé par l’ingénieur civil H.W. Hopkins, responsable du relevé des terres de la Couronne sur l’île de Montréal. (Atlas of the City and Island of Montreal…).

On voit sur ce plan le découpage des terres et l’indication des bâtiments existants. À l’époque, les terres étaient réparties, en façade, des deux côtés d’un chemin principal, dit «chemin du roi», en l’occurrence ici, le chemin de la Côte de la Visitation. Les terrains étaient séparés du voisinage latéral par des frontières naturelles : forêts, bosquets, ruisseaux et parfois des clôtures de perches.

Sur le plan Hopkins, on observe un point sur le lot 177, terre d’Étienne David, mais rien sur le lot 178, propriété d‘Antoine Lafond dont le nom n’est pas inscrit dans l’espace correspondant. De là à penser que le premier occupant ou même fabricant d’une maison existant à cet endroit soit Étienne David, il est aisé de le faire! Sauf que…

Des descendants d’Antoine Lafond affirment que la maison, devenue presbytère en 1929, a été construite par leur ancêtre Antoine et habitée par leur ancêtre et sa nombreuse famille. Une petite-fille d’Antoine Lafond a confirmé récemment que sa mère, Lysias Lafond, était née dans cette maison.

Quant à la date de la construction de cette maison, cela demeure une incertitude. La seule hypothèse sûre est que le bâtiment date de la deuxième moitié du 19e siècle. L’architecture et les matériaux utilisés en sont les témoins confirmés ainsi que l’âge des protagonistes.

Roger Sabourin écrit dans son ouvrage Rosemont mon quartier, 100 ans d’histoire, qu’Antoine Lafond «fait construire la maison près de la maison paternelle» en 1876». Marcel Meloche, un descendant, écrit dans le Saisonnier, vol.1, no 3 printemps 2003: «1870; au Registre foncier de la Ville de Montréal, il est écrit 1900 (estimée); ailleurs on lit, 1875, 1879, 1880; et même 1825 sur un document de la Ville de Montréal!» [Je crois à une coquille, une faute de frappe... Antoine Lafond est né en 1835 et Étienne David en 1847!]

Les propositions de 1870 et 1876 sont les plus plausibles.

La veuve d’Antoine Lafond, avec sa fille Lydias et son gendre Vincent Perreault, y aurait résidé jusqu’en 1928-1929. En 1929, la maison a été vendue par J.V. Perreault au révérend James Flood pour en faire le presbytère de la nouvelle paroisse créée pour desservir la communauté catholique irlandaise de Rosemont et de l’est de l’île.

Une autre hypothèse de la confusion d’identité de l’artisan-propriétaire est la possibilité que la maison ait été construite par Antoine Lafond sur une parcelle de terrain ayant appartenue à Étienne David. Supposition intéressante! À suivre…