Hommage à Jean DREYFUS

Jean DREYFUS, attentif, lors du C.A. de la Fédération des Cercles d'étude des G.O des C.H...., avec à sa droite le secrétaire général Alain Desroches et le secrétaire adjoint

Jean Dreyfus nous a quittés le 27 Juillet 2014

Vincent ZERR, Christian DOGNIN, Président et Past Président….m’ont demandé d’écrire un texte au nom de la Fédération des Cercles d’étude des Gynécologues Obstétriciens des Centres Hospitaliers pour lui rendre l’hommage qu’il mérite.

J’ai accepté avec toute l’amitié que j’avais pour lui.

La Fédération des Cercles des Hôpitaux généraux perd avec lui une figure marquante qui avait été à l’origine de sa création et avait grandement contribué à sa marche. Son amour des Hôpitaux généraux et du service public, le guidait continuellement pour la marche de son propre service à Haguenau et pour une défense commune des maternités de nos hôpitaux généraux en arrivant à les réunir dans la Fédération des cercles.

A sa gentillesse légendaire s’ajoutait une gouaille qui était un des ses grands traits de caractère et que nous ne retrouverons pas.

Jean était né le 21 Juillet 1927 à Mulhouse. Qui le connaissait bien savait qu’il a toujours gardé de son Haut Rhin le goût des randonnées dans les campagnes, les forêts, les crêtes montagneuses. En Haute Savoie où il avait acquit une deuxième résidence, il ne rêvait aussi que de ballades.

Fils unique, il fait ses études primaires à Mulhouse et secondaires en partie à Nîmes et à Grenoble où sa famille s’était réfugiée.

Etudiant en médecine à la faculté de Strasbourg, il y effectue son externat puis son internat durant lequel il fera ses stages dans le service de gynécologie du professeur Burger où il se liera d’une grande amitié avec Robert GANDAR qui sera nommé agrégé dans le service.

En 1957 mariage avec Colette METZGER qui saura toujours le comprendre et le soutenir.

Il est ensuite chef de clinique toujours chez Burger jusqu’en 1964.

En 1965 il postule pour un poste de chef de service de GO à Haguenau, réussit le concours et part s’y installer. L’hôpital était vieux, en centre ville, l’obstétrique était assurée par le chirurgien et il n’y avait pas de service individualisé.l’hospitalisation se faisait en médecine avec encore des chambres à 6 lits.

Jean va bien sûr s’attacher à créer un service de GO, tâche d’autant plus ardue qu’il n’avait ni assistant, ni interne de spécialité. On retrouve ici avec lui, la situation des GO confrontés à cette période dans les hôpitaux généraux à la mise en place de services inexistant jusque là ou totalement dominés par les chirurgiens. Ceux ci abandonneront facilement la césarienne mais seront très difficiles à convaincre pour abandonner la chirurgie gynécologique. A cela en plus s’ajoutait la mise en place du temps plein peu apprécié des sages femmes jusque là maîtresses de leurs salles d’accouchements.

Période au combien difficile mais exaltante. Une révolution totale de la spécialité. Jean a vécu cette dynamique et a voulu la création d’un pavillon mère enfant bien en avance sur son époque.

Il a la chance de rencontrer et de sympathiser avec André BOUÉ à l’occasion d’un congrès sur le placenta. Celui ci va lui permettre d’aller discuter de ses projets avec Robert DEBRÉ qui a des racines Alsaciennes et qui sera facilitateur pour la construction du pavillon mère enfant dont l’inauguration a lieu en 1974.

Parallèlement Jean effectue un gros travail sur la prématurité et A Boué le met en relation avec plusieurs statisticiens de renom qui lui permettront de faire un travail très structuré et d’établir une cohorte dont il assurera le suivi pour mieux connaître l’avenir des enfants prématurés. C’est ainsi qu’il sera en contact avec Daniel SCHWARTZ, Philippe LAZAR, F SPIRA, RUMEAU ROUQUETTE. Tous viendront le voir dans son pavillon mère enfant, grâce à eux le service de Jean deviendra pilote pour l’étude de la prématurité et sera chapeauté par l’INSERM.

Simone VEIL à l’occasion d’un passage en Alsace visitera son service.

Pour la petite histoire, Jean sera à l’origine des travaux d’Emile PHILIPPE car A. Boué cherchait un anatomopathologiste pour étudier le placenta et Jean le met en relation avec E Philippe. On connaît la suite……….

Dans ses premières années à Haguenau Jean a eu une activité syndicaliste de défense de la spécialité.Il en a retiré le goût des discussions directement au niveau du ministère et par ailleurs il a compris que si les hôpitaux généraux ne prenaient pas rang, ils continueraient à être ignorés et mal dotés, réflexions qui l’ont amené aux cercles et à la fédération.

Le service de Jean sera agrée pour la spécialité et il a eu jusqu’à 11 internes avec de nombreux stagiaires étrangers. Jean parlait souvent d’un médecin Camerounais qu’il avait formé Joseph Kamdom Moyo qui à son retour au Cameroun deviendra professeur.

Jean a été moteur dans l’informatisation de son service et il s’est appuyé pour cela sur son adjoint Winisdoerffer qui en a été la cheville ouvrière. Il a beaucoup oeuvré pour la mise en route d’un dossier hospitalier informatisé avec toutes les difficultés que cela représentait. C’était la grande période de l’Audipog et de Madame MAMELLE.

Et puis cela a été la grande aventure des cercles et de la fédération des GO des HG. Nous l’avons dit précédemment Jean dans sa courte vie syndicaliste a senti que derrière les CHU les HG devaient faire entendre leur voix, non pour s’opposer aux universitaires, mais pour rappeler que à côté du privé, c’était les HR avec 1/3 des accouchements qui étaient à la tache,et qu’ils semblaient bien oubliés.

Le premier cercle s’est formé dans la région Parisienne. Jean va prendre contact avec eux, et créer le cercle d’Alsace. Ces cercles avaient un double intérêt : que nous nous connaissions entre nous en nous réunissant en moyenne 1 fois tous les 2 ou 3 mois, et par ailleurs, que nous nous unissions pour agir auprès des tutelles, et vis à vis de nos directions car en fait nos problèmes étaient bien sûr communs. A partir de la réflexion de plusieurs services on pouvait dégager une action plus structurée.

Le cercle Rhône Alpes fut le 3e cercle à se former J’en fus le président ce qui m’a amené à connaître Jean et ce fut le début de notre amitié. Jean avait déjà vu plus loin que les cercles et voulait créer une Fédération qui regrouperait tous les cercles.La première journée de la Fédération eu lieu à Challes les eaux à quelques kilomètres de Chambéry et ce fut une journée fondatrice. Jean avait emmené dans ses bagages Mr COUTY alors directeur des Hôpitaux.Les statuts furent établis et un bureau avec Jean comme président fut élu La 2e journée eu lieu à Boulogne,la 3e à Orléans etc …Chaque fois le sujet était en priorité administratif traité par des gens du Ministère voir le Ministre lui même,et par ailleurs était traité un sujet médical vu à la lueur de l’exercice dans les HG.

Bien sûr le bureau se réunissait 4 fois dans l’année et Jean orientait les sujets à traiter et draguait dans les ministères (ce qu’il adorait) des réponses à nos interrogations.

Nombre de sujets furent abordés : Décrets Périnatalités, problème des petites maternités que nous souhaitions voir fermées, pénurie d’obstétriciens avec des anomalies criantes de répartition d’une maternité à l’autre.

Jean adorait organiser la journée de la Fédération, réfléchir aux orateurs, graviter au Ministère pour avoir les dernières orientations et trouver quelqu’un pour nous les expliquer. Même après sa présidence il conserva le même dynamisme pour aider ses successeurs.

Jean a été nommé représentant des HG au Collège et a oeuvré pour une représentation plus étoffée.

Jean notre tristesse est très grande et je souhaite que tu te rendes compte combien ton souvenir est présent en nous.

Tu étais un grand Monsieur et tous les cercles font l’hommage de tes qualités, de ta volonté de nous fédérer, de mieux faire connaître notre spécificité auprès des tutelles.

Mais on ne peut terminer bien sûr sans faire allusion à ton esprit gouailleur, tes attitudes osées accompagnées d’un large sourire. Au cours de toute conversation sérieuse tu plaçais à

intervalles réguliers une plaisanterie graveleuse et tu revenais immédiatement au sujet en cours : c’était ça aussi Jean.

Jean ton amitié reste en moi. Les 20 ans où nous nous sommes connus ont donné un deuxième souffle à ma vie professionnelle avec ce goût partagé pour le rôle public de nos Hôpitaux dans l’accueil, la qualité des soins et le désir absolu d’évoluer.

A Colette, à Michel et Claudine nos pensées attristées.

Adieu Jean

Pierre CHABERT

Jean DREYFUS, joyeux convive lors des chants lancés par nos Collègues bourguignons....et son épouse Colette, en face de lui à table...

Jean DREYFUS était né à Mulhouse le 21 juillet 1927. Ancien chef du service de Gynécologie Obstétrique au Centre Hospitalier de Haguenau de 1965 à 1992, il était aussi chevalier de l'Ordre national du Mérite et le membre fondateur et premier président du Cercle des Gynécologues Obstétriciens de l'Est, le 13 octobre 1979. Son enterrement a eu lieu dans l'intimité le 28 juillet 2014, à Altkirch en Alsace.