Signalétique pour les EHPAD

Voulez-vous faire avec nous un voyage ?

Nous vous invitons à la Résidence Ouleta. Cette visite nous permettrait en effet de partager avec vous notre conception de la signalétique en EHPAD. Bien sûr, loin de nous l'idée de proposer une signalétique décalquable d'un EHPAD à l'autre. Bien au contraire, une signalétique réussie est à chaque fois une nouvelle alchimie à trouver! Notre intention est donc plutôt de vous faire découvrir à travers un exemple concret et détaillé toute l'aide que la signalétique peut vous apporter dans la gestion de votre EHPAD au quotidien.

Si vous voulez bien nous suivre, la visite peut commencer : Nous voici donc à Veynes, à 26 km de Gap, en région Provence Alpes Cote d'Azur, dans le magnifique département des Hautes Alpes. Nous quittons la rue de Serres et nous nous engageons dans l'avenue Olympe de Gouges. Ça y est, nous y sommes, nous apercevons l'enseigne. Approchons-nous. Prenons quand même le temps de nous laisser subjuguer par la beauté des montagnes... Avant de commencer notre voyage dans la Signalétique des EHPAD... A travers la Résidence Ouleta, dont nous ferons en quelque sorte, notre "EHPAD témoin"...

Les leçons d'une enseigne...

En signalétique, quel est le rôle de l'enseigne en général et en particulier pour une maison de retraite ? La réponse semble évidente : l'enseigne est là pour identifier l'établissement, le nommer. L'enseigne nous (r)enseigne donc sur le nom et c'est bien sûr indispensable. Mais tant qu'à faire, ne peut-elle pas nous (r)enseigner sur d'autres choses encore ? Pas évident : difficile pour elle d'être bavarde, dans le rôle qui est le sien ! Difficile, donc mais pas impossible... Il va lui falloir utiliser des moyens détournés, faire usage d'un peu de ruse pour faire passer d'autres messages. Puisque sur le fond, elle ne pourra pas dire autre chose que le nom, elle va devoir jouer sur sa forme... Alors, jetez un coup d'oeil sur l'enseigne de la Résidence Ouleta puisque nous sommes maintenant face à elle. Entendez-vous ses messages subliminaux ? A votre avis, a-t-elle réussi son petit tour de bonneteau ?

Objets inanimés ...

D'abord, force est de le constater, cette enseigne n'est pas de nature tapageuse! Elle a choisi de se vêtir d'un ocre en harmonie avec l'architecture du bâtiment dont elle est le porte-nom ! Elle en a de la chance quand même, cette enseigne : le nom qu'elle porte est un nom très poétique... et elles n'ont pas toujours cette chance, les enseignes... Oui, ce nom fleure bon le parler provençal, il évoque de chaleureuses valeurs humaines : l'authenticité & la convivialité. Cette enseigne, elle en a bien conscience de cette chance qu'elle a, regardez-la bien ! Elle a fait le choix de vêtir son nom "Ouleta" d'une typographie manuscrite pour souligner à sa façon l'esprit familial et protecteur qui règnent au coeur de résidence. Mais elle ne s'arrête pas en si bon chemin : pour souligner la qualité des soins dispensés dans l'établissement, elle pare le mot "Résidence" d'une police de caractères aux lignes et traits d'une constante régularité... Décidément, elle ne laisse rien hasard. Une chance pour la signalétique, qui bien souvent se révèle être un Art du détail...

L' art de la signalisation

L'enseigne de la Résidence, a décidé de venir s'accrocher sur le mur du Service de Vie Protégée. Elle n'a pas choisi cet endroit par hasard ou sur un simple caprice, non, loin de là ! On commence à bien la connaitre, cette enseigne et on dirait bien qu'elle a toujours une idée derrière la tête. Si elle a choisit de s'installer là, c'est pour une simple et bonne raison qui a été établie lors de la phase d'étude de la signalétique. Cette raison, la voici : ce mur, on ne voit que lui quand on arrive par la rue de Serres et c'est par là que passe la grande majorité des gens. Bien sûr, on peut aussi venir de l'autre côté en longeant le petit Buëch, mais ceux qui passent par là, ce sont surtout les gens qui connaissent, bien que, soit dit en passant, le détour en vaut largement la peine, tellement cette rivière est charmante et pittoresque.

Donc, résumons : l'enseigne a choisi l'emplacement le plus stratégique. Mais pour renforcer le dispositif, elle a positionné deux totems aux entrées du parking, un à l'entrée visiteurs, l'autre à l'entrée logistique. Ils seront ses fidèles lieutenants pour la seconder et faire en sorte que chaque personne désirant venir à l'EHPAD - famille, livreurs, ambulanciers, fournisseurs - puisse arriver à bon port, le plus rapidement possible, sans se perdre. Vérifions si ces deux totems remplissent bien leur mission, sont-ils de bons soldats? Pour vérifier ce genre de chose, il n'y a qu'une seule méthode vraiment infaillible : se mettre à la place des gens qui se rendent à la résidence et envisager toutes les possibilités. Cela demande une rigueur quasi-militaire mais si l'on s'y tient, les résultats sont garantis! Donc allons-y : Admettons que nous nous soyons égarés et que nous arrivions par l'autre côté : L'enseigne nous est cachée, mais face à nous se dresse un totem, c'est lui qui va nous renseigner.

Bien sûr dans cet exemple, la chose vous semble sans doute assez simple! Mais il s'agit pour nous de vous faire comprendre le procédé, un procédé qu'il faudra ensuite appliquer à la signalétique intérieure et là, ce sera plus compliqué (et impossible à présenter d'une façon pédagogique et ludique, ce qui est, vous l'aurez compris, le partis pris que nous avons adopté) ... Alors l'idée d'examiner de façon exhaustive tout les cheminements possibles vous semblera peut-être une évidence qui ne mérite pas un tel développement. Pourquoi dans ce cas, cette procédure est-elle si rarement employée ? Tout simplement parce qu'elle demande du travail et du temps...

Votre signalétique doit fonctionner comme un système !

A l'intérieur de ce système se trouve tout un éventail d'outils et de dispositifs : ce que nous appellerons les éléments de signalétique. Chacun a son champ d'action spécifique, ses avantages et ses inconvénients. Il faudra les utiliser à bon escient. Mais ce qui rendra une signalétique efficace, sera la capacité de relier tous ces éléments entre eux afin de former un tout cohérent qui prendra une valeur infiniment plus grande que la simple addition de chaque élément pris un à un.

Le totem, sans tabou...

Nous avons dans un premier temps révélé les vertus de l'enseigne, analysons maintenant plus en détail cette autre élément de signalétique en face duquel nous nous trouvons : Le TOTEM. Déjà, son nom nous fascine et entraîne immanquablement notre imagination vers d'anciennes et mystérieuses civilisations... Et oui : depuis la nuit des temps, le totem est utilisé comme emblème d'un groupe de personnes. Mais aujourd'hui le totem de signalétique, raconte-t-il encore une histoire ?

La première impression

Nous n'allons pas nous attarder sur le symbolisme du totem, cela nous emmènerait beaucoup trop loin et nous ralentirait dans la visite virtuelle qui nous occupe...

Sous un angle esthétique, nous dirons que sa forme élancée fait du totem l'élément de signalétique le plus élégant qui soit. D'un point de vue pratique, il permet de marquer les abords d'un territoire. Ne nécessitant pas de structure préexistante sur laquelle venir se greffer, le totem fait figure de nomade dans l'arsenal de la signalétique. Son esthétisme et son côté "tout-terrain" le prédisposent à se tenir aux avant-postes, pour établir le contact avec les nouveaux arrivants. Sa mission est donc (en plus d'informer) de donner une très bonne première impression de l'Etablissement. Tout le monde sait que la première impression est une impression durable, alors autant la soigner!

De l'extérieur vers l'intérieur

Une fois la voiture garée au parking visiteur, nous posons avec précaution un premier pied, puis le second sur ce sol alpin dont le fort caractère, d'emblée se devine. Nous respirons un grand bol d'air frais avant de diriger nos pas vers l'Accueil de la résidence. Il faut dire qu'il commence à neiger... La fameuse "neige du coucou" pose sa main de flocons sur notre épaule afin de nous guider jusqu'à l'entrée de l'EHPAD. La nature se prendrait-elle à notre jeu, d'orienter et d'accompagner? Elle nous conduit en tout cas jusqu'à l'entrée. Et la résidence nous accueille en nous ouvrant grand ses portes...

D'amour et d'étoiles...

Nous franchissons le seuil, et pénétrons dans l'Etablissement, le hall est lumineux. A droite, le guichet de l'Accueil offre le soutien de son bras à un résident qui s'y accoude pour discuter longuement et joyeusement avec Amandine, l'hôtesse. Visiblement, Mademoiselle Amandine tente tant bien que mal de garder un peu de son sérieux. L'homme est un ancien berger, comprend-t-on en suivant la discussion de loin. Il a le verbe haut et rit de bon cœur. La ligne de confidentialité tapie au sol semble bien impuissante aujourd'hui à retenir dans le secret les mots du Vieux qui fusent dans les airs en un spectaculaire feu d'artifice d'anecdotes pastorales. Une telle bonne humeur dans une maison de retraite nous enchante au plus haut point! Nous décidons immédiatement de trouver notre chemin par nous même (en recourant à la signalétique). En aucun cas, nous ne voudrions détourner les oreilles,les yeux et le sourire de notre charmante hôtesse de ce qui présentement les occupe : vous savez, cet ensemble de petites choses qui ont une si grande valeur... les choses humaines, s'il faut absolument leur donner un nom.

Une chance : face à nous, se présente un fier et élégant marquage directionnel avec son beau lettrage clair et ses pictogrammes expressifs. Il a presque des airs de berger, celui là. Il est grand, élancé et on le voit de loin, presque on l'entendrait! Il est venu se coller directement au contact du mur, le support d'un panneau lui serait une prison étriquée. Il aime sa liberté. Il se propose de nous guider, nous acceptons volontiers de le lire. Combien de panneaux, s'ils savaient, jalouseraient cette faveur!

Profitons-en pour reprendre notre jeux de rôle! Petit rappel : il s'agit de se mettre dans la peau d'un visiteur et de vérifier si la signalétique, oui ou non, remplit bien son office. Voici le scénario choisi : nous rendons visite à notre arrière grande tante qui s'appelle Sarah Connor. Pour tout un tas de raisons qui prendraient trop de temps à détailler ici, nous sommes extrêmement pressés. La plaque des résidents nous donne en un clin d'oeil son numéro de chambre, la 112 dans l'Aile 3. Elle est donc au premier étage, le synoptique directionnel de l'entrée nous indique où trouver l'ascenseur. Nous pouvons nous mettre en marche. Espérons qu'elle sera bien dans sa chambre, car elle suit souvent les activités physiques de gymnastique douce que propose l'Etablissement. Une dernière vérification : oui, les salles d'activités sont également bien indiquées par la signalétique, nous n'aurons aucun mal à la trouver, où qu'elle soit. D'un bon pas, nous nous dirigeons sur le champs vers l'ascenseur tout en scannant les alentours du regard...

Une fois engagés dans le couloir de la maison de retraite, on entend la conversation du Vieux depuis le hall partout faire écho :

Amandine : - "Dites-donc mais comment vous faisiez pour jamais vous perdre dans toutes ses immensités de montagnes"

Le Vieux : - "Vous savez ma petite Amandine, on a un truc à nous... nous, les bergers : c'est la fameuse étoile..."

Amandine : - " Ah oui, l'étoile du berger, bien sûr!"

Le Vieux : - " Oui mais "cet'étoile" là, c'est Vénus la planète de l'attraction universelle qui se nomme l'Amour... Dites-donc, vous avez remarqué Mademoiselle Amandine, les gens qui viennent de passer, pendant qu'on discutait, pas un mot pour nous, rien du tout, ils avaient l'air bien pressés! Les gens d'aujourd'hui, ils ont jamais le temps de rien, toujours pressés. Il feraient mieux de prendre le temps d'écouter leur coeur, de regarder les étoiles. Ceux-là, on aurait vraiment dit des robots...

Amandine : - " Vous avez raison Césaire, mais ils voulaient peut-être pas nous déranger...".

Le Vieux : - " Je vais vous dire, ce qui est le plus important pour nous "les vieux". Dire bonjour, faire un sourire c'est pas déranger, pour nous c'est un rayon de soleil, cela veux dire que l'on nous regarde, que nous existons".

Amandine : - Dites au fait, j'ai toujours voulu vous demander : pourquoi, vous tenez toujours absolument à ce qu'on vous appelle le "Vieux", vous qui êtes si guilleret ???"

Le Vieux : - "Ah Mam'zelle" Amandine, le jour où je voudrai plus qu'on m'appelle le "Vieux"... ce jour là, c'est vraiment que je le serai..."

Le Vieux toujours, après un moment d'arrêt : -" Dites-donc Amandine, je les ai un peu charrié ceux qui étaient venus coller tous ces signes, là sur les murs, leur signalétique comme ils disent. On voyait bien que c'était pas des gens d'ici, qu'ils la connaissaient pas la Montagne, quoi!... Mais bon, ils d'vaient quand même bien le connaître un peu leur métier, faut croire... puisque maintenant les gens qui viennent à la maison de retraite, ils s'en dépatouillent tout seul comme des grands pour trouver leur chemin, sans plus venir vous déranger toutes les 5 minutes quand on discute tous les deux. Hein que c'est vrai ma p'tite Amandine? ... Ah je me souviens quand on menait les bêtes par 10 000 et qu'on était que 10, la aussi, y avait besoin de bien savoir le faire, son sacré bon dieu de boulot... Y a que ça qui compte finalement dans la vie, de bien faire son métier et de l'aimer... Ah et puis tant qu'on y est, y'a une chose que ça me démange de vous avouer depuis des lustres, mademoiselle Amandine, vot' métier vous aussi, vous le faites sacrément bien... de l'avoir toujours et pour tout le monde encore, ce si beau sourire, votre gentillesse... pour nous tous ici à la maison de retraite, ça compte énormément ... C'est des choses qu'on apprécie la vraie valeur qu'avec l'âge..."

la signalétique directionnelle donne au mur de l'EHPAD, la parole...

Une fois le concept trouvé, il s’agit de le décliner... Ainsi, notre directionnel de l'Accueil, partout dans l’EHPAD, va se répliquer... A chaque carrefour ou simple bifurcation, il sera là pour nous guider et nous orienter... à chaque fois différent, mais foncièrement toujours le même dans sa volonté de nous donner de façon claire et synthétique toutes les indications dont nous aurons besoin pour trouver notre chemin selon l'endroit où nous serons.

Les entrées des services : les ailes d'hébergement et le PASA (Pôle d'Activités et de Soins Adaptés)

Esthétique

En traversant le couloir, cette rue intérieure, nous repérons facilement au passage, cet endroit important de l'EHPAD : le poste de soins infirmiers. La signalétique le désigne plus concisément par le terme d’infirmerie, l’essentiel étant que le message, ici comme ailleurs, soit bien compris. Imaginons que vous soyez en ville à la recherche d’un cabinet infirmier, la situation est à peu près la même qu’ici... la résidence jouant le rôle de la ville. A deux différences près cependant : dans la résidence, les couloirs n’ont à priori pas de nom, ni les locaux, de numéro. Tous deux sont dépourvus de ces plaques émaillées bien reconnaissables dont les rues, ces couloirs à ciel ouvert, se servent pour donner à leurs piétons ces indispensables repères qui les guideront. On pourrait à la limite, envisager un tel dispositif dans les EHPAD, mais est-ce bien nécessaire? Si la métaphore entre la résidence et la ville est certes évocatrice, une maison de retraite reste dans l’âme un petit village et cette ville en miniature perdrait certainement en convivialité à vouloir copier à tout prix les pratiques de la modernité urbaine. La signalétique se doit donc de trouver une autre solution, d’inventer une autre façon. Elle ne va quand même pas venir surcharger inutilement les murs de l'EHPAD, et empêcher les résidents de vivre leurs vieux jours dans un cadre calme et reposant. Alors comment va-t-elle procéder ?

Comment va-t-elle nous indiquer de façon claire et précise ce que nous cherchons, sans dénaturer l’architecture, voire en la réhaussant ? Notre réponse sous forme de 3 questions : L’infirmerie, la remarque-t-on ? La signalétique est elle surchargée ? Apporte-t-elle un plus à l’esthétique de l’établissement?

Au premier regard, en un instant, la signalétique ralentit nos pas, attirant notre attention. Pas de tape-à-l'oeil, ni d'artifice. Elle se dévoile, ingénue, simplement de profil. Se présentant sous son meilleur angle possible, elle s'affranchit des contraintes physiques, change les perspectives en élargissant notre champ de vision. Cette signalétique en drapeau, transparences de plexiglas et reflets anodisés d'aluminium, ne jouerait-elle pas la carte de la séduction?

Plus qu'une chambre, un vrai "chez soi" à la maison de retraite

Papy Robert est une légende...

Robert n'a plus la vue de ses vingt ans et juste avant de rentrer dans sa chambre, la 05 - comme son département! - il passe mécaniquement la main sur les chiffres tactiles de la signalétique pour vérifier qu'il ne s'est pas trompé. Robert était peintre en bâtiment avant, et il passait toujours la main sur les murs qu'il venait de poncer en fermant les yeux pour s'assurer que le travail était bien fait. " Travail d'aveugle ! ", comme lui disait son patron en lui clignant de l'oeil alors qu'il était encore un simple apprenti. Cette histoire, Robert aime la raconter à son petit fils, son Jeannot, quand il vient lui rendre visite chaque samedi à la résidence. Jeannot aime bien quand son grand père lui la raconte cette histoire encore et encore. Il est lui même apprenti dans une entreprise de signalétique, et le goût du travail bien fait, c'est son grand père qui lui a donné et son père aussi car ces chose là, souvent, elles se transmettent de père en fils, de génération en génération. Et bientôt ce sera lui qui collera les numéros en relief sur les portes de chambre des maisons de retraite, et cela aura du sens pour lui. Peut-être bien qu' il se mettra à son compte, bientôt... C'est ce qu'ont fait son père et son grand-père, mais pas avant de savoir travailler dans les règles de l'Art, c'est le conseil que son papy Robert lui a donné, et pas de doute qu'il le suivra!

Plaques de porte nominatives

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