L'égo

Une des étapes les plus importantes sur la route du stoïcisme est la prise de conscience puis la bonne gestion de l’égo.

Les informations présentes ici ne sont ni absolues ni universelles. C’est la vision que j’ai pu tirée des différentes recherches et expériences sur le sujet. Une vision qui m’a permis de mieux comprendre le stoïcisme, mieux comprendre le monde et surtout pour mieux me comprendre moi-même. Ce qui m’a égalment aidé c’est le fait de définir clairment ce que nous appellons égo.


1/ L’égo c’est quoi ?

L’égo est d’abord une invention de notre cerveau. C’est la représentation mentale que nous nous faisons de nous-même. C’est la conceptualisation de notre personne.

L’égo est le premier niveau de conscience de soi, le plus basique, c’est-à-dire être vivant, avoir un corps, avoir des sens, avoir des émotions, être entouré de personnes, d’objets, vivre dans un monde, dans une société. C’est le sentiment d’individualité. La conceptualisation de « l’ÊTRE » et de « l’AVOIR ».


L’égo est un outil indispensable à l’espèce humaine, qui apparait dès l’enfance mais que nous devons faire évoluer car l’égo ne cherche pas à en savoir plus sur lui-même, à se connaitre en profondeur, ni à savoir pourquoi il ressent ou pourquoi il fait. Ce qui aura tendance à causer de la souffrance. L'égo a uniquement conscience de notre existence.

L'égo fait également partie de notre instinct.

L'égo c'est notre amour-propre tel que le décrit Jean-Jacques Rousseau.


L’égo né de plusieurs instinct primaires et secondaires : volonté d’existence, volonté de reconnaissance, volonté de plaisir, volonté de sécurité…

L’égo n’est ni un ami ni un ennemi mais une illusion, un concept qui nous aide à affronter le monde. Le souci vient surtout de notre identification à lui car dans cet état nous ne sommes pas libre mais dépendant de cette façon automatique et primitive de penser.


L’égo peut avoir des tendances et des priorités différentes selon chacun. Un égo très développé (c'est-à-dire un égo qu'on alimente sans prise de conscience, se laisser aller à toutes nos pulsions) n’est pas forcément synonyme de démonstratif et extraverti. L’égo peut engendrer la timidité par la peur d’être désapprouvé, d’être inadapté ou la peur de ne pas être à la hauteur.


L'égo est celui qui a engendré des concepts comme l'égoïsme (rechercher l'intéret personnel), l'égocentrisme (tout ramener à soi), l'amour-propre (vouloir atteindre l'amour de soi au travers du regard des autres).

Ces concepts ont contribué à donner à l'égo une connotation négative alors qu'il est question dans ces concepts d'égo non maîtrisé et non conscientisé.


Commet toute chose, l’être humain a plusieurs états de réalité :

Le corps, la personne, la matière. Ce que nous touchons.

La définition de ce qu’est un être humain. Ce que nous disons pour décrire ce qu’est un être humain.

La représentation de l’humain (image, vidéo, sculpture...). Ce que nous pouvons montrer pour définir un être humain s’il n’est pas physiquement là.

Et enfin, le concept, l’intangible (l’esprit, la pensée). Ce qui ne peut pas être montrer ni touché mais qui permet de valider la “fonction” d’être humain doué de pensées, d’émotions et d'interaction. L’égo fait partie de cette pensée, de l'intangible.

C'est l'ensemble de ces états qui font que nous sommes nous, des êtres humains.

Maintenant que l’égo est défini, pour faciliter l'explication, l’égo sera mentionné comme d’un personnage à part entière. La partie inconsciente et subconsciente de nous-même que nous avons créé.


2/ L’égo ça sert à quoi ? Que veut l’égo ?

L’égo est lié aux besoins et aux tendances naturelles de l’être humain destinées à sa survie, sa reproduction, son plaisir, son évolution. Il ira donc toujours dans ce sens. L’égo servira à :

Nous protéger :

Il veut vivre, se sentir vivant, se protéger, ne pas souffrir.

Nous rassurer :

Il ne veut pas avoir peur ni se sentir inférieur. Il inventera des histoires pour nous rassurer.

L'amélioration :

L’égo veut se sentir utile, se sentir unique et montrer que nous sommes meilleurs.

Favoriser le contact social :

L’égo veut être aimé et reconnu.


Il y aura bien sûr une hiérarchie dans ce qu’il veut.

Il est important de noter que l’égo cherche à “se sentir”. Peut-importe si ce n’est pas réellement le cas.

Pour avoir ce sentiment l’égo va soit se persuader lui-même, soit le chercher chez les autres (que les autres admettent de façon explicite ou implicite qu’il a raison, qu’il est supérieur etc).



3/ Que fait l’égo ?

Pour obtenir ce qu'il veut, l'égo aura un certain nombre de comportement prédéfinis. Il aura tendance à :

Rechercher le plaisir.

Nous protéger de ce qu’il estime être un danger, physique ou psychologique.

Eviter la souffrance.

Cherche à bien faire, à s’améliorer ou améliorer ce qu’il possède.

Chercher l’approbation des autres.

Être dans la démonstration et vouloir prouver.

Se cherche des excuses.

• Vouloir montrer/prouver qu’il est aimé, reconnu, utile, supérieur, pour en avoir la sensation.

• Chercher les signes extérieurs de réussite et de valeur.

Croire que sa valeur se trouve dans ce qu’il possède et chercher à acquérir ce qui a de la valeur aux yeux de son entourage. Toute attaque ou non-respect de cet élément sera identifié comme une attaque à lui-même.

• Comparer, juger, critiquer ou rabaisser les autres, pour se sentir supérieur.

Se plaindre, car il y trouve ne nombreuses sources de satisfactions. L’égo se plaint pour :

- Dire qu’il a raison que l’autre à tort. Qu’il en sait plus, qu’il est supérieur. Rien ne renforce plus l’égo.

- Attirer l’attention des autres, devenir le centre de l’attention.

- Rallier des gens à sa cause. Ce qui fait qu’il se sent utile, aimer et en sécurité.


C’est en partie l’égo qui fait que nous sommes toujours tous d’accord pour dire que le monde va mal, que les gens sont bêtes, méchants, influençables, égoïstes… mais que nous nous excluons toujours de ce genre de description.


C'est l'égo qui crée l'amour-propre et sa distinction avec l'amour de soi, tel que le décrit Jean-Jacques Rousseau dans "Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes”.

L'amour-propre qui est, selon Rousseau, un dérivé de l'amour de soi qu'on cherchera dans le regard des autres et dans ce qui est extérieur à soi.


4/ Problèmes et limites de l’égo :

Les problèmes pour la prise de conscience :

Le premier problème important avec l’égo est qu’on ne se rend pas compte de son influence et parfois de son existence même. Il sera donc difficile de chercher à comprendre quelque chose qui pour nous n’existe pas. On parlera alors de Phénoménologie de l’esprit, qui est l'étude de ce qui apparait à l’esprit. Quelque chose qui a toujours été là, mais dont nous n’avions pas conscience et qui change notre vision des choses. La phénoménologie comporte entre autres la conscience de soi et la conscience générale.

(La phénoménologie est un courant de pensée dont les grandes figures sont entre autres Edmund Husserl, Martin Heidegger, Georg Hegel).

Le deuxième problème important avec l’égo est qu’on va commencer à en prendre conscience dans : l’erreur / la souffrance / la remise en question.

Autrement dit, des choses que notre égo va chercher à éviter à tout prix et s’il ne peut pas éviter il trouvera toutes les excuses du monde, cherchera à se dédouaner jusqu’au bout ou trouvera quelque chose pour ne pas se sentir mal, ne pas souffrir et ne pas réellement se remettre en question.

On peut voir ça comme une illusion qu’il se force à créer pour nous protéger et pour pouvoir se regarder dans le miroir. Ce qui sera un véritable frein à la prise de conscience et l’épanouissement.

Exemple :

Je viens d’apprendre que j’ai tort. Pour ne pas me sentir inférieur l’égo aura plusieurs niveaux de barrage :

1-Celui qui juge s’est trompé.

2-Dans ce cas précis j’ai tort mais dans d’autres j’ai raison.

3-J’ai plus souvent raison que tort de toute façon.

4-Il y a un trucage, en vérité j’ai raison.

5-D’accord j’ai tort mais je suis meilleur/plus riche/mieux accompagné…

6-D’accord j’ai tort mais celui qui a raison est moche/pauvre/stupide…

7-D’accord j’ai tort mais un jour je serais supérieur et je vais vous faire regretter.


Il faudra donc souvent être coincé, contraint et forcé d’admettre ses torts en plus d’avoir la volonté d’avancer et s’améliorer.

Problèmes et limites du comportement de l’égo :

L’égo aura tendance à provoquer le contraire de ce qu’il veut. C'est un outil rudimentaire peu développé sur certains aspects et parfois maladroit.

Il est utile de se rappeler que « Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions » et comme l’a si bien dit Mahamadé Savadogo : « Il est indéniable que la bonne intention seule ne saurait préserver de la faute. »


• L’égo cherche à “paraitre“ et à “avoir le sentiment de“.

Il ne cherche pas à être réellement. Ce qui peut poser problème dans certains cas s’il se concentre plus sur ce qui va plaire, comment plaire et se démarquer, plutôt que sur Comment bien faire. Cette maladresse pourra conduire à la volonté tournnée vers des apparences ou des signes extérieurs toujours plus ostentatoires pour donner une impression (trop de bijoux, trop de tatouage, trop de signes religieux...). Le problème ici n'est pas d'en avoir “trop” mais les raisons pour lesquelles nous le faisons, car cela peut conduire à des contradictions ou au tourment, si nos actes sont irréversibles.

Par exemple si l'égo veut montrer plus de bijoux pour donner l'air d'avoir de l'argent, ce comportement contribue finalement à en avoir moins. Ou se faire un tatouage pour plaire à quelqu'un et se rendre compte plus tard que nous n'aimons pas vraiment ça.

(Ces deux exemples sont évidents mais dans la vie de tous les jours les actes sont plus subtils, plus nuancés et surtout, l'égo trouvera toujours des excuses. C'est pourquoi le stoïcien doit se poser les bonnes questions sur ses motivations et leurs répercutions.)


•L’égo cherche le plaisir, pas le bonheur.


L'égo est celui qui est vexé, indigné, en colère lorsque les choses vont dans la direction qu’il veut. Lorsque nous avons tort, que nous n'avons pas ce que nous voulons, lorsqu'on constate une injustice à notre égard (et tout ce à quoi l'égo s'identifie). Ces émotions négatives sont presque exclusivement liées à l’égo. L’égo est à l’origine de beaucoup d’émotions fortes, positives comme négatives. Cette tendance pourra potentiellement créer un autre problème. Si notre entourage sait que nous avons ce “défaut”, c'est-à-dire que nous avons un égo fragile, notre entourage risque de ne pas vouloir nous informer lorsque nous faisons des erreurs au risque, par exemple, de nous énerver. Nous nous privons alors d'une aide précieuse.


•Par sa volonté de se sentir plus fort et meilleur, l’égo aura tendance à s’attaquer aux autres et les rabaisser. Ce qui peut nous porter préjudice.


•Sa volonté de se sentir supérieur en rabaissant les autres combinée à la volonté de créer des liens sociaux poussera l’égo à trouver des boucs émissaires. Il va donc contribuer à créer de la haine.


• Sa tendance à vouloir avoir raison et surtout à ne pas vouloir admettre qu’il a tort sera très souvent à la base de nos conflits en communauté.


• L’égo aura tendance à ne croire que ce qui l’arrange. Ce qui peut nous conduire à avoir des croyances infondées ou illogiques. Des croyances que nous aurons parfois du mal à changer.


• L’égo veut s’identifier à quelqu’un ou quelque chose pour se sentir exister. Ce qui peut poser problème si nous perdons cette chose ou cette personne.


• L’égo n’est jamais satisfait, il en veut toujours plus. Ce qui peut conduire à sous-estimer la valeur de ce que nous avons déjà, prendre des risques inutiles et perdre ce que nous avons. C'est aussi lui qui va créer la convoitise.


•L’égo s’auto alimente. Le satisfaire c’est lui donner plus de force, soutenir ses croyances et lui donner un appétit toujours plus débordant. Autrement dit, créer la cupidité et l'orgueil.


• L’égo veut éviter ce qui est désagréable. Mais la souffrance est utile, elle nous fait avancer, nous incite à la remise en question et permet de mieux apprécier et définir le bonheur et le plaisir. Sans la notion de souffrance, la notion de plaisir n’existerait pas. Il n’y aurait que des états neutres, qu’on ne pourrait pas définir. Cet état neutre pourrait d’ailleurs être un enfer dont nous n’avons pas conscience. C’est également pourquoi la souffrance et le plaisir sont relatives à chacun, en fonction de nos expériences. C’est aussi pourquoi il est inutile de juger ce qui fait souffrir les autres et ce qui leur donne du plaisir.

La souffrance même si elle est désagréable n’est pas toujours à fuir absolument, car elle est indispensable et bénéfique. Le monde est fait de conflits qu'il faut savoir affronter.

L’égo peut donc nous priver de choses importantes sans s’en rendre compte et éviter d’affronter et résoudre les problèmes.


Dans la continuité d’éviter ce qui est désagréable : toutes émotions négatives que nous n’avons pas réellement affrontées, n’est pas complétement dissoute et laisse une souffrance enfouie ou cachée, parfois longtemps et profondément.


• Et surtout, l’égo nous éloigne de l’apaisement, de l’introspection et la connaissance de soi. Ce qui constitue un obstacle sur le chemin du bonheur. Au regard de la Pyramide d’Abraham Maslow, cet apaisement serait le haut de la pyramide, celle de l’accomplissement. Ou pourquoi pas une sixième étape au-dessus qui ne serait pas un besoin mais un bonus : La pleine conscience de soi et du monde.


Un rapprochement peut être fait avec les études de Daniel Kahneman dans son livre "Systeme 1 / Système 2". L'égo inconscient ayant un fonctionnement du coté du Système 1, inconscient, intuitif. La prise de conscience et la gestion de l'égo faisant passer la priorité au système 2, plus lent mais plus réfléchi et plus logique. Cet ouvrage de Daniel Kahneman expose parfaitement les avantages et inconvénients de chaque mode de pensée. Un livre recommandé à quiconque s'intéresse au fonctionnement de l'esprit.


Les difficultés à la prise de conscience de l’égo :

La prise de conscience de l’égo ne se fait pas d’un coup et totalement. Cette prise de conscience se fait petit à petit.


L’égo est différent selon les sujets, les domaines, l’environnement. On peut avoir conscience de l’égo dans un domaine mais pas dans un autre. Il faut aussi se rappeler que l'égo ne disparait jamais vraiment car il est nécessaire et utile. Il est notre instinct de survie, notre volonté d’avancer et d’être meilleur.


Il est parfois difficile de distinguer ce qui est dirigé par l’égo et savoir si c’est une bonne chose ou non. L’égo peut être utile mais il essaye de se persuader qu’il prend toujours les bonnes décisions.


5/ Comment est créé l’égo ?

La création de l’égo commence au plus jeune âge, dès que nous comprenons que nous existons, qu’on se rend compte de nos sens, qu’on commence à pouvoir communiquer (verbalement ou non).

Les étapes de la création de notre égo :

I/La connaissance du corps/de la forme :

Je sais que j’ai un corps.

II/La connaissance et expérimentation des sens :

Je sais que j’ai des sens (vu, ouï, odorat, touché, goût, équilibroception, proprioception, thermoception).

III/La perception du rapport au monde :

Il y a ce qui est “Moi” et ce qui n’est pas “Moi”. Ce qui est à Moi et ce qui n’est pas à Moi.

IV/Interprétation des rapports au monde :

Réactions et émotions face aux situations. Mes émotions et mon subconscient me disent qu’il y a :

-Ce qui est favorable à Moi (ou ce qui est Moi) que j’aime, qui est agréable.

-Ce qui n’est pas favorable à moi (ou ce qui n’est pas moi), que je n’aime pas qui n’est pas agréables.

Lors de cette étape, l’éducation et l’environnement dans lequel on évolue jouent un rôle important car nous commençons à voir ce que les gens aiment ou détestent, à quoi notre entourage accorde de la valeur. Ce qui sera important car l’égo tend à vouloir être aimé et accepté (mais une fois qu’il prend cet amour pour acquis il se recentrera sur lui-même).

V/L’appropriation et l'abstraction :

“Je” commence à avoir une notion de valeur, je sais qu’il y a des choses que j’aime et d’autres que je n’aime pas. Il y a des choses désirables qui sont aimées, d’autres indésirables qui ne sont pas aimées. A ce stade nous avons des capacités de projection pour estimer ce qui peut être aimer ou non et ce que les autres peuvent ressentir selon notre comportement.



Ces cinq premières étapes interviennent lors de l’enfance. Ils sont aboutis à l’âge de 10ans (plus ou moins) et sont en lien direct avec le développement cognitif et le social de l’enfant (pour plus de détails, vous pouvez consulter les théorie de Jean Piaget, de Lev Vygotsky ou La théorie de l’esprit).

Une fois l’égo complètement construit dans l’enfance, son évolution dépendra des expériences qui vont mettre en confrontation des concepts importants et déterminant pour notre personnalité, qui vont renforcer ou non l'égo :

Confiance/méfiance – dépendance/indépendance – évolution/stagnation – solidaire/solitaire – introverti/extraverti etc.

Les expériences qui mettent en confrontation ses concepts auront lieu tout au long de la vie, à l’école, en famille, au travail etc. Ils pourront donc évoluer (être introverti à l’adolescence puis extraverti à l’âge adulte par exemple), mais plus nous avançons dans la vie plus il sera difficile de changer les conclusions que nous avons tirés de nos expériences et la personnalité qui en a découlée. Autrement dit :

« Plus un apprentissage a été long, douloureux ou humiliant, plus il sera difficile de remettre en question ce qui a été appris » Gregory Bateson.

VI/ La remise en question :

Cette sixième étape ne concerne plus la création de l’égo mais son évolution. Au début de cette étape nous nous avouons à nous-même que certains de nos comportements ne sont pas toujours logiques ou rationnels, qu’il nous arrive d’être de mauvaise foi, d’avoir une attitude de confrontation ou de rébellion qui n’est pas justifiées.


Une prise de conscience commence lorsque nous nous posons des questions sur l’origine de nos sentiments, de nos actes, de nos décisions et que nous y répondons honnêtement. Ce questionnement arrive le plus souvent lors des évènements qui entrainent de la souffrance, car il est rare de vouloir changer de direction ou de comportement alors que tout semble aller pour le mieux. Le comportement logique sera plutôt de poursuivre dans cette même direction. Le problème étant que la logique de l'égo n'est pas toujours la bonne.

Par exemple :

Si notre égo veut toujours plus de matériel pour se sentir supérieur à cause d’un complexe et que l’ensemble de notre environnement encourage et valide l’obtention du matériel comme un signe de supériorité, nous allons surement continuer dans cette direction pour ce sentiment de supériorité.

Cependant le complexe ne sera pas résolu mais caché sous le tapis et finira par resurgir tôt ou tard. Comme nous l'avons déjà évoqué : tout ce qui n'a pas été affrontés et résolus, est gardé dans notre subconscient (ce qui pourra éventuellement être transformé en convoitise, en peur irrationnel, en dégoût irrationnel, voir même en phobie).

Le comportement de l’égo est percé à jour quand on se rend compte que notre comportement a été guidé par :

l’envie de se sentir supérieur/intéressant,

l’envie de se rassurer,

l’envie de montrer que nous avons raison,

l’envie de montrer que notre entourage ou nos possessions sont exceptionnels...

et qu’il n’y avait aucune autre raison logique et valable à notre comportement. La difficulté sera ensuite de savoir si le comportement de l’égo était la bonne chose à faire/dire/penser ou non. Autrement dit, si nous faisons les choses pour de “bonnes” raisons.

Exemple 1:

- Est-ce que je veux cette voiture (ou autre chose) parce que je l’aime vraiment, ou parce que ça me donne l’air puissant, intéressant, supérieur, l'air d'avoir réussi dans la vie… ?

Bien entendu ça peut être pour plusieurs raisons mais si la raison principale est d’avoir l’air supérieur/intéressant, il est fort probable que nous nous lassions dès qu’une voiture plus tape à l’œil sortira ou dès que nous aurons les moyens d’en avoir une de plus grande valeur. Le tout en plus du sentiment d’infériorité et de jalousie à la vue d’une personne qui “en aura une plus grosse”.

Exemple 2 :

- Est-ce que j’ai dit ça pour par honnêteté/pour aider cette personne ou est-ce que c’était pour avoir l’air plus intelligent, pour éviter que quelqu’un pense que j’ai tort ?

Dans ce genre de cas, si nous sommes de mauvaise foi, il y a le risque de provoquer un conflit, créer des opposants, de créer de la méfiance, car la personne en face se rendra souvent compte de la démarche. Cela peut aussi nous conduire à ne pas demander ou ne pas accepter de l'aide.

Malheureusement la prise de conscience peut ne pas avoir lieu si malgré l’erreur nous arrivons à nous convaincre que rien n’est de notre faute, que nous trouvons des excuses et des coupables.

Ce manque de conscience de soi pouvant engendrer des phénomènes comme la crise de la quarantaine ou des personnalités narcissiques, égocentriques, mégalomanes.

VII/La gestion de l’égo. La pleine conscience de soi :

A cette étape, en plus de savoir si notre comportement est dirigé par l’égo, nous sommes capables de l’anticiper et le diriger. Nous sommes dans la réflexion au lieu d’être dans la réaction. Nous ne nous laissons plus devancer et mener par les émotions de l’égo et bien sûr nous sommes capables d’identifier les situations où les mauvais côtés de l’égo peuvent faire leur apparition. Nous savons que l’égo a aussi de nombreuses qualités et qu’il y a toujours au moins une petite part d’égo dans tout ce que nous faisons (bonne ou mauvaise).

Il n’y a plus d’identification aux possessions matérielles, à notre statut social, à notre groupe d’appartenance, au regard ou l’opinion que les autres ont de nous. Nous nous identifions juste à notre conscience. La conscience d’être et de penser. Nous cherchons maintenant à être la meilleure version de nous-même.

Cependant les biens matériels, le statut social, le groupe d’appartenance ne perdent pas (et ne doivent pas perdre) toutes leurs valeurs. Il est important d’avoir un travail, un logement, des amis etc, mais cette valeur sera recalculée et le superflu n’aura plus sa place.

A ce stade nous avons également arrêté de juger, de se comparer et de vouloir savoir si les autres ont conscience ou non de leur égo. Non pas que nous nous sommes forcés par la volonté (dans ce cas, au fond de nous, nous jugeons et comparons encore), mais parce que nous avons compris que ce n’est pas utile, que ça ne rime à rien.

Et pour finir, nous ne sommes plus vexés, nous acceptons nos erreurs, nos faiblesses et avons généralement une grande maîtrise de nos émotions et nos désirs. Bien qu'il soit possible d’y parvenir juste avec de la volonté, avec la gestion de l’égo cela se fera naturellement.


6/ Faire évoluer l’égo :

Ego veut dire inconscient. Donc dès lors qu’il devient conscient il a moins d’emprise sur nous.

Quand vous devenez conscient de son fonctionnement, de quand et comment il opère dans votre esprit, c’est à ce moment que le contrôle cesse d’être total, vous sortez alors de l’inconscience.

Avoir conscience de l’égo lorsqu’il se manifeste est la première étape de son émancipation.

Pour commencer à faire évoluer l’égo et prendre conscience de soi, il faut généralement commencer par se poser les bonnes questions. D'ailleurs, se poser les bonnes questions est souvent plus important que d’avoir réponse à tout.

Pour surpasser son égo et aller de l’avant, il est utile de comprendre que notre cerveau à tendance à aller dans le sens de la fierté, la fainéantise, l’avidité ou l’opulence.

Maîtriser et faire évoluer son égo ne veut pas dire abandonner la fierté, l’amour de soi ou la joie. Ça veut dire ne pas se réfugier dans le déni, savoir se remettre en question (surtout sur la provennce de nos désirs), faire des efforts pour avancer et évoluer.

Afin de lutter contre les mauvaises tendances de l’égo il est utile de se rappeler que :

- Nous ne pouvons pas toujours avoir raison et qu’il est normal de se tromper.

- Même si c’est difficile et désagréable de se rendre compte que nous avions tort depuis longtemps il vaut mieux tard (pour évoluer) que jamais (et stagner).

- Tout le monde n’est pas forcément d’accord avec nous. C’est même normal.

- Nous ne pouvons pas plaire à tout le monde.

- Nous voyons le monde comme nous avons envie de le voir, comme nous avons été conditionné pour le voir et le comprendre.

- Notre plus grand ennemi c'est nous-même.

- Nous vivons en société et faisons partie d’un tout.

- Dans chaque domaine il existe des personnes meilleures et pires que nous.

- Ce qui est valable pour nous ne l’est pas pour tout le monde.

- Nous avons tous des visions différentes de ce qui est bien, bon, enviable, précieux, passionnant.

- Nous pensons tous avoir de bonnes raisons de faire ce que nous faisons, sinon nous ne le ferions pas.

- La bêtise et les erreurs (ou ce que nous qualifions comme « Mal ») viennent très souvent de l’ignorance. Comme l'a dit Robert J. Hanlon : "Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer".

- Nous ne sommes pas ce que nous possédons.

- La réussite doit être une conséquence de notre travail et non une raison d’être.

- Rabaisser les autres ne nous rend pas meilleur qu’eux (au contraire).