Biais cognitifs

Les Biais cognitifs


Un biais cognitif est un phénomène qui conduit à une distorsion dans le traitement de l'information par notre cerveau. Ces biais sont en général inconscients et peuvent conduire à des erreurs de perception, de raisonnement, d'interprétation, de jugement, de prise de décision...

L'étude des biais cognitifs montre à quel point nous percevons la réalité au travers de filtres, que nos pensées et nos comportements ne sont pas aussi libres que nous l’imaginons. Ces biais sont très souvent utilisés pour orienter la prise de décision (surtout en marketing).

Nous sommes tous sujet aux biais cognitifs, certains sont plus répandus, d’autres plus ou moins “dangereux”ou connus. Quoi qu'il en soit, c’est en les reconnaissant que nous pourrons commencer à les éviter et ne pas tomber dans leurs pièges.


Voici une séléction de quelques biais cognitifs :

Dissonance cognitive - Justification de l'effort

La dissonance cognitive se produit quand on se trouve confronté simultanément à des informations que notre cerveau estime incompatibles entre elles.

Cet état dit de "dissonance cognitive" nous conduit à développer des stratégies plus ou moins conscientes ayant pour but de réduire la dissonance.

Selon les expérience du psycho-sociologue Leon Festinger, il est plus difficile de corriger des idées acquises depuis longtemps que d’apprendre de nouvelles idées pour lesquelles on ne dispose pas encore de modèle ou de système de représentation.

En cas de dissonance cognivive ce sera souvent l’idée la plus récente qui sera oubliée ou discréditée, quelle soit vraie ou non.

C'est la raison pour laquelle l'éducation des enfants est importante pour les religions, les régimes politiques totalitaires ou même pour les grandes marques de produits de consommation.


"Plus un apprentissage a été long, difficile, douloureux ou même humiliant, moins un individu sera capable de remettre en question la valeur de ce qui a été appris."

Gregory Bateson


Biais rétrospectif

Le biais rétrospectif est la tendance à rationaliser un événement après coup.

Il intervient lorsque nous cherchons une justification aux évèvements qui étaient imprévus ou inconscient, ou qu’on modifie la probabilité d’un évènement une fois que nous connaissons la conclusion, la finalité.

Effet cigogne

L’effet cigogne est un biais cognitifs et un sophisme qui consiste à croire que si deux événements sont corrélés,

il y a alors un lien de cause à effet entre les deux. En statistique, cette erreur est rappelée par la phrase "la corrélation n'implique pas la causalité". L'argument fallacieux peut être résumé ainsi : "A et B sont corrélés, donc A cause B". On confond alors corrélation et causalité car en réalité, il se pourrait aussi que B cause A, ou bien que A et B aient une cause commune : C, ou encore que A et B soient liés par le hasard.

Coûts irrécupérables

Nous tombons dans le piège des coûts irrécupérables dès que nous estimons que nous avons déjà investi beaucoup de temps, d’argent, d’énergie, d’amour... et que nous utilisons le prétexte de ce que nous avons déjà investi pour justifier notre volonté de poursuivre dans cette voie quand cela n’a objectivement aucun sens. Pour quelqu’un de rationnel, ces coûts ne devraient pas peser dans la balance. Cependant, en pratique ils interviennent souvent dans le raisonnement, du fait du biais de l'Aversion à la perte.

Effet d’Ancrage - Primauté irrationnelle - La porte au nez

L’ancrage désigne la difficulté à se départir d'une première impression. C'est un (terrible) biais cognitif qui pousse à se fier à l'information reçue en premier et c’est celle qui influencera les décisions à venir. Quand on parle de nombre, un ancrage de départ élevé incitera à la hausse et un ancrage bas, à la baisse. L’ancrage se présente sous différentes formes et dans beaucoup de domaines : pour négocier un prix ; régler un volume sonore ; tracer des lignes ; adapter sa vitesse... car ces actions sont relatives à une information de départ qui peut être basse/faible ou haute/élevée (centimètre, décibel, kilomètre/heure...). Pour lutter contre le biais d’ancrage, on peut garder en tête l’intervalle de confiance dont la base est de comparer avec un échantillon assez large.

"Vous devriez partir du principe que tout chiffre qu’on vous suggère a un effet d’ancrage sur vous."

Daniel Kahneman

Compensation du risque/homéostasie du risque/Effet Peltzman

Ces biais représentent la tendance qu'on a à maintenir un niveau constant de perception du risque, ou la manière dont on ajuste notre comportement en fonction du niveau de risque auquel on fait face.


Ce qui induit un comportement prudent et sage lorsqu’un risque est perçu et à l’inverse un comportement moins prudent lorsqu’on se sent en sécurité. Ce biais peut être particulièrement dangereux s’il est couplé à un biais de jugement qui fausse notre évaluation.


L'homéostasie du risque nous vient d’une théorie issue des sciences humaines qui a été formulée par Gérard Wilde sur la sécurité routière et est valable dans tout ce qui est lié à la sécurité, la santé, les placements financiers et plus encore.

Biais d’omission

Le biais d'omission est un biais cognitif qui consiste à considérer que causer un tort par une action est pire que de causer un tort par l’inaction. Dans le cas du Dilemme du tramway, cela correspondrait au fait de ne rien faire et de laisser un accident se produire plutôt que d’endosser la responsabilité d’un drame en essayant de faire quelque chose.

Biais de somme nulle

Le biais de somme nulle est un système de croyance basé sur l'hypothèse qu’il y a une "quantité finie" de biens dans le monde. Ce qui impliquerait que, lorsqu'une personne gagne, elle ferait perdre les autres et vice-versa. Ce mode de pensé voudrait que les relations sociales soient similaires à un jeu à somme nulle.


On peut voir dans le Dilemme du prisonnier un bon contre-exemple, dont la moralité est qu’une entente entre les parties est souvent dans l’intérêt de tous le monde.

Biais de substitution

Le biais de substitution consiste à répondre à une question complexe en la remplaçant inconsciemment par une question plus simple (souvent très différente). Il intervient quand on manque d’informations pour répondre à une question ou lorsqu’on n’a pas assez d’informations pour comprendre la question.

Bien sûr, on ne se rend pas toujours compte qu’on ne répond pas à la question initiale, notre réponse sera soit hors-sujet, soit très loin d’une vraie réflexion.

Cependant, il faut noter qu’il y a une grande différence entre une substitution inconsciente incontrôlée et une substitution consciente contrôlée et organisée. Car le fait de décomposer un problème est une méthode qui a fait ses preuves, notamment dans les travaux de George Polya dans son livre "Comment poser et résoudre un problème" ou avec la Méthode Tratchenberg pour faciliter le calcul mental.

Effet de gel

L’effet de gel intervient lorsqu’on est engagé personnellement dans une décision (manifestation, discours, représentation, ou toute autre action) et que toutes les autres possibilités ou une rétractation nous paraissent difficiles voire impossibles à adopter.


Ce qui rejoint la théorie de l’auto-perception qui dit qu’un individu observe son propre comportement et détermine ainsi une image de lui-même. Ce même individu aura alors par la suite un comportement destiné à confirmer ou conserver cette image.

Effet de cadrage

Le biais de cadrage désigne l'influence que peut avoir la formulation d'une question ou d'un problème sur la réponse qu’on y apporte. C’est le fait de mettre en place un "cadre cognitif" pour réfléchir sur un sujet. Or, la manière de présenter un problème ou un sujet peut fortement influencer le raisonnement qui en découle. Le "problème de maladie asiatique" de Daniel Kahneman en est un bon exemple.

Biais de fixité fonctionnelle

En psychologie, la fixité fonctionnelle fait partie des biais cognitifs qui nous empêchent d’innover. Découvert par Karl Duncker et brillamment expliquée dans son problème de la bougie, il met en évidence l’incapacité de certains sujets à penser autrement et à imaginer une autre finalité pour un objet que son usage habituel.

Escalade d’engagement

L’escalade d’engagement est la tendance à maintenir fermement une ligne de conduite initiale au-delà de ce que dicte une analyse rationnelle de la situation ou encore tout simplement la probabilité de réussite. L’escalade peut provenir entre autres des coûts irrécupérables ou de l’effet de gel comme l’expliquent Robert-vincent Joule et Jean-Léon Beauvois.

Effet de contexte / effet d’amorçage

L’effet de contexte est l'influence des facteurs environnementaux sur notre comportement ou notre jugement (les stimuli comme un lieu, un langage, un son, une couleur...). Selon le contexte, notre attention sera détournée et focalisée (souvent inconsciemment) sur notre expérience liée à ce contexte. Un environnement familier pourra nous donner un sentiment de confiance alors que ce n’est pas le cas.

Pied dans la porte

Effet qui consiste à faire une première petite demande qui ne coûte rien ou qu’on ne peut pas refuser, pour ensuite faire une demande plus coûteuse. C’est une méthode qui améliore les probabilités d’obtenir quelque chose.

Biais de statu quo/Effet de Semmelweis

Le biais de statu quo désigne le comportement qui traduit la résistance au changement et une attitude mentale dans laquelle toute nouveauté est perçue comme engendrant plus de risques que d'avantages.

En conséquence, les personnes préfèrent que les choses restent à l'identique ou évoluent le moins possible. Plus une décision est complexe et difficile à prendre, plus on peut avoir tendance à accepter le statu quo. L’effet Semmelweis ou réflexe de Semmelweis est une analogie qui désigne la tendance à rejeter de nouvelles données car elles contredisent ou changent les normes, les croyances ou le paradigmes établis (en référence à l’histoire du Dr Ignaz Semmelweis).

Supériorité illusoire/effet Dunning-Kruger

L’effet Dunning-Kruger est un biais de jugement qui correspond à la tendance qu'ont les personnes les moins compétentes dans un domaine à surestimer leurs compétences et inversement, pour les plus compétentes à sous-estimer leurs compétences.


Cet effet a été découvert par David Dunning et Justin Kruger qui se sont posé une question : "Se pourrait-il qu’un incompétent ne soit pas conscient de sa propre incompétence, précisément parce qu’il est incompétent ?".


Il est fréquent que les vrais experts ne soient pas catégoriques dans leurs affirmations puisqu’ils sont conscients de l’amplitude de la connaissance ainsi que de la difficulté qu’il y a à affirmer quelque chose avec une totale certitude.

Biais de disponibilité / Oubli de la fréquence de base

Le biais (ou heuristique) de disponibilité désigne la tendance à privilégier et surestimer les informations immédiatement disponibles en mémoire sans chercher à les approfondir pour avoir une vision plus globale, plus rationnelle, plus objective. Ce biais est souvent lié aux événements qui ont une forte charge émotionnelle.


L'oubli de la fréquence de base, comme le biais de disponibilité, est lié aux lois statistiques, qui se manifeste par le fait d’oublier de considérer la fréquence de base d'un événement (sa probabilité générale) lorsqu'on s’exprime sur sa probabilité. Le plus souvent, cela conduit à surestimer cette probabilité.

Ces biais interviennent surtout lorsque nous entendons une information répétée de nombreuses fois (télévision, radio, machine à café...). Cette information devient la plus disponible à notre mémoire et c’est celle que nous allons admettre comme répandue ou vraie même si elle est peu probable, illogique ou infondée.

Effet de faux consensus

L'effet de faux consensus est la tendance à surestimer le nombre de personnes qui partagent nos opinions, nos goûts, nos préférences, etc. Les personnes qui subissent cet effet pensent que leurs opinions ou leurs activités sont beaucoup plus communes qu'elles ne le sont en réalité.

L'effet Barnum/effet de validation personnelle

L'effet Barnum est un biais cognitif, qui nous conduit à considérer une description générale et floue comme s'appliquant précisément à notre propre situation. Les études de D.H. Dickson et L.W. Kelly ont montré que cet effet était augmenté notamment si la personne est persuadée que l'analyse s'applique à elle seule et/ou reconnait dans l'évaluateur une autorité. Ces recherches ont également révélé que l'effet Barnum touche particulièrement les personnes qui ont un grand besoin d'être approuvées ou d'avoir le consentement d'autrui.

Effet de halo/effet de notoriété/effet de contamination

L’effet de halo, de notoriété ou de contamination est un biais cognitif qui concerne la perception qu’on a d’une personne ou de quelque chose. Ce biais conduit à une interprétation et une perception sélective allant dans le sens d'une première impression.


Il a été mis en évidence par Edward Thorndike et démontré par Solomon Asch et dit qu’une caractéristique jugée "positive" a tendance à rendre plus positives les autres caractéristiques de cette personne, même sans les connaître (et inversement pour une caractéristique négative). Ce biais cognitif consiste par exemple à considérer qu’une personne très compétente dans un domaine (ou qui en a l’air), l’est forcément dans d’autres. Parfois, même si ces domaines n’ont rien en commun.

Effet de vérité illusoire/Effet de simple exposition

L’effet de vérité illusoire nous pousse à avoir confiance en une information lorsqu’elle nous à été présentée antérieurement, ou parce qu'elle parait plus familière. Nous aurons tendance à qualifier ce qui nous est le plus familière comme étant vrai, et dans les cas extrêmes, à rejeter les autres idées.


La célèbre Allégorie de la caverne de Platon en est une bonne représentation. L’effet de simple exposition se caractérise par une augmentation de la probabilité d'avoir un sentiment positif envers quelqu'un ou quelque chose, par la simple exposition répétée à cette personne ou cet objet. En d'autres termes, plus nous sommes exposés à un stimulus (personne, produit de consommation, lieu...) plus il est probable que nous l'aimions.

Biais de confirmation/biais de congruence

Le biais de confirmation consiste à privilégier les informations confirmant ses préjugés, ses idées, ses hypothèses, sans considération pour la véracité de ces informations mais aussi à accorder moins de poids aux hypothèses jouant en défaveur de ses conceptions.

En conséquence, les personnes sujettes à ce biais mémorisent l’information de manière sélective et les interprètent de manière biaisée. Le terme "biais de confirmation" a été inventé par le psychologue Peter Wason qui a mené des tests pour prouver que la plupart des gens n’essaient pas de tester ou de vérifier leurs hypothèses de manière critique, mais essayent plutôt de les confirmer. Un lien peut être fait, entre autres, avec le conditionnement opérant (un biais d’apprentissage) qui vise à nous faire intégrer une information erronée, comme la Superstition du pigeon ou l’Impuissance apprise.